Diplomatie: Berlusconi-Poutine, une bromance à l’image des rapports italo-russes

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DiplomatieBerlusconi-Poutine, une bromance à l’image des rapports italo-russes

L’ex-Premier ministre italien peine à rompre avec son vieil ami le président russe. Comme lui, nombre de politiques italiens hésitent entre condamner la guerre en Ukraine et fermer les yeux.

Silvio Berlusconi peine à rompre avec son ami Vladimir Poutine, devenu infréquentable depuis l’invasion russe en Ukraine, à l’image de l'Italie, qui a tissé avec Moscou des liens étroits au fil du temps. Ses réticences à condamner le maître du Kremlin reflètent les difficultés d’autres responsables politiques de la péninsule à tirer un trait sur cette relation spéciale. Même s’il a quitté le pouvoir il y a plus de dix ans, les faits et gestes de Berlusconi, âgé de 85 ans, et son attitude envers Poutine sont donc scrutés attentivement.

Berlusconi était un fervent admirateur du président russe lorsqu’il était au pouvoir. Les deux hommes avaient noué des relations personnelles d’amitié, passant des vacances ensemble et photographiés hilares attablés côte à côte et tous les deux affublés d’énormes chapkas. Poutine a offert à son compère un lit à baldaquin, sur lequel le milliardaire a eu des rapports sexuels avec une escort girl en 2008, a raconté la jeune femme dans un livre. En retour, Berlusconi a offert à Poutine une housse de couette à l’effigie des deux hommes d’État. «C’étaient deux autocrates qui renforçaient mutuellement leur image», explique l’historien Antonio Gibelli.

Durant les mois précédant le conflit, Berlusconi a continué à afficher sa proximité avec Vladimir Poutine, faisant part entre autres d’une conversation «longue et amicale» avec lui à l’occasion de la Saint-Sylvestre. La semaine dernière à Naples, il a estimé que «l’Europe devrait (…) essayer de persuader l’Ukraine d’accepter les requêtes de Poutine», avant de rétropédaler aussitôt et de publier un communiqué de soutien à Kiev. «Briser ses liens avec Poutine coûte cher à Berlusconi: il doit renoncer à une partie de son image, c’est comme renoncer à une partie de lui-même», analyse Antonio Gibelli.

Salvini évite soigneusement de nommer Poutine sur Twitter

Alors qu’il a posé dans le passé avec des t-shirts pro-Poutine, Matteo Salvini, dont le parti souverainiste et antimigrants fait partie de la coalition gouvernementale italienne, a de son côté plaidé contre les livraisons d’armes à l’Ukraine. Selon une enquête de l’hebdomadaire «L’Espresso» publiée cette semaine, sur les 600 messages publiés sur les réseaux sociaux par Salvini depuis le 24 février, il s’est abstenu de nommer Poutine avant de le faire finalement pour la première fois jeudi.

Parallèlement, de nombreux intervenants prorusses s’expriment dans les émissions de débats télévisés, très populaires en Italie. Une commission parlementaire a d’ailleurs ouvert une enquête pour «désinformation» contre la RAI, le très politisé groupe audiovisuel public italien, en réponse à des plaintes contre la présence fréquente d’invités russes dans les talk-shows.

Sur la sellette après avoir laissé Lavrov s’exprimer librement

Le géant des médias Mediaset, qui regroupe plusieurs chaînes appartenant à Berlusconi, est aussi sur la sellette après la diffusion d’une interview du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov où celui-ci a pu exprimer en roue libre des opinions très polémiques sans affronter aucune contradiction. Mediaset s’est défendu en affirmant que le journalisme consistait à écouter les opinions, «même les plus controversées».

«L’Italie est un pays du G7 présentant un paysage médiatique manquant incroyablement d’objectivité», résume Francesco Galietti, fondateur du cabinet de consultants Policy Sonar. «La RAI est un reflet du paysage politique, qui compte de nombreux partis prorusses. Et Mediaset… et bien, Berlusconi est un vieil ami de Poutine, donc à quoi vous attendez-vous?» note-t-il, avant de déplorer: «On se retrouve dans une situation où Russia Today (ndlr: chaîne d’infos internationales financée par le Kremlin) est considérée comme aussi fiable que la BBC.»

(AFP)

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