FootballÀ l’avenir, le FC Sion doit en finir avec ces pseudo-stars
Malgré son courage, le club valaisan n’a rien pu faire contre YB (0-2). Mais en l’absence de ses divas, il a montré un chemin qu’il vaudrait la peine d’explorer. À condition de le vouloir.
- par
- Nicolas Jacquier
Si le FC Sion avait témoigné du même état d’esprit durant les premiers mois de 2023 que celui affiché dimanche lors de la réception d’YB, il n’en serait pas là à galérer pour envisager de façon toujours plus hypothétique un maintien sans passer par la dangereuse case des barrages. Composé de bric et de broc, ce Sion expérimental en a pourtant bien plus montré que ses capricieuses pseudo-stars annoncées curieusement toutes indisponibles. Le public de Tourbillon n’a que faire de ces divas d’opérette dans lesquelles il ne s’identifie pas.
Parce que oui, le club valaisan a montré contre un champion apparu en mode gestion qu’il pouvait ressembler à une équipe. Mais alors qu’il reste six points en jeu et que le dénouement se rapproche, il faudra afficher plus que du courage pour espérer encore inverser le cours des choses.
Les trois enseignements
Pour sa quatrième «première» à Tourbillon, Paolo Tramezzani n’a pas signé le retour gagnant qui l’aurait quasi instantanément propulsé au rang de magicien. Au niveau de l’engagement et de l’intensité, son FC Sion a certes mieux joué que ceux de Fabio Celestini et de David Bettoni mais cela n’a pas suffi à bousculer au niveau du score un visiteur branché en mode économique. Dimanche, Sion a surtout souffert d’un déficit technique dans le dernier geste. Si l’on ne peut rien reprocher à Chouaref, irréprochable au niveau de son attitude, son manque de clairvoyance devant la cage en devient rédhibitoire.
Qui est encore prêt à se sacrifier pour son employeur? Tombée quelques heures avant le coup d’envoi, l’annonce d’une multitude de forfaits inattendus a forcément interpellé l’observateur. Entre les vrais et les peut-être «faux» blessés (ou de circonstances), Tramezzani a dû slalomer. Interrogé sur l’origine suspecte de cette cascade d’absents, Numa Lavanchy a logiquement préféré dégager en touche. «Je ne suis pas là pour juger qui est blessé et qui ne l’est pas.» Personne ne sait ce qu’il en retourne vraiment. Certains sont peut-être plus vite touchés que d’autres, allez savoir. Mario Balotelli a déjà promis sur les réseaux sociaux qu’il reviendrait «encore plus fort». Après un «diplomatique» forfait masquant plutôt une fracture avec son club, faut-il nécessairement s’en réjouir et surtout le croire?
À force, on connaît la chanson par cœur. Alors oui Sion peut une nouvelle fois s’estimer lésé par l’arbitrage. Repéré à retardement par la VAR, le penalty sifflé contre Lavanchy devait s’avérer bien généreux (il y a certes eu touchette, mais davantage due à la position du défenseur dans son duel avec Imeri). Plus grave, il y a surtout cette faute d’Amenda qui aurait dû lui valoir un deuxième carton jaune synonyme – une sanction «annulée» en raison d’un hors-jeu inexistant puisque le ballon est remis en jeu par… Lauper. A 11 contre 10, on aurait sans doute assisté à un tout autre match. Mme Staubli allait terminer son œuvre en fermant les yeux sur un flagrant penalty en faveur de Sion dans le temps additionnel. Que l’on ne s’y méprenne toutefois pas: au-delà de ces erreurs d’arbitrage à répétition, le club valaisan possédait largement cette saison les moyens de les atténuer pour vivre un exercice enfin tranquille. Mais on ne refait pas l’histoire…
Le calendrier
À 180 minutes du dénouement, Sion court toujours après Winterthour. Parviendra-t-il à le rattraper sur le fil? Le calendrier verra les Valaisans recevoir Lucerne (soit la dernière équipe qu’ils ont battue devant leur public) jeudi soir à Tourbillon avant de se déplacer à Saint-Gall le lundi de Pentecôte. Dans un Kybunpark que l’on peut imaginer en fusion, on voit mal Peter Zeidler faire quelque cadeau que cela soit à ses anciens amis du Valais. Dans le même temps, Winterthour en découdra avec un FCZ sans doute démobilisé dans le derby zurichois avant de finir son championnat à Berne. À six jours de sa finale de Coupe contre Lugano, YB laissera certes peut-être quelques cadors au repos. Mais au moment de recevoir son trophée de champion, on voit mal le club du Wankdorf, de surcroît devant 30’000 spectateurs, s’autoriser à lever le pied.
La décla’
Le double retour
Celui de Paolo Tramezzani au bord de la touche s’est accompagné de celui de Barthélémy Constantin sur le banc. Voilà bien une association que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, et pour cause, le club valaisan ayant choisi d’en faire une spécificité qu’il revendique. «C’est vrai que normalement, avait reconnu le coach durant la semaine, un directeur sportif ne s’assied pas sur le banc. Mais on n’est pas comme tout le monde. On est le FC Sion.»
Le chiffre
Comme le nombre de victoire fêtée par Sion à domicile depuis sept mois (2 nuls et 9 défaites). Moralité: voici longtemps que Tourbillon n’est plus ce qu’il a été.
La belle histoire
Elle met en scène Paul-André Dessimoz, fêtant contre YB son 2000e match en tant que supporter inconditionnel d’abord puis intendant du FC Sion. Une passion indélébile commencée en 1961, à l’âge de 10 ans. Un sacré bail qui se poursuit toujours. Si un homme devait incarner l’amour fou, à vie, pour un club, c’est lui, «Popaul». Si les joueurs partageaient la même fibre…
Une question pour l’avenir (immédiat)
Pour la venue de Lucerne, Paolo Tramezzani doit-il s’appuyer sur la formation ayant joliment chicané YB ou doit-il intégrer ses présumés cadors si ceux-ci étaient mieux disposés?