Football – Frédéric Veseli raconte l’angoisse des derniers mois à la Salernitana

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FootballFrédéric Veseli raconte l’angoisse des derniers mois à la Salernitana

Menacé d’exclusion en Serie A, le promu a trouvé un repreneur in extremis le 31 décembre. Le défenseur vaudois de l’équipe narre comment il a vécu cette période d’incertitude.

Brice Cheneval
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Brice Cheneval
Frédéric Veseli et ses partenaires de l’US Salernitana ont traversé les derniers mois dans une incertitude de plus en plus pesante.

Frédéric Veseli et ses partenaires de l’US Salernitana ont traversé les derniers mois dans une incertitude de plus en plus pesante.

Instagram @fredericveseli5

Bien malgré lui, Frédéric Veseli commence à devenir un habitué des imbroglios juridiques. Au printemps 2020, le défenseur né à Renens n’avait pu qu’accepter la relégation du Mans en 3e division française, entérinée administrativement suite à l’arrêt prématuré de la saison. Près de deux ans plus tard, il a de nouveau failli assister, impuissant, à la chute de son club – cette fois la Salernitana – pour des raisons étrangères au sportif.

À quelques heures près, la saison de Serie A se serait terminée à 19 équipes. Néo-promu, l’US Salernitana se trouvait menacée d’exclusion à cause de l’identité de son propriétaire: Claudio Lotito, déjà actionnaire majoritaire de la Lazio Rome. Or, deux clubs évoluant dans la même division ne peuvent être détenus par les mêmes mains. Raison pour laquelle la Salernitana avait jusqu’au 31 décembre minuit pour trouver un repreneur, sous peine de repartir à un niveau amateur et perdre l’intégralité de son effectif. Et après des mois d’incertitude, les Granata ont trouvé sur le gong leur homme providentiel. Un certain Danilo Iervolino, entrepreneur napolitain de 43 ans. La fin d’un long feuilleton, dont les premiers remous se sont fait sentir l’été dernier.

Une fois passée l’euphorie de la promotion, la Salernitana doit rapidement faire face à l’impératif fixé par la Fédération italienne. Dans un premier temps, le changement programmé d’acquéreur réjouit une large partie des supporters, en conflit avec Claudio Lotito, accusé d’étouffer l’identité de la Salernitana en pratiquant la multipropriété. Les premières ondes sont donc positives, d’autant que les dirigeants se veulent optimistes sur la rapidité de la vente. «J’avais pas mal de doutes concernant l’avenir du club, relate Frédéric Veseli, enfin autorisé à s’exprimer. Est-ce qu’il allait retourner en Serie B? Déposer le bilan? Est-ce qu’on aurait toujours des contrats valables? Je me suis posé des questions mais on nous a rassurés à plusieurs reprises. Du coup, je n’étais pas tenté de partir. Qui plus est, j’ai reçu des offres mais les dirigeants ont refusé toute négociation. Mon cas personnel était net.»

Or, la situation s’enlise. L’inscription de Salerne en Serie A n’est validée qu’un mois et demi avant la première journée. Première alerte. «Le mercato a été très tardif et nous, les joueurs, étions dans le flou total de ce qui allait se passer», se rappelle l’international albanais passé par le Team Vaud.

Un Nouvel An tendu

Au fil des semaines, le brouillard s’épaissit. Parasités par un problème sur lequel ils n’ont aucune emprise, les Granata enchaînent les mauvais résultats et se retrouvent lanterne rouge après 23 journées. «Il est clair que l’extrasportif a impacté notre championnat, pointe Veseli. Plus on s’approchait de l’échéance, plus c’était compliqué à vivre car on ne nous donnait aucune information. On voyait que rien ne se passait donc forcément, on avait peur. Au début, dans le vestiaire, on en parlait sur le ton de la blague. Mais plus le temps avançait, moins ces blagues faisaient rire. Quand on croisait des fans, on lisait le désespoir dans leurs yeux. On ne savait rien de plus qu’eux. Ça a fait un effet boule de neige jusqu’au 31 décembre.»

«Il est clair que l’extrasportif a impacté notre championnat. Plus on s’approchait de l’échéance, plus c’était compliqué»

Frédéric Veseli, défenseur vaudois de l’US Salernitana

Le jour même, Frédéric Veseli et plusieurs de ses coéquipiers se rassemblent avec leurs familles pour célébrer le Nouvel An. L’ambiance n’est pas complètement à la fête: «On était tous scotchés devant nos écrans pour guetter la moindre nouvelle et on essayait de se rassurer. On ne se rendait pas compte de la gravité du moment. On a appris le rachat à 10 minutes de la nouvelle année. Ça nous a soulagés.»

Jeunesse et dynamisme

Le nouveau patron, Danilo Iervolino, a fait connaissance avec le groupe mi-janvier. «Il s’est présenté comme un gagnant, qui a rencontré beaucoup de challenges dans sa vie et les a tous surmontés, relaye Veseli. Il nous a expliqué comment il en est arrivé là et comment il comptait s’inspirer de son succès pour le foot. C’est un passionné de technologie, il veut que la Salernitana devienne un club phare pour ses innovations et soit copié au niveau mondial. Sur le plan sportif, il a parlé du développement des jeunes, chose qui se fait très peu ici aujourd’hui. Il veut un club jeune, dynamique et reconnecté à ses supporters.»

Derrière ce beau discours se cache une interrogation: Frédéric Veseli a-t-il une place dans ce projet? Qui dit nouvelle direction dit remise en question. Dès son arrivée, Danilo Iervolino a nommé Walter Sabatini au poste de directeur sportif. Et il n’est pas certain que l’entraîneur actuel, Stefano Colantuono, soit maintenu longtemps. Dans ce contexte, l’ancien joueur de Manchester City et Manchester United devra refaire ses preuves. Mais cette fois, au moins, il devrait avoir son destin en main.

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