VenezuelaLa police a repris une quatrième prison aux gangs
Avec l’appui de véhicules blindés, la prison de la Pica, au Venezuela, a été reprise par les forces de l’ordre vendredi. Les chefs de gangs y vivaient dans le luxe.
Les forces de l’ordre vénézuéliennes ont repris, en un peu plus d’un mois, une quatrième prison qui était sous la coupe d’un gang, a annoncé le ministre de l’Intérieur et de la Justice, Remigio Ceballos. La prison de la Pica, située dans l’État de Monagas, «a été reprise» vendredi dans la matinée, a déclaré le ministre à la chaîne publique VTV, qui a diffusé des images de véhicules blindés pénétrant dans le pénitencier et de détenus sortant en rangs, torse nu, les mains derrière la nuque.
Il y a eu «des poches de résistance», mais «nous avons réussi à ce qu’ils (les détenus réfractaires, ndlr) se rendent», a-t-il précisé. Selon VTV, 1490 détenus ont été évacués, mais il n’a pas été précisé dans quelle direction.
Un chef chanteur de reggaeton
La Pica est la quatrième prison reprise par les autorités depuis le 20 septembre et celle de Tocorón, d’où opérait le Tren de Aragua, une des plus grandes organisations criminelles d’Amérique latine. Des armes avaient été saisies et les autorités avaient dévoilé à la presse une piscine, des bars et diverses constructions à l’intérieur de la prison.
Ce fut ensuite le tour de la prison de Carabobo, connue sous le nom de Tocuyito. Prison la plus peuplée du pays, avec plus de 2000 détenus, elle était contrôlée par un gang dont le chef, qui aspirait à être un chanteur de reggaeton, s’était fait construire un studio d’enregistrement.
Puis, lundi, les forces de l’ordre ont investi le centre pénitentiaire Puente Ayala, à Barcelona. «Nous en avons fini avec les mafias des prisons», a lancé Remigio Ceballos. L’ONG Observatoire vénézuélien des prisons (OVP) estime toutefois que l’opération à La Pica «a été négociée» et exécutée directement par les «pranes», tels que sont appelés les chefs des gangs qui contrôlent les prisons.
Deux piscines, des motos, des armes
«Les prisonniers savaient déjà depuis une semaine que la prison allait être reprise, les «pranes» l’avaient annoncé par haut-parleur» à tous les détenus, souligne l’OVP. Selon l’ONG, critique à l’égard du gouvernement, les chefs de gangs détenus à la Pica vivaient dans le luxe, avec deux piscines à l’intérieur de la prison, des motos, et des armes de gros calibre.
Bien que les chefs avaient purgé leur peine, ils vivaient dans la prison, d’où ils coordonnaient des réseaux d’extorsion et de trafic de drogue à l’extérieur et à l’intérieur de l’enceinte, chaque détenu devant s’acquitter de cinq dollars par mois, selon l’OVP.