États-UnisMine fermée, bras croisés: les longues minutes de Trump au tribunal
Donald Trump a comparu mardi devant un juge mais cette fois dans une affaire qui pourrait sérieusement le menacer, une scène encore inimaginable il y a peu pour un ex-président.
L’air renfrogné, les épaules légèrement voûtées, il a à peine ouvert la bouche pendant l’audience. Croisant et décroisant les bras, le milliardaire en costume sombre et cravate rouge a écouté en silence le juge et le procureur, se contentant à un moment de chuchoter quelques mots à l’oreille son avocat Todd Blanche.
Loin du Bureau ovale qu’il a occupé pendant quatre ans, loin des dorures de ses multiples résidences, il a plaidé par la voix de son représentant non coupable de 37 chefs d’inculpation dans l’affaire des documents confidentiels.
C’est l’un des nombreux dossiers qui l’enserrent et jettent une ombre sur sa candidature à la présidentielle de 2024. Il est accusé d’avoir mis la sécurité des États-Unis en péril en conservant notamment des plans militaires ou des informations sur des armes nucléaires à son domicile, en Floride.
Dans la salle, le juge Jonathan Goodman s’enquiert: le parquet souhaite-t-il que l’ancien président remette son passeport aux autorités? «Non, votre Honneur», répond le procureur David Harbach. Doit-il être empêché de quitter le pays? «Non, votre Honneur», dit encore ce dernier.
C’est le magistrat lui-même qui souhaite imposer «une condition spéciale». Il veut, explique Jonathan Goodman, que l’accusé Trump n’ait «aucun contact avec les témoins et les victimes, sauf par le biais des avocats». Il ne doit pas non plus parler de l’affaire en cours avec son coaccusé, Waltine Nauta, l’un de ses proches, présent dans la salle mardi aux côtés de l’ancien président.
«USA, USA»
Todd Blanche, l’un des conseils de Donald Trump, se lève pour négocier d’un ton respectueux, par moments presque suppliant. Cette exigence «n’est pas appropriée», argue-t-il, parce que parmi les témoins figurent des personnes que M. Trump fréquente au quotidien. «L’un des témoins-clés est l’un des avocats du président», soutient-il. «Avec tout mon respect, ça ne marche pas».
Flanqué de Todd Blanche et de son autre avocat, Christopher Kise, Donald Trump suit les débats sourcils froncés. Conciliant, le procureur propose alors que ses services établissent une liste, «non exhaustive» tient-il à préciser, des témoins, «pour tenir compte de ces inquiétudes».
Mais Todd Blanche revient à la charge, jugeant la règle trop restrictive. Sans réellement convaincre le juge, qui décide finalement que le parquet établira cette liste et qu’elle énumérera les personnes avec qui Donald Trump ne pourra pas avoir de contact «sur les faits de l’affaire, sauf par le biais des avocats». Et si la défense juge que le document est «excessif (…), illogique ou problématique», «vous pouvez déposer un recours auprès de moi», rassure le magistrat.
On apporte les documents à signer à Donald Trump, qui y jette un œil avant que son avocat ne les passe en revue. Puis il les paraphe.
Une fois examiné le cas de Waltine Nauta, le juge conclut, un peu moins d’une heure après le début de ce moment qui s’est ouvert par une surréaliste proclamation: «les États-Unis contre Donald J. Trump», l’intitulé officiel de ce dossier judiciaire. «Mon implication dans cette affaire s’achève… à cet instant précis», lance le magistrat avec une pointe d’humour, comme soulagé de ne pas aller plus loin dans ce dossier historique et potentiellement explosif.
Les journalistes se ruent dehors pour faire parvenir les dernières informations à leurs rédactions, aucune caméra n’ayant été autorisée à l’intérieur. Ils sont accueillis par quelques centaines de trumpistes ayant bravé la chaleur torride pour défendre «leur président», aux cris de «USA, USA».