Abattage systématiqueBerne: Albert Rösti remet le feu au dossier du loup
Abattre les deux tiers de meutes: les éleveurs applaudissent. Mais dans le canton de Vaud, on juge la mesure «simpliste».
- par
- Eric Felley
L’Office fédéral de l’environnement veut ouvrir la chasse au loup avec une régulation massive de deux tiers des meutes actuelles, qui passeraient de 31 à 12. Il prévoit d’abattre à titre préventif près de 60% des effectifs du prédateur en Suisse, soit environ 200 spécimens sur 300. C’est un changement radical de politique dans un dossier où les choses évoluaient généralement pas à pas, notamment du temps de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Un changement de régime se fait sentir avec la reprise du département par l’UDC de l’Oberland bernois, Albert Rösti.
L’ordonnance a fait réagir mercredi défavorablement les associations de défense de l’environnement. Groupe loup Suisse, Pro Natura, WWF et BirdLife redoutent un «massacre» contraire au statut légal du loup d’animal protégé. L’ordonnance réjouit par contre les milieux qui défendent le pastoralisme helvétique. Dans un communiqué diffusé jeudi, L’Association suisse pour la protection des territoires contre les grands prédateurs dit «soutenir les intentions du conseiller fédéral Rösti. (…) La situation actuelle est non seulement insupportable pour les éleveurs d’animaux de rente, mais aussi dommageable pour la biodiversité en général, avec l’abandon de pâturages d’estivage et la mise en œuvre de certaines mesures de protection des troupeaux, elle met en danger la vie de nombreuses autres espèces».
L’association demande que les cantons disposent immédiatement des ressources nécessaires pour passer à l’action dès l’entrée en vigueur de la loi sur la chasse le 1er décembre prochain.
Évolution du nombre de loups et meutes
Vaud pas d’accord
Du côté des cantons, tout le monde n’est pas d’accord. Le conseiller d’État en charge de l’environnement du Canton de Vaud, Vassilis Venizelos, s’est opposé fermement à cette ordonnance lors de sa mise en consultation: «Elle va trop loin, explique-t-il jeudi dans «Le Temps» au-delà de l’esprit de la loi sur la chasse révisée. Elle brise les fragiles compromis trouvés entre les différents acteurs: associations de défense de l’environnement, représentants de l’économie alpestre, forestiers, etc. Vouloir faire disparaître 60% des loups du territoire, en fixant mécaniquement un seuil à 12 meutes est une approche aussi excessive que simpliste. (…) Le statut du loup en tant qu’espèce protégée est remis en question, alors qu’il est – il faut le rappeler – inscrit dans la loi».
La Confédération veut répartir les loups sur cinq régions en Suisse. Aujourd’hui, le canton de Vaud compte trois meutes sur son territoire. «Si on suit à la lettre l’ordonnance, ajoute Vassilis Venizelos, le canton pourrait tout simplement supprimer une meute, et aucune autre ne serait acceptée entre Genève et Baden. Ce découpage du pays n’est pas adapté aux réalités du terrain. (…) Les tirs de régulation sont nécessaires, mais ils doivent demeurer l’ultima ratio».