États-UnisUn précieux échantillon d’astéroïde pourrait atterrir dimanche
La mission Osiris-Rex pourrait livrer un trésor en entrant dans l’atmosphère à une vitesse de 44’000 km/heure. En 2020, elle avait permis de prélever 250 grammes de l’astéroïde Bennu.
C’est la première fois que la NASA rapporte un échantillon d’astéroïde sur Terre, et c’est a priori le plus gros jamais collecté: sept ans après son décollage, la mission Osiris-Rex doit livrer, dimanche, sa précieuse cargaison dans un désert de l’Utah, aux États-Unis. Grâce à l’analyse de cette matière récoltée en 2020, sur l’astéroïde Bennu, les scientifiques espèrent mieux comprendre la formation du système solaire et comment la Terre est devenue habitable.
L’atterrissage doit donc avoir lieu dimanche, vers 9h, heure locale (17h en Suisse), sur une zone militaire normalement utilisée pour tester des missiles. Environ quatre heures plus tôt, à plus de 100’000 km de la Terre, la sonde Osiris-Rex doit relâcher la capsule contenant l’échantillon. La descente finale dans l’atmosphère terrestre durera 13 minutes: la capsule y entrera à une vitesse d’environ 44’000 km/h, et les frictions provoquées feront monter la température jusqu’à 2700 degrés.
Zone d’atterrissage de 58 km sur quatorze
La chute, observée par des capteurs de l’armée, sera freinée par deux parachutes successifs, permettant, si tout se passe bien, un atterrissage en douceur. La zone visée fait 58 km de long sur quatorze de large. Cela revient à «lancer une fléchette à travers un terrain de basket, et atteindre le centre de la cible», a comparé, fin août, Rich Burns, responsable de la mission au centre de vol spatial Goddard de la NASA.
Il pourrait être décidé de ne pas relâcher la capsule si jamais il semble, la nuit précédente, que la zone sélectionnée sera manquée. La sonde irait alors faire le tour du Soleil, avant de retenter sa chance en 2025.
«Les missions de retour d’échantillons sont difficiles. Beaucoup de choses peuvent mal tourner», a prévenu Sandra Freund, de l’entreprise partenaire Lockheed Martin. L’éventualité d’un «atterrissage brutal», par exemple si le parachute ne se déploie pas, a été préparée. Une répétition générale a eu lieu fin août, avec une réplique de capsule larguée depuis un hélicoptère.
Capsule ouverte dans une salle hermétique
Une fois la capsule au sol, une équipe ira s’assurer de son état avant de la placer dans un filet, qui sera soulevé par un hélicoptère et emporté jusqu’à une «salle blanche» temporaire. Le lendemain, l’échantillon sera envoyé à bord d’un avion vers le centre spatial Johnson, à Houston, au Texas.
C’est là qu’il sera ouvert, à l’intérieur d’une autre salle hermétique. La priorité est de ne pas contaminer l’échantillon avec de la matière terrestre, afin de ne pas fausser les analyses. Le processus prendra des jours. La NASA prévoit une conférence de presse le 11 octobre pour dévoiler de premiers résultats. Une partie de l’échantillon sera conservée pour être étudiée par des générations futures.
Les Japonais l’avaient déjà réussi
Cette mission est une première pour les États-Unis, mais le Japon en a déjà mené deux similaires: en 2010, la sonde Hayabusa avait rapporté des grains microscopiques de l’astéroïde Itokawa. Et Hayabusa-2 a rapporté, en 2020, 5,4 grammes de l’astéroïde Ryugu.
Le bras de la sonde avait récupéré 250 grammes de matière
Osiris-Rex avait décollé en 2016, et en 2020, l’astéroïde Bennu avait surpris les scientifiques lors de la collecte de l’échantillon: durant le contact de quelques secondes avec la surface, le bras de la sonde s’était enfoncé dans le sol, révélant une densité bien moindre que prévu. Mais grâce à cela, la NASA s’attend à récupérer 250 grammes de matière – soit bien plus que l’objectif initial de 60 grammes. Il s’agit «de la masse la plus importante collectée au-delà de l’orbite de la Lune», a souligné Melissa Morris, responsable du programme.
«Représentatif des graines de la vie»
Les astéroïdes intéressent car ils sont composés des matériaux originels du système solaire, il y a 4,5 milliards d’années. Tandis que sur Terre ceux-ci ont été transformés, les astéroïdes sont restés intacts. Bennu est riche en carbone, et l’échantillon collecté est «peut-être représentatif des graines de la vie que ces astéroïdes ont délivrées au commencement de notre planète», a déclaré Dante Lauretta, responsable scientifique de la mission à l’Université d’Arizona.
Bennu s’approche de la Terre tous les six ans. Il existe un faible risque (une chance sur 2700) qu’il entre en collision avec la Terre en 2182, ce qui aurait un impact catastrophique. Mieux comprendre sa composition pourrait donc se révéler utile. La NASA a réussi, l’année dernière, à dévier la trajectoire d’un astéroïde en le percutant.