SuisseDieudonné attendu au procès pour viol de Tariq Ramadan à Genève
La défense de l’islamologue Tariq Ramadan, qui comparaît depuis lundi à Genève pour viol – ce qu’il nie- a convoqué l’humoriste controversé Dieudonné à venir témoigner mardi.
La plaignante, présente dans la salle durant tous les débats lundi, doit elle aussi s’exprimer mardi pour la première fois devant le tribunal correctionnel, où cette affaire a attiré la presse française et la foule.
Convertie à l’islam, la plaignante suisse, qui a choisi le prénom d’emprunt de «Brigitte» pour se protéger des menaces, avait une quarantaine d’années à l’époque des faits. Elle assure que l’islamologue l’a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes, le soir du 28 octobre 2008, dans une chambre d’hôtel à Genève. Elle a porté plainte en 2018.
La défense a souhaité faire témoigner Dieudonné, un proche de la plaignante, car son nom apparaît dans un courrier anonyme reçu par le tribunal. Il aurait recueilli les confidences de «Brigitte» concernant une relation consentie avec Tariq Ramadan. «Il apportera son concours à la manifestation de la vérité», a indiqué à l’AFP l’avocat de Dieudonné, Emmanuel Ludot.
«Faire venir Dieudonné comme témoin à partir d’une lettre anonyme qui est survenue 15 jours avant cette audience dans un dossier qui existe depuis 5 ans, qui est ni datée, ni signée et dont on ne sait pas qui l’a écrite, c’est un procédé tout à fait pathétique qui en dit beaucoup sur le fait que Ramadan est à court d’arguments», a indiqué à des journalistes l’avocat de la plaignante, François Zimeray.
Pendant l’audience, «Brigitte» a demandé à être séparée de Tariq Ramadan par un paravent pour ne pas avoir à le voir durant un procès qui est pour elle «une épreuve et non une thérapie», selon le mot de Me Zimeray. Elle a indiqué durant l’enquête avoir fait la connaissance de l’islamologue lors d’une séance de dédicace, quelques mois avant les faits, puis l’avoir revu lors d’une conférence en septembre. S’en était suivie une correspondance de plus en plus intime sur des réseaux sociaux.
Tariq Ramadan a affirmé lundi vouloir «se battre» contre «le mensonge et la manipulation». L’intellectuel suisse, figure charismatique et contestée de l’islam européen, risque entre deux et dix ans de prison. Le jugement est attendu le 24 mai. «Il y a de multiples contradictions entre ce qui a été dit et ce qu’il y a dans le dossier», a souligné Me Zimeray.
«Contrainte sexuelle»
Le réquisitoire du procureur doit avoir lieu en fin d’après-midi, et les plaidoiries mercredi.
Tariq Radaman assure ne pas avoir dit à la plaignante qu’il se trouvait à Genève le soir des faits et soutient que c’est elle qui lui a proposé un café et s’est invitée dans sa chambre d’hôtel. Il reconnaît l’avoir embrassée, avant de mettre fin à la relation. Selon l’acte d’accusation cependant, il s’est rendu coupable de «viol à trois reprises» durant la même nuit et de «contrainte sexuelle».
Tariq Ramadan, âgé de 60 ans aujourd’hui, est menacé d’un procès en France pour des faits similaires. Docteur de l’Université de Genève, où il a écrit une thèse sur le fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans qui était son grand-père, Tariq Ramadan a été professeur d’études islamiques contemporaines à l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni, et invité de nombreuses universités au Maroc, en Malaisie, au Japon ou au Qatar. En France, il est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché sa chute en 2017.
Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d’assises. Il appartient aux juges d’instruction chargés des investigations d’ordonner un procès ou pas. Le dossier français lui a valu plus de neuf mois de détention provisoire en 2018, dont il est ressorti en novembre de la même année, restant depuis lors sous contrôle judiciaire. Il est tenu de résider en France, mais bénéficie d’autorisations exceptionnelles de sortie du territoire français pour se rendre en Suisse.