FranceL’incendie meurtrier à L’Île-Saint-Denis serait criminel
L’origine du feu qui a pris dans un immeuble et a coûté la vie à trois personnes en France pourrait être criminelle.
L’enquête sur l’incendie d’un immeuble d’habitation de L’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), qui a fait trois morts il y a plus de deux semaines, s’oriente vers une piste criminelle, a appris mardi l’AFP auprès du Parquet de Bobigny.
Une information judiciaire confiée à deux juges d’instruction a été ouverte vendredi pour «dégradation ou détérioration du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes ayant entraîné la mort», a précisé le Parquet. L’enquête contre X portera aussi sur «dégradation ou détérioration du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à 8 jours».
Elle tente de passer par le balcon
Le 19 août vers 9h30, le feu parti du 9e étage a ravagé jusqu’au 12e et dernier étage cette tour en briques apparentes, la plus haute de la cité Maurice Thorez, située au nord de cette île-commune insérée dans un méandre de la Seine. Trois personnes ont perdu la vie dans ce drame. Une femme née en 1976 et son fils né en 2009, ainsi qu’une jeune femme, porteuse de handicap mental, née en 1997.
Cette dernière est morte d’une chute en voulant passer d’un balcon à un autre situé à l’étage inférieur, aidée par des habitants, sans que les circonstances exactes (défenestration ou chute accidentelle) ne soient établies. Au moment des faits, la Préfecture de Seine-Saint-Denis avait fait état de 19 blessés qui avaient été transportés en milieu hospitalier. Quatre sapeurs-pompiers avaient été légèrement blessés, sur les plus de 200 engagés sur cet incendie, dont le dégagement de fumée était visible au loin.
«Je tombe de haut»
«Je suis très choquée par cette annonce, je tombe de haut. Pour avoir été dans l’incendie, avoir vu les gens en panique… j’ai du mal à y croire. On se connaît tous, on est grave solidaires, il n’y a pas de mésentente entre les habitants», a réagi auprès de l’AFP Cynthia Mateta, professeur des écoles de 26 ans qui logeait au 2e étage.
D’après la municipalité, en septembre 2021 un incendie non meurtrier s’était déjà déclaré dans la cage d’escalier de cette tour. Les immeubles de la cité avaient depuis été rachetés par le bailleur social Seine-Saint-Denis habitat qui s’était engagé à faire des travaux de remise aux normes. La rénovation de la tour incendiée était programmée pour 2025, d’après le maire SE Mohamed Gnabaly interrogé au lendemain du drame sur RTL.
Très tôt, les habitants ont pu bénéficier de la solidarité d’Ilodionysiens et de Franciliens. Vêtements ou nourriture ont été déposés au gymnase ouvert par la municipalité pour accueillir en journée les sinistrés. Désormais, c’est la question du relogement qui préoccupe les habitants de l’immeuble.
Logés chez des proches ou à l’hôtel
D’après le collectif d’habitants reçu pendant trois heures par Seine-Saint-Denis habitat jeudi, un relogement pérenne dans un autre immeuble a été proposé à l’ensemble des locataires des étages compris entre le 8e et le 12e, mais pas pour le reste des habitants des étages inférieurs, inquiets à l’idée de retourner vivre sur les lieux du drame.
Pour l’heure, les habitants sont logés temporairement chez des proches ou à l’hôtel, pris en charge par le bailleur jusqu’au 8 septembre. Selon Seine-Saint-Denis habitat, cela représente 40 familles environ sur les 46 logements occupés au moment du sinistre. La tour, dont les appartements ne sont pas encore remis en service et les évaluations de conformité encore en cours, est accessible brièvement aux habitants pour récupérer des affaires personnelles.