Formule 1Qu’est-ce qu’on veut, à la fin?
La saison 2023 s’achève ce week-end, et 2024 occupe déjà toutes les conversations. Les courses «sprint» font l’objet d’intenses discussions, mais personne n’est d’accord sur la manière de les améliorer.
- par
- Luc Domenjoz
D’accord pour ne pas être d’accord
Il est au moins un point sur lequel tout le monde s’accorde: le format des courses «sprint» ne fonctionne pas.
Cette année, on a vécu six de ces week-ends spéciaux dotés d’une petite course le samedi, mais seule celle du Qatar a pu procurer une – vague – émotion parmi les puristes.
Sinon, les sprints se résumaient à déflorer le Grand Prix du lendemain, puisque ces courses, d’une longueur dépassant tout juste 100 kilomètres – soit le tiers d’un Grand Prix –, permettaient de se rendre compte exactement de ce qu’allait être la hiérarchie de la course du lendemain.
Et comme peu de points y sont attribués, les pilotes préfèrent ne pas prendre de risques pour doubler et en marquer à peine un de plus.
Changer ce format peu satisfaisant fait donc l’unanimité, mais pas la façon de le faire.
Christian Horner, le patron de Red Bull, a déclaré vendredi qu’il fallait complètement modifier le concept pour rendre ces courses plus disputées. Inverser le classement du championnat pour en faire les grilles de départ? Oui, mais encore faut-il attribuer plus de points à l’arrivée, pour que les pilotes se risquent à remonter le peloton.
D’autres – Mike Krack, chez Aston Martin – pensent qu’il faut changer le format à petite dose et attendre de voir le résultat avant de se lancer dans des changements hystériques qui seraient «opposés à l’ADN de la Formule 1». Encore faudrait-il obtenir un consensus sur ce qu’est cet ADN. Las Vegas en fait-il partie?
Vendredi matin, la commission de F1 (qui réunit la FIA, la Fédération Internationale de l’Automobile, les écuries et Liberty Media, la société détentrice des droits commerciaux de la F1) a tenu la dernière de ses quatre assemblées annuelles.
Il y a été décidé de modifier le format des courses sprint pour les rendre «plus indépendantes» des Grands Prix dès 2024. Mais à ce jour, rien n’est encore décidé, et le calendrier lui-même n’a pas été fixé, même si 2024 devrait compter six courses sprint tout comme 2023.
Un «avertissement» pour Toto Wolff et Frédéric Vasseur
A Las Vegas, au cours de la conférence de presse des patrons d’écurie, le ton était monté après l’incident de la bouche d’égout arrachée qui avait causé le changement de moteur et les dix places de pénalité subséquentes de Carlos Sainz.
Frédéric Vasseur, le patron de Ferrari, s’était un peu lâché: «Cette histoire nous coûte une fortune. On a foutu en l’air la séance de Carlos («We fucked up the session»).»
Juste après, Toto Wolff, le patron de l’écurie Mercedes, en rajouta une couche en essayant de défendre les organisateurs de Las Vegas lorsque des journalistes évoquaient un fiasco après ces essais libres. «Ce sont des propos ridicules. Comment osez-vos parler en mal d’un week-end qui établit un nouveau standard en F1? Et après, vous parlez d’échec pour une foutue bouche d’égout? Vous devriez plutôt créditer les gens qui élèvent ce sport ici.»
Jeudi, les commissaires d’Abu Dhabi ont convoqué les deux patrons pour avoir violé l’article 12.1.1 du code sportif de la FIA, qui dit que «personne ne doit causer de tort aux interêts du sport», l’utilisation d’un langage grossier étant considéré comme une infraction à cet article.
Après jugement, les commissaires se sont toutefois contentés d’infliger un avertissement aux deux patrons, considérant qu’ils n’usent pas d’ordinaire d’un tel langage et qu’ils avaient en l’occurrence des circonstances atténuantes: Frédéric Vasseur était légitimement énervé après l’incident qui avait gâché le week-end d’une de ses voitures, tandis que Toto Wolff avait été excessivement poussé dans ses retranchements par le journaliste du Daily Mail.
Hamilton chez Red Bull? Tout le monde accuse l’autre
En arrivant à Abu Dhabi, Christian Horner a lâché qu’un proche de Lewis Hamilton l’avait approché cet été pour savoir s’il y aurait de la place pour lui chez Red Bull en 2024.
Le pilote britannique a aussitôt démenti, ajoutant que c’était au contraire Christian Horner qui avait essayé de lui écrire un message WhatsApp, mais qu’il l’avait fait sur un ancien numéro du pilote que ce dernier n’utilise plus. «J’ai retrouvé ce portable chez moi, a expliqué Lewis Hamilton. Je l’ai allumé, et des centaines de message sont apparus. Il y avait un mot de Christian (Horner) qui remontait à plusieurs mois en arrière. Je lui ai écrit que je ne voyais son message que ce jour-là, et que je le priais de m’excuser de ne pas avoir répondu plus tôt. Personne de mon entourage n’a contacté Christian, contrairement à ce qu’il affirme. C’est tout.»
Pour la presse britannique, ce n’était pas tout. De nombreuses spéculations ont agité le paddock sur cette «affaire». Au point que Christian Horner ait dû en dire plus, vendredi: «Bon, c’est Anthony Hamilton, son père, qui m’a appelé. Il ne m’a pas demandé textuellement s’il y avait une place pour son fils chez nous, mais c’était un contact. Je le comprends parfaitement, Lewis n’a plus gagné depuis deux ans chez Mercedes, il n’y a pas besoin de travailler à la NASA pour deviner que son entourage peut prendre contact avec d’autres écuries – je crois qu’ils ont aussi parlé à Ferrari. C’est tout à fait normal, mais je ne sais pas comment l’équipe de Lewis est organisée. Cela dit, Anthony est un chouette gars, et je pense qu’en tant que son père, il doit être assez proche de son fils, non?»
D’une non-affaire, le paddock a fait une histoire d’état. Comme toujours.