Football«C’était la bonne décision»: les confessions de Granit Xhaka
Dans un long entretien accordé à «The Athletic», le capitaine de l’équipe de Suisse s’est livré à cœur ouvert sur sa rédemption à Arsenal et son départ au Bayer Leverkusen l’été dernier.
- par
- Brice Cheneval
Le scepticisme a laissé place à l'approbation. Lorsque Granit Xhaka a quitté Arsenal pour rejoindre le Bayer Leverkusen, début juillet, nombreux ont crié à l’incompréhension. Pourquoi le milieu de terrain bâlois, devenu capitaine et homme de base de Gunners à nouveau candidats au titre en Premier League, s’en allait-il dans un club au projet a priori moins avancé? Cinq mois et demi plus tard, son choix ne suscite plus aucun débat.
Le milieu de terrain de 31 ans a non seulement conservé un statut de titulaire indiscutable, mais il s'épanouit en plus dans un cadre collectif sublimé: après 16 journées de Bundesliga, Leverkusen trône en tête, avec 4 points d’avance sur le Bayern et un bilan quasi-parfait (13 victoires, 3 nuls et aucune défaite). De quoi conforter sa décision estivale. «Je me sens vraiment apprécié», a-t-il confié au cours d’un long entretien à The Athletic.
Au moment du transfert, les rumeurs l’imputaient à la compagne de Granit Xhaka, Leonita, laquelle aurait poussé pour un retour en Allemagne. Une version contredite par le principal intéressé: «Pour être honnête, elle était contre. Pas contre le fait que nous allions à Leverkusen, mais contre le fait que nous quittions Londres. Quand on a vécu une fois à Londres, on veut y rester, surtout en famille. Nous avons beaucoup réfléchi. Mes enfants sont nés à Londres, ils s’y sont fait tant d'amis. Mais en fin de compte, la décision a été facile à prendre, pour ma femme et mes enfants aussi, parce qu’ils ont compris le projet qui se cachait derrière.»
Plus tempéré sur le terrain
Au Bayer, le capitaine de l’équipe de Suisse et détenteur du record de sélections (121 à ce jour) a embrassé le rôle de leader d’expérience, au sein d’un jeune effectif vert. À tel point qu’il démontre un comportement irréprochable. Réputé sanguin et maladoit durant ses années en Angleterre, à cause de plusieurs expulsions spectaculaires, il n’a récolté que trois cartons jaunes depuis le début de saison. «Ma mentalité est complètement différente. Je suis beaucoup plus calme, confirme-t-il. Mon jeu est beaucoup plus clair et réfléchi. [...] L’expérience vous apprend qu’il n’est pas toujours nécessaire d’opter pour le tacle risqué. [...] J’ai fait un grand pas en avant dans ma façon d'aborder les matches.»
Auprès de The Athletic, Granit Xhaka est également revenu sur sa rédemption à Arsenal. Dont le point de départ intervient en décembre 2019, avec la nomination de Mikel Arteta au poste d’entraîneur. À cette période, le No 34 des Gunners est alors sur le point de quitter le club londonien, pris en grippe par les supporters et écarté de l’équipe après s’en être pris au public de l’Emirates Stadium lors d’une rencontre contre Crystal Palace fin octobre. «Le club m'a montré peu de respect alors que j’étais le capitaine, dit-il. Il était clair qu’on voulait se débarrasser de moi le plus rapidement possible, à l’exception d'une personne: Mikel Arteta. Quand je l’ai rencontré pour la première fois, mes bagages étaient déjà faits et je m’apprêtais à prendre l'avion. En mon âme et conscience, j’avais déjà quitté le club.»
Convaincu par Mikel Arteta
Le Suisse conserve un souvenir ému de sa rencontre avec le technicien espagnol: «Je ne me voyais pas rejouer pour Arsenal. Je lui ai dit: «Je veux juste être dans un endroit où les supporters ne me huent pas.» Mais il s’est montré tellement convaincant… Pour la première fois de ma vie, j'ai pris une décision sans en parler d'abord à ma famille. Je me suis levé et j'ai dit: «D'accord, je reste.» Nous nous sommes embrassés et, à partir de ce jour, je suis retourné à l'entraînement, et c'est comme si rien ne s'était passé.»
La suite est digne d’un conte de fées. Xhaka revient en grâce, sur le terrain comme dans les cœurs, jusqu’à devenir l’un des chouchous des fans. Avec, en point d’orgue, une saison 2022-2023 - sa dernière sous le maillot des Gunners - magistrale, tant individuellement que collectivement, conclue par une 2e place en Premier League.
Le Bâlois arrive alors à un an de la fin de son contrat et ne sent pas un désir immédiat d’être prolongé. En parallèle, Leverkusen se manifeste et parvient rapidement à le séduire. «D’un côté, j’étais un peu triste (ndlr: qu’Arsenal ne veuille pas le prolonger), mais de l’autre, j’étais aussi très heureux parce que je n’aimais pas cette incertitude, témoigne-t-il à The Athletic. Le projet de Leverkusen pour moi était clair. Quitter Arsenal après sept ans n’a pas été facile d’un point de vue émotionnel, après toutes les bonnes et mauvaises choses, mais c’était totalement la bonne décision. Je suis heureux que tout se soit si bien passé.»
C’est peu dire: avec sa nouvelle formation, il peut rêver d’apporter au Bayer son premier titre de champion d’Allemagne. «Il faut garder les pieds sur terre», tempère-t-il, tout en nourrissant de l’ambition: «Si nous restons tous en forme, en bonne santé et que rien ne nous perturbe, nous pouvons rester au sommet pendant un bon moment encore.»
Ce défi, hors norme, ne l'empêche pas de garder un sentiment affectif pour Arsenal. Profitant de la trêve de fin d’année en Bundesliga, il entend se rendre à l’Emirates Stadium à l’occasion de la réception de West Ham, le 28 décembre. «Ce sera l’occasion de dire au revoir aux joueurs, au staff et aux supporters comme il se doit», annonce-t-il.