FranceL’âge de la retraite sera repoussé à 64 ans, ce qui fâche les syndicats
Le gouvernement français a présenté, ce mardi, son projet de réforme des retraites. Actuellement fixé à 62 ans, l’âge de départ sera repoussé de deux ans. Syndicats et gauche grognent déjà.
Ce sera 64 ans à l’horizon 2030: la Première ministre française, Élisabeth Borne, a présenté, mardi, la réforme des retraites, confirmant un report de l’âge légal de départ, actuellement à 62 ans, qui laisse augurer une vive opposition dans la rue et au Parlement. Elle a confirmé ce qui avait largement fuité depuis plusieurs jours, après une séquence de plusieurs mois mêlant consultations, atermoiements et report surprise de l’annonce au mois de décembre.
«J’ai bien conscience que faire évoluer notre système de retraite suscite des interrogations et des craintes chez les Français. Nous voulons y répondre, convaincre» et, surtout, «garantir l’équilibre du système en 2030», a déclaré Élisabeth Borne, alors que les partis de gauche, le Rassemblement national et l’ensemble des syndicats de salariés sont opposés à un report de l’âge de départ.
Mais le report de l’âge légal à 65 ans, engagement initial d’Emmanuel Macron, n’a «jamais été une fin en soi», a-t-elle insisté, présentant la réforme retenue comme le fruit des nombreuses consultations avec les syndicats et les partis politiques, au premier rang desquels Les Républicains, dont le gouvernement espère l’approbation.
Trois mois par an
À compter du 1er septembre, l’âge légal de départ sera donc «relevé progressivement de trois mois par an, pour atteindre 64 ans en 2030. Nous serons donc à 63 ans et 3 mois à la fin du quinquennat», en 2027, a détaillé Élisabeth Borne. Il faudra donc avoir cotisé 43 ans dès 2027, au lieu de 2035, pour une retraite à taux plein.
Autre mesure phare sur laquelle le gouvernement compte pour faire accepter la réforme: le relèvement à 85% du smic (salaire minimum de croissance) net de la pension minimum pour les carrières complètes, une mesure étendue aux actuels retraités. «Près de 2 millions de petites retraites vont être augmentées», a fait valoir Élisabeth Borne. La réforme comprend également un dispositif «adapté» pour les carrières longues, «pour qu’aucune personne ayant commencé» à travailler tôt ne soit obligée de travailler plus de 44 ans».
En outre, le gouvernement veut créer un «index seniors» que les entreprises de plus de 50 salariés devront publier. Une mesure qui suscite l’hostilité du patronat. L’organisation patronale, le Medef, a certes salué «les décisions pragmatiques et responsables» prises par le gouvernement pour réformer le système de retraites, tout en restant «opposé au principe» de cet index, qui obligera les entreprises à publier la part de leurs salariés âgés.
Grève et manifs le 19 janvier
Sur le plan social, la suite ne fait guère de doute: réunis en fin d’après-midi à la Bourse du travail, à Paris, les huit principaux syndicats français ont annoncé une première journée de grève et de manifestation le 19 janvier. «Si Emmanuel Macron veut en faire sa mère des réformes, pour nous ce sera la mère des batailles», résume Frédéric Souillot, patron de Force ouvrière. «Même avec des mesures positives sur les carrières longues ou la pénibilité», «il n’y aura pas de deal avec la CFDT», a de son côté prévenu le secrétaire général du syndicat réformiste, Laurent Berger, dont l’Exécutif a un temps espéré le soutien.
Selon les derniers sondages, une large majorité de Français sont opposés au relèvement de l’âge légal.
Une «grave régression sociale» pour Mélenchon
Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a qualifié de «grave régression sociale» cette réforme des retraites. «Report de l’âge de départ. Augmentation des annuités. Suppression des régimes spéciaux avantageux. La réforme #Macron #Borne, c’est une grave régression sociale», a-t-il tweeté. Avec cette réforme, «on a supprimé toutes les conquêtes sociales de toutes les professions qui en avaient sur le régime des retraites, sauf pour les pompiers et les policiers.»
«On a maintenu une situation d’injustice pour tous ceux qui n’ont pas de carrière complète, et on devra travailler plus longtemps. Or la majorité des Français dit «Ça suffit comme ça». «Le bon régime, c’est 60 ans», a estimé le chef des Insoumis. «60 ans, c’est quelque chose qui est à notre portée, et il n’y a pas besoin de travailler plus, car nous avons divisé le temps de travail par deux en 50 ans et multiplié par 50 la richesse produite. Donc ça va, nous avons la capacité de financer le fait que les gens puissent ne pas se tuer au travail», a-t-il conclu.