États-UnisPlafond de la dette: le Trésor annonce des «mesures extraordinaires»
Jeudi, alors que le plafond de l’endettement est atteint aux États-Unis, le pays va devoir réagir, notamment en suspendant les versements à plusieurs fonds de retraites et de prestations de santé.
Le ministère américain des Finances va devoir prendre des «mesures extraordinaires», afin de continuer à faire face à ses obligations concernant ses échéances de dette, alors que le plafond d’endettement autorisé a été atteint, a annoncé jeudi la ministre de l’Économie, Janet Yellen.
Dans un courrier adressé au «speaker» républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy, Janet Yellen a par ailleurs appelé «respectueusement le Congrès à agir rapidement pour protéger la pleine garantie des États-Unis» en augmentant le plafond d’endettement, actuellement situé légèrement au-dessus de 31’000 milliards de dollars (environ 28’400 milliards de francs).
Ces premières mesures concernent l’arrêt de versements à plusieurs fonds de retraites et de prestations de santé ou d’invalidité des agents publics, des ajustements techniques «qui ne sont pas immédiatement nécessaires au paiement des pensions». Dans le même temps, «une période de suspension d’émission de dette» a débuté et durera jusqu’au 5 juin, a ajouté Janet Yellen.
Une «carte de crédit à votre enfant»
«Imaginez que vous donnez une carte de crédit à votre enfant, qui atteint régulièrement le plafond, que vous augmentez donc et ainsi de suite. À un moment, continuez-vous ainsi ou cherchez-vous à changer son comportement?», a ainsi décrit Kevin McCarthy face à la presse.
Côté démocrate, l’élu de Pennsylvanie Brendan Boyle, membre de la Commission du budget de la Chambre, a estimé vendredi que les républicains créaient «une crise qui n’a aucune raison d’être». «Pour le bien de notre économie et des moyens de subsistance des Américains, leurs petits jeux politiques doivent cesser», a ajouté Brendan Boyle.
Très courte majorité
Ces mesures permettent à l’administration américaine de voir venir, mais ne peuvent être que temporaires et, si le Congrès ne parvenait pas à se mettre d’accord, les États-Unis pourraient se retrouver à terme en situation de défaut de paiement. La hausse ou la suspension du plafond d’endettement est un sujet qui revient de manière régulière, avec déjà 79 évolutions depuis 1960, et qui fait ponctuellement l’objet de tensions politiques entre les deux grands partis.
En 2011, l’opposition entre la nouvelle majorité républicaine au Congrès et l’administration démocrate, sous la présidence de Barack Obama, avait été telle que l’agence de notation Standard and Poor’s avait abaissé la note de la dette à long terme des États-Unis, une première qui avait secoué les marchés financiers. Rebelote en 2021: la très courte majorité démocrate au Congrès et l’opposition républicaine ont ferraillé plusieurs mois avant de parvenir à un accord.
Le directeur général de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, a estimé vendredi sur CNBC que «la solvabilité du gouvernement américain ne devrait pas être une question. C’est sacro-saint, cela ne doit jamais arriver». Si la hausse, ou la suspension, du plafond d’endettement est un sujet qui revient de manière régulière, avec déjà 79 interventions depuis 1960, il s’agit ponctuellement d’un sujet de tension politique entre les deux partis.
Levier de négociation
Cette fois, la nouvelle majorité républicaine à la Chambre des représentants espère utiliser la question du plafond de la dette comme levier de négociation, afin de forcer les démocrates à accepter une baisse des impôts et des dépenses publiques, ce qui risquerait de réduire l’impact des programmes lancés durant la première moitié du mandat du président Joe Biden. Une attitude que les démocrates dénoncent, accusant les républicains de «créer une crise qui n’existe pas», selon l’élu de Pennsylvanie Brendan Boyle, qui les appelle à cesser «leurs petits jeux politiques».
Janet Yellen avait annoncé début août, dans un courrier à l’ancienne «speaker» démocrate de la Chambre Nancy Pelosi, la mise en place de «mesures extraordinaires» pour faire face à la situation. Le Congrès avait fini par s’entendre sur un relèvement du plafond en décembre, peu après minuit le jour même où le Trésor aurait été forcé de prendre des mesures supplémentaires, à l’impact plus direct sur l’économie américaine.