ChineUn hommage national et trois minutes de silence pour Jiang Zemin
Une cérémonie était organisée pour rendre un dernier hommage à l’ancien président chinois Jiang Zemin, ce mardi depuis la place Tiananmen à Pékin.
Les sirènes ont retenti mardi en Chine en hommage à l’ex-président Jiang Zemin, décédé à l’âge de 96 ans, et trois minutes de silence ont été observées, une tentative d’union nationale après une vague de manifestations contre les restrictions sanitaires. La cérémonie commémorative, retransmise en direct à la télévision, a ensuite débuté au palais du Peuple à Pékin, par un discours du président Xi Jinping.
Alors que les autorités ont été confrontées fin novembre à un mouvement de contestation d’une ampleur inédite depuis les mobilisations pro-démocratie de Tiananmen en 1989, la figure de Jiang Zemin semble fédératrice: artisan de l’arrivée de la Chine sur la scène mondiale, il est aussi celui qui avait su rétablir le calme à Shanghai en 1989. Il a pris le pouvoir suite à cet épisode, accompagnant la transformation de la nation la plus peuplée de la planète en une puissance mondiale, qu’il a dirigée jusqu’en 2003.
Il est décédé le 30 novembre à Shanghai des suites d’une leucémie et de la défaillance de plusieurs organes, selon les médias officiels. Son corps a été incinéré lundi à Pékin, lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté le président Xi Jinping et d’autres hauts dirigeants, selon l’agence d’État Chine Nouvelle.
«Les régions et les départements doivent faire en sorte que la majorité des membres et des cadres du parti, ainsi que la population, écoutent et regardent» la cérémonie commémorative mardi, avait indiqué la télévision d’État CCTV. Toute la journée, les drapeaux sont en berne et les activités récréatives suspendues, de même que certains jeux en ligne comme le populaire League of Legends, qui a annoncé une journée de pause.
«Dirigeant exceptionnel»
Les Bourses de Shanghai et Shenzhen ont suspendu leurs cotations pendant ces trois minutes, la Bourse hongkongaise continuant ses échanges, suspendant leur affichage sur écrans pendant trois minutes.
Populaire auprès des jeunes générations de Chinois, Jiang Zemin divise pourtant la population quant à son héritage. On l’accuse de n’avoir pas réussi à résoudre les problèmes générés par le bond économique de la Chine, comme la corruption, les inégalités, l’impact sur l’environnement et les licenciements dus aux réformes des industries étatiques.
Sous son mandat, la répression des militants politiques s’est également faite plus féroce.
Les médias d’État le saluent surtout comme un grand révolutionnaire communiste. «Jiang Zemin était un dirigeant exceptionnel jouissant d’un grand prestige», écrit Chine Nouvelle dans la nécrologie qu’elle lui consacre, baptisée «La grande et glorieuse vie de Jiang Zemin». «Au cours de sa carrière révolutionnaire de plus de 70 ans, il est resté ferme et inébranlable dans les idéaux communistes, d’une loyauté absolue envers le Parti et le peuple, et résolument engagé dans la cause du Parti et du peuple», ajoute-t-elle.
«Fidèles du crapaud»
Jeudi dernier, sa dépouille a été transportée par avion à Pékin. Xi Jinping était présent lors de son arrivée, selon des images de la télévision d’État CCTV.
Brassard noir et fleur blanche épinglée à leur veste, le président chinois et d’autres hauts dirigeants se sont inclinés de manière coordonnée pendant que la dépouille de Jiang Zemin était descendue de l’avion, ses lunettes à monture épaisse bien visibles à travers son cercueil en verre.
Depuis qu’il était à la retraite, Jiang Zemin était vu avec tendresse par ses fans chinois des générations Y (nés entre le début des années 1980 et la fin des années 1990) et Z (fin des années 1990 à 2010), qui s’appelaient eux-mêmes les «fidèles du crapaud», fascinés par sa contenance rappelant le batracien et ses manies excentriques.
En l’espace d’une heure mercredi, plus d’un demi-million de personnes avaient commenté une publication de CCTV annonçant le décès sur la plateforme Weibo (l’équivalent chinois de Twitter). Nombre d’entre elles parlaient de lui en disant «grand-père Jiang».
Depuis l’annonce de sa mort, les médias d’État et les entreprises publiques ont quant à eux basculé leurs sites internet en noir et blanc, de même que beaucoup d’applications mobiles comme Alipay, Taobao et McDonald’s.