TennisFiasco de la Coupe Davis, les Grands Chelems veulent jouer les sauveurs
Suite à la rupture entre l’ITF et Kosmos, personne «ne sait qui va payer cette année», dénonce Gilles Moretton, le président de la FFF. Le Comité des Grands Chelems veut s’impliquer.
- par
- Mathieu Aeschmann
Mais où va la Coupe Davis? Cinq ans après avoir vendu le format et l’âme de sa compétition aux chimères de Kosmos (3 milliards sur 25 ans), l’ITF se retrouve à gérer un présent incertain et un futur hypothétique. Alors que le premier tour bat son plein partout dans le monde, Gilles Moretton, le président de la Fédération Française de Tennis, a tiré la sonnette d’alarme dans L’Équipe de samedi.
«Pour 2023, le format reste le même a priori. Mais on continue à ne rien savoir sur les finances, sur qui a rompu en premier entre l’ITF et Kosmos, pour des raisons de soi-disant confidentialité. On a posé des questions. Est-ce que les villes-hôtes ont signé avec Kosmos ou l’ITF? Rakuten, le sponsor, a-t-il signé avec Kosmos ou l’ITF? Financièrement, qui va payer cette année? On ne sait pas…» Un tableau apocalyptique auquel il faut ajouter cette réalité accablante: tous les acteurs de l’édition 2022 – remportée par le Canada… à Malaga – n’ont toujours pas été payés.
Ces défauts de paiements sont à l’origine du divorce entre l’ITF et Kosmos (12 janvier), le groupe de l’ancien footballeur ayant ensuite saisi le TAS pour «rupture injustifiée» du contrat. Or la bataille juridique qui se profile fait planer un risque de blocage sur l’avenir immédiat de la compétition. Alors que faire? Le temps presse et rien n’indique que ceux qui ont cédé au péché d’hubris (Swiss Tennis inclus) sont prêts à se remettre en question.
Un schéma dans l’impasse
«(David) Haggerty (le président de l’ITF) continue d’être content selon son critère, qui est de dire qu’il a donné plus d’argent aux joueurs et aux fédérations, explique Gilles Moretton. Mais il a donné de l’argent qui n’existe pas, (…). On ne peut pas se satisfaire d’un schéma comme ça.» Voilà pourquoi le très puissant «Comité des Grands Chelems», réunissant Tennis Australia, la FFT, Wimbledon (et non la LTA) et l’USTA a décidé de monter aux barricades.
«Sur le thème de la Coupe Davis, on estime avoir un rôle de protection de l’héritage du tennis à jouer, insiste celui qui fut finaliste de l’épreuve en 1982. Le deal Kosmos a privilégié, sous prétexte de rendre service aux joueurs, l’argent à l’intérêt sportif. Et nous, on veut intervenir. On veut être un acteur majeur.» L’intention est exprimée, reste à évaluer la marge de manœuvre des quatre géants du calendrier.
«Le format, il va falloir en parler avec les joueurs. J’en parle avec Andrea Gaudenzi (le boss de l’ATP) depuis un an et demi.» Même si ce n’est qu’un premier pas, cette recherche de dialogue avec l’ATP ressemble à un signal encourageant. Car plus que jamais, la Coupe Davis a besoin d’unité pour retrouver sa raison d’être.