EspaceLa Lune est morte plus tard qu’on le pensait
Les échantillons de roches ramenés par la Chine montrent que de la lave coulait encore sur notre satellite il y a 2 milliards d’années.
- par
- Michel Pralong
Le vaisseau spatial chinois a ramené sur Terre fin 2020 des échantillons de sol lunaire et les premières analyses apportent déjà des informations étonnantes. On y a découvert de la lave datant d’il y a 2 milliards d’années, alors qu’on n’avait jusqu’à présent jamais découvert de traces d’activité volcanique sur notre satellite remontant à moins de 3 milliards d’années. Cela signifie que la Lune était encore géologiquement vivante il n’y a pas si longtemps que cela.
Ces échantillons ont été récoltés dans l’Océan des Tempêtes, une région sombre située à l’ouest de la face visible de la Lune. On y trouve d’énormes lacs de lave qui s’est solidifiée en basalte, ce qui forme d’ailleurs ces taches sombres à la surface de la Lune. En étudiant ces échantillons pour savoir quand le magma s’était cristallisé, les chercheurs ont été surpris de découvrir que c’était bien plus tard qu’ils ne l’imaginaient, écrit la «MIT Technology Review».
Repenser notre vision de la Lune
«On s’attend à ce que la Lune qui est si petite soit morte probablement très rapidement après sa formation», explique Alexander Nemchin, professeur de géologie à l’Université Curtin de Perth, en Australie et coauteur de l’étude publiée dans «Science». Au début de leur vie, les petits corps rocheux se refroidissent en effet plus vite que les gros. «Ce jeune échantillon contredit ce concept, et d’une certaine manière, nous devons repenser un peu, ou peut-être beaucoup, notre vision de la Lune.»
En revanche, les scientifiques ne savent toujours pas comment de la roche est restée en fusion aussi tardivement. Des éléments radioactifs tels que le potassium, le thorium et l’uranium pourraient générer une chaleur suffisante pour liquéfier la roche s’ils existaient en quantité suffisante sous le manteau lunaire, mais aucune preuve ne montre cela.
La naissance de la Lune remonterait à 4 milliards d’années, selon la théorie de l’impact géant. Une planète nommée Théia de la dimension de Mars aurait heurté la Terre. La matière éjectée dans l’espace suite au choc se serait ensuite agglomérée sous l’effet de la gravitation et aurait formé la Lune, comme on le voit dans cette reconstitution ci-dessous. Ces nouvelles découvertes montreraient donc qu’il y avait toujours une activité volcanique sur la Lune 2 milliards d’années après cette titanesque collision.