EnquêteEx-Première ministre écossaise arrêtée: c’est «un choc»
Des médias britanniques ont annoncé dimanche que l’ancienne Première ministre écossaise avait été interpellée. En cause, le financement de son parti, le SNP.
L’ex-dirigeante indépendantiste écossaise Nicola Sturgeon, qui a démissionné de son poste de Première ministre en février, a été arrêtée dimanche dans le cadre d’une enquête sur le financement de son parti politique, le SNP, ont annoncé des médias britanniques. Elle a passé sept heures en garde à vue. Il s’agit d’un nouveau coup porté au parti national écossais, affaibli depuis le départ surprise de sa charismatique dirigeante, restée huit ans au pouvoir.
«Une femme de 52 ans a été arrêtée aujourd’hui, dimanche 11 juin 2023, en tant que suspecte dans le cadre de l’enquête en cours sur le financement et les finances du parti national écossais», a annoncé la police écossaise. Les médias britanniques puis sa porte-parole ont confirmé qu’il s’agissait bien de Nicola Sturgeon. Elle a été interrogée sous le régime de la garde à vue pendant environ sept heures et relâchée en attendant de nouveaux développements, a indiqué la police.
Elle nie les faits
Selon la porte-parole de Nicola Sturgeon, citée par l’agence PA, l’ancienne dirigeante s’était rendue de son plein gré à cet entretien avec la police, «au cours duquel elle devait être arrêtée et interrogée». «Nicola a toujours dit qu’elle coopérerait à l’enquête (…) et elle continue de le faire», a poursuivi cette porte-parole.
L’ex-Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a assuré dimanche n’avoir «commis aucun délit». «Me retrouver dans la situation dans laquelle j’étais aujourd’hui, bien que je sois convaincue de n’avoir commis aucun délit, est à la fois un choc et très angoissant», a-t-elle déclaré dans un communiqué à l’issue de sa garde à vue.
Plusieurs perquisitions
Des perquisitions ont été effectuées dans plusieurs propriétés, notamment au domicile de Nicola Sturgeon et de son époux Peter Murrell, où une tente de police a été érigée dans le jardin, ainsi qu’au siège du SNP à Édimbourg, selon PA.
Début avril, Peter Murrell, qui était jusqu’à la mi-mars directeur général du SNP avant de démissionner de ses fonctions, avait été arrêté dans le cadre de cette enquête, avant d’être remis en liberté le soir même sans poursuite. Quelques jours plus tard, c’est le trésorier du SNP, Colin Beattie, qui avait été interpellé. Il avait lui aussi été relâché sans que des charges ne soient retenues contre lui. Il a également démissionné de son poste de trésorier.
«Culture du secret»
Les investigations, qui ont démarré en 2021, portaient alors notamment sur l’utilisation de dons de 600’000 livres sterling (quelque 683’000 francs) collectées ces dernières années en vue d’organiser un nouveau référendum d’indépendance, projet dans l’impasse face au rejet de Londres. Les médias avaient alors aussi évoqué des questions sur un prêt qu’il aurait versé au parti.
Après l’arrestation de Nicola Sturgeon, un porte-parole du SNP a indiqué que le parti coopérait avec les enquêteurs mais a refusé de commenter «tant que l’enquête est en cours». Dans l’opposition, un membre du parti travailliste écossais, Ian Murray, a jugé que l’arrestation représentait «un développement très inquiétant». «Pendant trop longtemps, une culture du secret et de la dissimulation a pu s’installer au cœur du SNP», a-t-il jugé.
Combat indépendantiste
Après huit ans à la tête de l’Écosse et au total 15 ans à des postes à responsabilité dans l’exécutif local, Nicola Sturgeon avait annoncé mi-février sa démission à la surprise générale, expliquant manquer d’énergie. Pendant toutes ces années au pouvoir, elle a porté le combat indépendantiste avec détermination.
Le parti, affaibli par ce départ, est aussi sorti divisé de la campagne interne qui a abouti à la nomination en mars comme Premier ministre d’Humza Yousaf, 38 ans. Le dirigeant, premier de confession musulmane à la tête d’une des nations constitutives du Royaume-Uni, est considéré comme incarnant la continuité après Mme Sturgeon, avec une ligne progressiste sur les questions sociétales et une sensibilité de gauche sur l’économie.
Sur la BBC, Humza Yousaf a redit dimanche matin qu’il serait «le leader qui veillera à ce que l’Écosse devienne une nation indépendante». Mais le combat pour l’indépendance, un temps relancé par le Brexit et l’impopularité des gouvernements conservateurs successifs à Londres, semble dans l’impasse. La Cour Suprême a rejeté la volonté d’Edimbourg d’organiser un nouveau référendum sans l’accord de Londres, après le vote qui avait abouti à la victoire du «non» à 55% en 2014.