Prix de l’essenceLes automobilistes se font un peu rouler, mais on ne sait pas par qui
Les consommateurs semblent être perdants, mais il est difficile de désigner clairement un coupable, selon une enquête de Monsieur Prix.
Les prix avaient pris l’ascenseur juste après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie (image d’illustration).
20min/Anna BilaQuand le prix du baril de pétrole atteint des sommets, la sanction pour le porte-monnaie des automobilistes est quasi immédiate. Par contre, lorsque le marché se détend, les distributeurs sont moins pressés de répercuter la baisse des prix à la pompe (lire encadré). Telle est, en résumé, l’une des conclusions d’une enquête du Surveillant des prix de la Confédération publiée jeudi matin. «Un tel mécanisme de prix est critiquable, car le consommateur ne peut pas bénéficier
des baisses de prix dans la proportion souhaitée», dit-il.
Suite au déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, le prix du pétrole a décollé et entraîné une hausse fulgurante du coût de l’essence. Après avoir reçu de nombreuses plaintes, Monsieur Prix a voulu savoir si les raffineries et les stations-service en ont profité pour gonfler leurs marges.
Marché complexe
La réponse risque d’être décevante pour de nombreux automobilistes. Evoquant un marché complexe et internationalisé, où des entreprises ont des intérêts à plusieurs échelons entre la production de brut, le raffinage et la distribution, Monsieur Prix dit dans son rapport ne pas pouvoir conclure clairement que des intermédiaires se sont enrichis sur le dos des consommateurs.
Le document, citant une enquête européenne et l’étude de la situation de la raffinerie de Cressier (NE), indique toutefois que la hausse «des prix des carburants au premier semestre 2022 n’est pas totalement imputable à la hausse des prix du pétrole brut». Autrement dit, il y a bien quelqu’un quelque part qui s’en met dans les poches.
Concernant les stations-service, Monsieur Prix indique qu’il «n’a pas pu constater, en s’appuyant sur les données à disposition, d’augmentation systématique des marges». Il déplore par contre un manque d’informations obtenues auprès des entreprises pour se faire une idée claire de la situation. Ses demandes sont «restées lettre morte ou les informations demandées n’ont été fournies que de manière fragmentaire», est-il écrit.
Pas pressé de descendre
Selon Monsieur Prix, le porte-monnaie des consommateurs pourrait avoir été grevé par un phénomène appelé «prix asymétriques». En clair, cela signifie que le prix de l’essence à la pompe a suivi immédiatement la hausse du prix du pétrole. Mais lorsque ce dernier est redescendu, les prix affichés à la pompe mettent davantage de temps à redescendre. La Surveillance des prix précise qu’une bonne information pour trouver les meilleurs prix permet d’atténuer ce phénomène et salue donc le comparateur créé par le TCS.
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