FranceUne fillette battue à mort, les parents en détention, la directrice d’école suspendue
Infanticide dans l’Eure, l’enfant n’était pas venue en classe une semaine avant le drame.
Après la mort d’une fillette de trois ans, portant «de multiples hématomes d’âges différents» sur le corps, sa mère et son beau-père ont été mis en examen et incarcérés et la directrice de son école maternelle de Conches-en-Ouche (Eure) a été suspendue.
La fillette est décédée dans la nuit de samedi à dimanche après son arrivée au CHU de Rouen à 1 h 53 du matin, malgré l’intervention des secours au domicile familial à Conches-sur-Ouche.
Elle portait de multiples hématomes d’âges différents sur «le visage, les quatre membres, le thorax, le dos, le pubis», a précisé le procureur de la République d’Evreux, Rémi Coutin.
Selon lui, l’enfant «n’aurait pas été scolarisée la semaine précédent le drame».
«Ni la gendarmerie, ni la justice, ni les services de l’aide sociale à l’enfance n’avaient été informés» des «violences difficilement soutenables» subies par la petite fille, a précisé M. Coutin.
La directrice de l’école maternelle, où la fillette était scolarisée en moyenne section, a été suspendue «à titre conservatoire», a annoncé mardi le rectorat de l’académie de Normandie.
Le rectorat a précisé «diligenter une enquête administrative afin de faire la lumière sur la chaîne de signalement des faits par les services de l’Éducation nationale».
Sur le volet judiciaire, l’enquête a été confiée à la gendarmerie, pour éclaircir les responsabilités respectives de la mère et du beau-père mais aussi des tiers qui auraient pu avoir connaissance des violences sans les dénoncer.
Une amie du couple avait notamment «vu l’enfant plusieurs jours avant les faits et a souhaité faire un signalement au 119» mais «cet appel n’aurait pas abouti» faute d’opérateurs, a déclaré le procureur lors d’une conférence de presse.
«Mécanisme assez abject»
Le procureur a raconté comment «dans un mécanisme assez abject mais classique de ce type de violences, le couple, négatif à l’alcool et aux stupéfiants, a commencé par expliquer que la fillette se blessait toute seule lors de crises de colère et de chutes».
Le beau-père de 29 ans, sans profession, a par la suite reconnu s’être déjà livré par le passé à «des bousculades, des étranglements jusqu’à convulsion et plusieurs pertes de connaissance de l’enfant», toujours selon le parquet.
Ces violences ont débuté «à l’hiver 2022/23, deux ou trois mois après la mise en ménage et le décès de son propre père (le père du mis en cause, ndlr)», a décrit le procureur.
La mère, 27 ans, également sans emploi, a pour sa part admis avoir donné «des gifles» à sa fille, dont le père vit dans l’Eure et bénéficiait d’un droit de visite tous les 15 jours.
Le couple était connu de la justice: elle a été condamnée en 2020 pour une affaire de stupéfiants, son compagnon était uniquement connu pour des infractions routières.
Le rapport de l’autopsie de la petite fille, réalisée mardi matin, n’était pas encore disponible au moment de la conférence de presse.
Mis en examen pour meurtre sur mineur de 15 ans et violences, le couple, placé en détention provisoire, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
La mère est également poursuivie pour privation de soins et non dénonciation.
Le soir du crime, la maison où vivait le couple se trouvait «dans le plus grand désordre et le frère aîné, âgé de six ans, présent sur place, présentait également des traces de violences», d’après M. Coutin.
Le garçonnet a été confié aux services de l’aide sociale à l’enfance.
«On est dans un drame de l’isolement, du mal-logement, de l’addiction. Ils vivaient dans le dénuement le plus total», a déclaré Jérôme Pasco, maire de cette commune normande de 5000 habitants.
Le rectorat a indiqué avoir mis une cellule d’écoute psychologique à la disposition des élèves et des adultes de l’école.