SingapourL’ex-vice-premier ministre élu président de la ville-État
L’économiste Tharman Shanmugaratnam est arrivé en tête du scrutin présidentiel vendredi, selon les résultats officiels.
L’ex-vice Premier ministre de Singapour Tharman Shanmugaratnam a été élu président vendredi, selon les résultats officiels à l’issue du premier scrutin organisé depuis plus de dix ans pour ce poste essentiellement honorifique dans la ville-État.
Le département des élections a annoncé que l’économiste de 66 ans avait remporté l’élection face à ses deux rivaux, avec 70,4% des suffrages exprimés. «Les Singapouriens ont choisi M. Tharman Shanmugaratnam comme prochain président avec une majorité nette», a déclaré le Premier ministre Lee Hsien Loong dans un communiqué. Le nouveau président va succéder pour un mandat de six ans à Halimah Yacob, élue sans adversaire en 2017.
«Je pense qu’il s’agit d’un vote de confiance à l’égard de Singapour. C’est un vote d’optimisme pour un avenir dans lequel nous pourrons progresser ensemble», a déclaré Tharman Shanmugaratnam dans un discours avant l’annonce des résultats.
«Le résultat est clair»
Son principal rival, Ng Kok Song, 75 ans, auparavant directeur des investissements chez GIC (l’un des plus grands fonds souverains au monde qui gère les réserves de change de Singapour), a concédé sa défaite, avec 15,7% des voix. «Le résultat est clair», Tharman Shanmugaratnam «a bien reçu mandat de la part du peuple de Singapour», a-t-il déclaré.
L’autre candidat, l’homme d’affaires Tan Kin Lian, 75 ans, a recueilli 13,88% des suffrages. Ancien directeur général du géant local de l’assurance NTUC Income, il s’était déjà présenté sans succès à la présidentielle de 2011.
Les États-Unis ont salué l’élection de Tharman Shanmugaratnam en vantant, dans un message de félicitations, «le respect mutuel, les valeurs partagées et les intérêts communs» avec Singapour.
Bien que la fonction de président soit en grande partie cérémonielle, son détenteur supervise les réserves financières de la ville-État, peut mettre son veto à certaines mesures et approuve les enquêtes anticorruption.
Le gouvernement de cette riche cité-Etat est dirigé par le Parti d’action populaire (PAP), sans interruption depuis 1959. Le chef de l’État, lui, ne doit appartenir à aucun parti politique. Tharman Shanmugaratnam, ancien ministre des Finances, a longtemps été un pilier du PAP, avant de démissionner pour se présenter au scrutin présidentiel. Son indépendance a été remise en question au cours de la campagne électorale.
Scandales politiques
Le PAP a souffert d’une série de scandales politiques à l’approche du scrutin. Et en 2020 il avait connu ses plus mauvais résultats électoraux, face à une opposition en progrès, mais en conservant néanmoins les deux tiers des sièges au Parlement. Ce scrutin présidentiel avait donc aussi valeur de test sur le soutien de la population singapourienne au pouvoir en place, avant les élections générales prévues en 2025. «Ce que nous voulons c’est un Singapour prospère», a déclaré à l’AFP un travailleur indépendant âgé de 70 ans, Patrick Low, après avoir voté.
«L’élection présidentielle est de plus en plus traitée comme une élection générale», a souligné à l’AFP l’analyste politique Mustafa Izzuddin, du cabinet de conseil Solaris Strategies Singapore. Alors qu’une hausse des votes pour l’opposition était attendue par les experts, le scrutin n’a donc pas été en ce sens, a-t-il ajouté.
À Singapour, le vote est obligatoire pour les quelque 2,7 millions d’électeurs inscrits.