Européens multisports: Remis en cause, Ehammer veut faire taire ses détracteurs

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Européens multisportsRemis en cause, Ehammer veut faire taire ses détracteurs

En tête du décathlon des Championnats d’Europe d’athlétisme à l’issue du premier jour de compétition, l’Appenzellois veut confirmer ce mardi et décrocher une médaille. Histoire d’asseoir sa légitimité dans cette discipline.

Chris Geiger Munich
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Chris Geiger Munich
Pour Kevin Mayer (à gauche), Simon Ehammer (au centre) ne devrait pas remporter le décathlon ce mardi.

Pour Kevin Mayer (à gauche), Simon Ehammer (au centre) ne devrait pas remporter le décathlon ce mardi.

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Il était 10h19 lundi matin à Munich lorsque le décathlon des Championnats d’Europe a basculé dès sa première épreuve. Les coureurs de la troisième série du 100 m venaient tout juste de bondir des starting-blocks quand Kevin Mayer a soudainement coupé son effort. Le Français, tout frais champion du monde de la discipline il y a trois semaines à Eugene (États-Unis), s’est «arrêté avant de me blesser vraiment plus gravement».

Pour nos voisins, après une poignée de secondes de compétition seulement, c’est tout le château de cartes qui s’écroulait avec cet abandon. Avant son entrée en lice en Bavière, le Tricolore avait tiré la sonnette d’alarme et évoqué un manque de récupération après son titre planétaire. Pourtant, certains confrères étaient plus bleus que blancs ou rouges au moment d’échanger avec l’Argenteuillais de 30 ans. Car pour eux, le seul scénario imaginé avait été un succès de Mayer. L’un des journalistes a bien dû se mouiller: «Mais du coup Kevin, maintenant, qui pourrait gagner ce décathlon?»

«Pour moi, Ehammer est un sauteur en longueur avant d’être un décathlonien.»

Kevin Mayer, double champion du monde du décathlon (2017, 2022)

Sympathique, le recordman du monde de la discipline s’est pris au jeu et a cité le nom de l’Allemand Niklas Kaul, champion du monde en 2019. «Parmi les engagés ici à Munich, c’est celui qui a réalisé le plus gros total de points à Eugene, développe le Français. J’ai l’impression qu’il en a gardé sous le pied là-bas. Par exemple, à la hauteur, il s’est arrêté alors qu’il n’avait pas fait tous ses essais. Je mettrais une petite pièce sur lui car je sens qu’il veut gagner chez lui. Quand on est à la maison, ce n’est pas pareil!»

Puis vient le moment d’évoquer Simon Ehammer. «Tout le monde parle de lui, poursuit Mayer. Mais, pour moi, c’est un sauteur en longueur avant d’être un décathlonien. Qu’on s’entende bien, il a l’âme du décathlonien, mais en termes de performances, il n’est pas encore assez fort en deuxième journée pour envisager le titre dans cette discipline.»

«J’espère prouver à tout le monde que je suis un bon décathlonien.»

Simon Ehammer, leader du décathlon des Européens à mi-parcours

S’il n’y avait aucune malveillance dans les propos du Tricolore, ces derniers ont fait écho à cette petite musique qui revient un peu trop souvent. On a d’ailleurs demandé à l’Appenzellois ce qu’il pensait de l’analyse de son collègue. «Il est vrai que j’ai de mauvaises disciplines, mais je me suis beaucoup entraîné dans ces dernières pour m’améliorer, assure-t-il. Petit à petit, je fais des progrès. En javelot, ça va de mieux de mieux. Par contre, le disque, ça reste compliqué.»

Puis d’ajouter, dans un sourire convenu: «Mais j’espère prouver à tout le monde que je suis un bon décathlonien et que, de compétition en compétition, je peux devenir un meilleur lanceur.» Cet éventuel surplus de motivation ne sera pas un luxe ce mardi, où «une grosse bagarre» l’attend. Ehammer semble néanmoins avoir toutes les cartes en main pour s’offrir une première médaille continentale. Voire mieux tant le prodige alémanique, 22 ans seulement, a impressionné lundi lors de la première journée de compétition qu’il a bouclée en tête. 

Le programme de Simon Ehammer ce mardi

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