Hockey sur glaceCommentaire: Patrick Fischer et le Livre Guinness des Records
Le Zougois a prolongé de deux ans son contrat comme sélectionneur de l’équipe de Suisse alors qu’il restait sur 11 défaites.
- par
- Emmanuel Favre
«Ce n’est pas moi qui décide, c’est le Totomat.»
Le théorème de Christian Constantin, le président de FC Sion titulaire d’une maîtrise en congédiement d’entraîneurs, n’a assurément pas trouvé d’oreille au sommet de la pyramide de Swiss Ice Hockey.
Qui a prolongé mardi de deux ans, soit jusqu’au 31 mai 2026, le contrat du sélectionneur en chef de l’équipe de Suisse, le Zougois Patrick Fischer (48 ans), en poste depuis le 3 décembre 2015.
Qui fait donc confiance à l’ancien attaquant de LNA, de NHL (il avait notamment patiné sous les ordres de Wayne Gretzky en Arizona) et de KHL pour guider les hockeyeurs à croix blanche au succès aux JO de Milan en février 2026 et au Championnat de monde de Zurich et de Fribourg trois mois plus tard.
Généralement, quand des dirigeants prennent de telles décisions (et engagent l’image du pays), ils le font de manière réfléchie avec des éléments que nous, simples observateurs, n’avons peut-être pas.
On aimerait donc bien leur laisser le bénéfice du doute.
Résultats désastreux
Mais il est cependant difficile de croire que les probants résultats et la progression du jeu (et de ses animateurs) soient des arguments convaincants.
Parce que, aux Jeux olympiques de 2018 et de 2022 (sans joueurs de NHL), la Suisse de Fischer ne s’est jamais invitée dans le carré d’as. Les deux fois, sans identité, elle a même tendu la joue gauche après avoir vu rougir la droite.
Parce que, au Championnat du monde de la nouvelle décennie (avec les joueurs de NHL), la Suisse de Fischer n’a jamais franchi l’écueil des quarts de finale. Malgré la présence de ses présumées gâchettes Nico Hischier, Timo Meier, Nino Niederreiter et Kevin Fiala (deux fois), elle n’a marqué que trois buts en trois duels éliminatoires.
En matière de bilan disons qu’on a vu plus flamboyant, d’autant que, avant chacune de ces aventures, le mot «médaille» était articulé dans les quatre langues nationales.
Patrick Fischer, qui avait mené la Suisse à l’argent au Mondial 2018 (presque une autre ère), n’a pas seulement obtenu l’assurance de souffler ses 50 bougies en tant que salarié de Swiss Ice Hockey. Il a peut-être gagné sa place dans le Livre Guinness des Records: est-il le premier entraîneur professionnel à conclure une nouvelle entente avec une équipe qu’il vient de conduire 11 fois de suite à la défaite dans des matches dits officiels?
Après les revers contre la Lettonie et l'Allemagne au Championnat du monde 2023 (3-4 puis 1-3), il a essuyé 9 autres désillusions de suite à la Karjala Cup en novembre 2023, aux Swiss Games en décembre 2023 et aux Beijer Games en février 2024.
Comme quoi le théorème de «CC»…
Il y avait Ajoie et Bellinzone
Comme quoi, aussi, la Fédé aurait peut-être dû sonder l’intérêt des entraîneurs du HC Ajoie et des Bellinzona Rockets. Ils remplissent toutes les cases: ils sont suisses et ont apprivoisé avec brio l’art de la défaite.
Il n’empêche que Patrick Fischer est un homme brillant. Il a convaincu ses nouveaux patrons (dont l’ancien handballeur Stefan Schärer) qu’il avait une bonne image auprès des sponsors, d’excellentes relations avec les joueurs étoiles et une dose d’influence non négligeable auprès de certains agents qui ont le pouvoir de convaincre leurs joueurs d’honorer leur sélection.
Ou pas.