Football: Jérémy Guillemenot, le besoin de convaincre

Des façons de mesurer un Servette qui grandit, il y en a à la pelle. Dans les rues, dans le Stade de Genève, dans les coulisses, sur le terrain. Généralement, elles sautent aux yeux, comme un maillot grenat dans les Rues Basses. Et puis, il y en a d'autres, moins évidentes, mais qui se révèlent. Dont celle-ci: il n'est pas si simple de s'imposer à Servette. Même quand on est l'un des meilleurs attaquants de Super League.

L'énoncé concerne Jérémy Guillemenot, qui profitera sans doute du match de Coupe de Suisse contre Stade Lausanne mercredi (19h30) pour prouver sa valeur. Mais il pourrait valoir pour d'autres, sachant que presque aucune recrue estivale ne s'est installée avec aisance dans le onze grenat, à l'exception peut-être du latéral droit Keigo Tsunemoto, qui bénéficiait d'un poste laissé vacant par le départ de Kevin Mbabu.

«C'est vrai, mon début de saison n'est pas facile, admet Guillemenot. Mais il est constructif et participe de mon apprentissage. En venant à Servette, je passais un cap. Ici, on vise les premières places du championnat, on joue l'Europe, on est sur le terrain tous les trois jours.» Autrement dit, en retournant dans son club formateur, le Genevois de 25 ans change de dimension. Et il est moins évident de se faire une place à Servette qu'à Saint-Gall, où il était dans un petit confort.

Aussi, de l'autre côté de la Suisse, Jérémy Guillemenot s'était imprégné d'un projet, d'une idée de jeu, d'une ligne directrice qui le guidait. «J'ai passé quatre ans et demi avec un entraîneur qui voulait jouer d'une certaine manière», relève-t-il. Référence à Peter Zeidler, à l'exigence d'intensité, de jeu dynamique, au sol.

«René Weiler, lui, me demande de travailler d'autres aspects de mon jeu. Ce sont généralement des points que je savais que je devais améliorer, comme ma dimension physique, le fait d'être capable de garder le ballon dos au jeu.» Facile? Adapté? «Oui, je suis persuadé que mon jeu correspond à celui de Weiler. Et on voit que sa patte commence à prendre.»

Pour Jérémy Guillemenot, dans cette bonne passe servettienne, l'enjeu est surtout d'exister comme une solution plus que viable au cœur de l'attaque grenat, comme il l'a montré lors de sa bonne heure de jeu à Tiraspol la semaine dernière. Et pas sur un côté, ce poste où il a souvent dû dépanner durant toute la première partie de saison et où il n'a jamais convaincu. «Il fallait travailler pour l'équipe», accepte-t-il.

Placé derrière Chris Bedia et Enzo Crivelli dans la hiérarchie des attaquants, celui qui était passé par l'académie du FC Barcelone doit aussi faire face à la concurrence de Dereck Kutesa, régulièrement placé parmi les deux attaquants. En revanche, la blessure d'Alexis Antunes pour plus d'un mois pourrait lui offrir un peu plus d'espace.

«J'espère maintenant avoir plus de temps de jeu, être décisif sur le terrain, pour le club», souhaite Guillemenot. Cela suggère aussi sûrement de marquer, enfin, lui qui n'a trouvé qu'une seule fois le chemin des filets depuis son arrivée. C'était lors du 1er tour de Coupe de Suisse contre Meyrin (8-0) le 19 août dernier.

«Ce ne me pèse pas forcément, mais c'est sûr qu'on y pense, souffle-t-il. Après, il faut essayer de faire abstraction et on sait qu'au final, ça marche à la confiance.» Pour Servette, il serait bon que cela se débloque contre SLO. Histoire de pouvoir vraiment profiter de ce renfort sur lequel les Grenat ont beaucoup investi.