FranceLe détenu preneur d’otage était diagnostiqué «psychopathe»
Un prisonnier de droit commun a retenu en otage deux matons durant plusieurs heures dans une prison au nord du Mans en France. Un des surveillants est blessé. La négociation a abouti.

La prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), ici en juin 2019, où ont été agressés deux surveillants mardi matin par un détenu qui les retenait en otage.
AFPUn détenu violent de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), Sofiane Rasmouk, condamné à perpétuité pour viol et tentative de meurtre, a agressé et retenu en otage pendant plusieurs heures deux surveillants, avant de se rendre en début d’après-midi.
«La prise d’otage est terminée. Le détenu s’est rendu. J’apporte mon soutien aux deux surveillants victimes et je félicite chaleureusement les personnels des Éris (équipes régionales d’intervention et de sécurité, ndlr) et du Raid qui ont permis ce dénouement rapide», a déclaré le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti sur Twitter.
L’un des surveillants, «un jeune homme surveillant stagiaire, est à l’hôpital. Il a été blessé à l’oeil. (...) Ce jeune homme est particulièrement choqué», a déclaré M. Dupond-Moretti à l’issue de sa visite. La jeune surveillante prise en otage est également «profondément choquée». Elle a «vu son collègue à genou un poinçon sous la gorge», a-t-il ajouté.
Selon le ministère de la Justice, le preneur d’otages a utilisé une fourchette aiguisée et n’a pas été blessé. Selon un personnel pénitentiaire, il s’agit d’une lame d’une quinzaine de centimètres qu’il a «lui-même usinée». Les deux victimes ont reçu une prise en charge psychologique.
La prise d’otage, qui s’est produite mardi matin à 10H15, a pris fin à 14H00. La surveillante avait été libérée «volontairement» vers midi et son collègue l’a été après intervention du Raid, le preneur d’otage ayant alors «accepté volontairement de se rendre», a indiqué le procureur de la République d’Alençon François Coudert, lors d’une conférence de presse.
Il a précisé que le détenu était arrivé le 17 septembre dans l’établissement normand.
Selon le ministère, le détenu a réussi à ouvrir plusieurs portes de cellules.
Il avait frappé son propre avocat
De sources syndicale et policière, le preneur d’otages est Sofiane Rasmouk. Cet homme athlétique, diagnostiqué «psychopathe» lors d’un procès, a été condamné dans des affaires de viols, tentative de meurtre, vols, trafic de stupéfiants, outrages ou dégradations.
En septembre 2017, une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour viol, tentative de viol et tentative de meurtre sur deux jeunes femmes en 2013 avait été confirmée alors qu’il était en semi-liberté. La cour d’assises avait fait passer la peine de sûreté de 18 à 22 ans.
Selon le procureur, il avait par ailleurs «déjà dans le passé été condamné pour des faits de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique dans un lieu de détention précédent».
Interrogé par l’AFP, Me Francis Terquem, un de ses anciens avocats, a décrit «un taureau, une bête de la nature».
«C’est quelqu’un qui est incapable de gérer la moindre frustration. Il avait essayé de me frapper pendant l’audience, il avait cassé la vitre de sécurité du box à coups de poing», a-t-il ajouté.
Une prison pourtant ultrasécurisée
Le centre pénitentiaire de haute-sécurité de Condé-sur-Sarthe, ouvert en janvier 2013, a connu plusieurs incidents graves alors qu’il est l’un des plus récents et modernes de France.
«Sur le papier, Condé est ultrasécurisée mais les moyens annoncés ne sont pas au rendez-vous», a déclaré à l’AFP Joseph Rousseau, secrétaire interrégional FO. «Nous attendons une arme incapacitante, des pistolets à impulsion électrique et la direction n’est pas du tout axée sur le sécuritaire».
Eric Dupond-Moretti s’est entretenu à ce sujet avec le personnel pénitentiaire, qui a présenté «un certain nombre de revendications». «Nous allons, avec l’administration pénitentiaire bien sûr travailler à toutes ces questions pour donner à ces femmes et à ces hommes une réponse rapide et la plus constructive possible», a-t-il déclaré.
En mars 2019, Michaël Chiolo, avait agressé deux surveillants avec un couteau en céramique. L’assaillant s’était ensuite retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l’unité de vie familiale (UVF) de l’établissement. Après des tentatives de négociations, les forces d’élite de la police avaient lancé l’assaut, blessant l’assaillant et tuant sa compagne.