Jura bernoisElle a photographié la démolition de «La Merveilleuse»
La photographe Marie Sprunger a assisté jour après jour à la disparition de deux bâtiments témoins de son enfance.
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Partie de son village pendant un quart de siècle, la photographe Marie Sprunger est revenue à Malleray (BE) avec un regard qui lui permet, dit-elle, de voir sa vallée d’un autre angle. Lorsque la déconstruction de deux bâtisses a été amorcée, dont celle de «La Merveilleuse», cette autochtone s’est posée à leur chevet avec son seul outil: un appareil photo.
Marie Sprunger (46 ans) a grandi à Bévilard. Comme ses concitoyens, elle passait régulièrement devant le magasin de chaussures de Madame Rötheli. La nostalgie pointe, mais quand elle prend des photos, c’est pour témoigner d’une évolution, laisser une trace photographique pour la postérité sans dire que «c’était mieux avant».
Avant de focaliser son objectif sur «La Merveilleuse» et sa voisine également démolie, Marie Sprunger a réalisé un calendrier en deux versions, l’une «paysages» et l’autre «maisons». Mais là, le long de la Grand-Rue, elle a photographié par passion et rigueur et avec insistance «une page qui se tourne».
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Marie Sprunger a photographié la démolition de «La Merveilleuse» dans une démarche de documentaliste.
lematin.ch/Vincent DonzéL’usine propriétaire des bâtiments déconstruits a laissé Marie Sprunger travailler en indépendante. Désireuse de laisser un livre de souvenirs «aux gens d’ici», la photographe salue l’entreprise DC qui lui a laissé un libre accès à son terrain et à ses archives.
«Tout le monde connaissait «La Merveilleuse» de 1929 et, surtout, la maison du magasin de chaussures», rapporte la photographe. Marie Sprunger sait après avoir consulté les archives de la presse locale d’où vient le surnom de la bâtisse: «Avec son chauffage et ses salles de bains, elle était considérée comme luxueuse», dit-elle. La place libérée servira à l’extension d’une usine et comme le dit Marie Sprunger, à «une nouvelle page à écrire».