Innovation – «Il est merveilleux, le poteau de cette ligne électrique!»

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Innovation«Il est merveilleux, le poteau de cette ligne électrique!»

Remplacer le métal et le béton par du bois pour transporter l’électricité, c’est une idée qui a fait son chemin, véhiculée par Robert Nef.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Des poteaux en bois pour transporter l’électricité, en lieu et place des pylônes en métal ou en béton armé, est-ce un retour en arrière? Pas dans l’esprit de Robert Nef: cet entrepreneur de 45 ans s’attaque au marché helvétique avec un produit non pas rond comme les grumes, mais avec des poutres carrées en lamellé-collé. Un marché costaud: en Suisse, il dénombre 1 500 000 poteaux!

Robert Nef, c’est un peu Lucky Luke dans «Le fil qui chante»: un facilitateur, sauf qu’il s’agit d’électricité, pas de télégraphe, «même si ceux-ci auraient tout à fait leur place dans le domaine des télécommunications», selon Robert Nef.

Ses poteaux, le directeur général de la société «EdelWise Energy» les a voulus carrés, mais pas d’un seul tenant: inventée initialement par une entreprise allemande et préfabriquées par une entreprise finlandaise capable d’imprégner les lamelles avant de les coller, les poutres sont transportées par segments de 14 mètres au maximum pour être emboîtées dans le terrain.

800 mètres

Les premiers poteaux n’ont pas été posés dans la prairie, mais dans les Alpes tessinoises, au début de l’été 2020. La ligne visitée hier a été posée en pleine forêt, le 9 novembre dernier, sur une ligne électrique de 800 mètres qui alimente la commune de Valangin. Huit poteaux en ont remplacé 20, avec des fils mieux tendus.

Le «Groupe E» et le premier grand fournisseur d’électricité convaincu par le modèle économique et écologique présenté par la société «EdelWise Energy». «Les mâts de 20 mètres composés de trois parties sont une première mondiale. Du jamais vu jusqu’à présent, grâce au courage de «Groupe E»!» insiste Robert Nef.

Écologie d’abord: «Face au métal et au béton, le bois présente un bilan carbone avantageux», plaide Robert Nef. Cet innovateur bouscule un siècle d’immobilisme. «Les câbles et les connexions ont été améliorés, mais les poteaux, jamais!» dit-il. L’avantage économique réside essentiellement dans la durée de vie des poteaux lamellés-collés, résistants aux intempéries.

Bord des routes

La résistance des poteaux est un avantage dans la campagne, mais pas au bord des routes: «En cas d’accident, ils ne plient pas comme un poteau métallique. Pas encore…», constate Robert Nef, qui a d’autres objectifs, comme les candélabres dans les zones piétonnes et surtout, les chemins de fer. Pas les rails, bien sûr, mais les pylônes!

Quand le premier poteau a été fixé à Valangin, à quatre kilomètres de Neuchâtel, Robert Nef en a pleuré. «Il est merveilleux, le poteau de cette ligne électrique!» s’enthousiasmait-il hier. Ses larmes saluaient un premier retour sur investissement autant qu’un succès prometteur pour sa start-up.

Depuis quand Robert Nef slalome-t-il entre les poteaux, alors qu’il est issu du secteur bancaire? «En 2018, alors que je conseillais des entrepreneurs dans leur désir d’indépendance, j’ai remarqué les marges importantes réalisées dans le domaine de l’électricité», raconte ce Genevois devenu Biennois.

Enduits de goudron

Novice dans le domaine, plus habitué à la pharma bâloise, Robert Nef s’est penché sur la connexion, les habits de sécurité et les outils des intervenants, jusqu’à l’arrivée d’un client qui se demandait où trouver des poteaux pas chers, moins nuisibles que les grumes enduites de goudron et changées tous les cinq à dix ans.

C’est à ce moment-là que Robert Nef s’est mis à cogiter, avec succès: «Mes poteaux résistent 40 ans aux intempéries», soutient celui lui qui calcule la force en kilonewton. Une mesure qu’il s’agira de convertir en argent comptant…

Un détail tient à cœur de l’entrepreneur: «J’aimerais souligner l’ouverture et la chaleur que nous ont réservées le Tessin et la Suisse romande, en particulier dans l’arc jurassien». Voilà qui est dit.

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