FootballGaël Clichy parle de Servette et c’est très cash!
L’ex-joueur d’Arsenal et City dit pourquoi sa prolongation de contrat a pris si longtemps. Pas de langue de bois avec le Français.
- par
- Daniel Visentini
Fort de son expérience et de son statut, il n’a jamais mâché ses mots, Encore moins aujourd’hui, à la veille de la reprise. Gaël Clichy, c’est cet ex-international français, qui a connu Arsenal et Manchester City et dont la prolongation de contrat avec Servette a traîné des semaines, des mois. Il dit pourquoi. Attention, ça décoiffe et certains dirigeants grenat ont sans doute eu les oreilles qui sifflaient.
Gaël, pourquoi cela a pris si longtemps, cette prolongation de contrat d’un an avec Servette?
Une prolongation de contrat, c’est toujours compliqué. Il faut que les deux parties s’y retrouvent. Personnellement, j’estimais que Servette n’allait pas dans le sens où je voulais.
C’est-à-dire?
Eh bien j’ai besoin de clarté. Il y a le projet du club, mais s’il ne va pas dans le sens de mon projet individuel, alors il y a problème. J’avais besoin d’avoir certaines réponses. Je suis là, cela veut dire que certaines choses ont été validées. Mais d’autres ne l’ont pas été comme je le souhaitais.
Le point d’achoppement, c’était votre reconversion et la place à vous donner?
Le fond doit rester entre le club et moi. Mais oui, il a été question de ma reconversion. Je suis à un stade de ma carrière où je suis dans la transmission. J’ai établi des liens avec les jeunes Grenat, la boucle n’était pas encore bouclée, c’est pour cela aussi que je suis là. Après, oui, je pense au coaching. Je voulais que Servette comprenne bien mes attentes, ma démarche. Je suis venu à Genève, j’y joue pour vraiment pas grand-chose (ndlr: financièrement parlant). J’ai des objectifs liés à mon futur, dans le coaching. Et je n’y trouvais pas mon compte dans les discussions avec le club. Encore une fois: si je suis là, c’est qu’on a validé certaines choses. Mais pas tout.
C’est votre dernière saison en tant que joueur?
Je vais dire une chose: c’est plus facile de jouer à City ou à Arsenal, qu’ici à Servette. Parce que ces clubs sont très bien structurés, organisés. Tandis qu’ici, tout est en développement. Au final, on perd moins d’énergie dans les grands clubs qu’ici, avec les conditions que tout le monde connaît. Alors aurais-je envie de jouer encore à la fin de la saison, dans ces conditions, même si je le peux? Je ne sais pas. À Servette, on parle de développement. C’est bien de le dire. Mais il faut faire les choses aussi.
Comment évaluez-vous le contingent grenat cette saison: départs de plusieurs cadres depuis l’hiver, un seul renfort jusque-là cet été, beaucoup de jeunes intégrés avec les pros?
J’ai envie de laisser le bénéfice du doute. Pour tout dire, cette situation a aussi fait partie des points discutés lors des négociations pour la prolongation de mon contrat. Parce qu’on ne peut pas viser l’Europe, par exemple, en laissant partir trois cadres en hiver ou encore un de plus cet été. Ils n’ont pas été remplacés. C’est bien d’avoir une politique de jeunes. Mais il faut les encadrer, prendre cette réalité en compte.
Avez-vous peur des conséquences de ces choix faits par le club?
Peur? Non. Mais il faut faire attention, même s’il n’y aura pas de relégation directe cette saison. Ce que je crois, c’est que balancer 10 à 12 jeunes dans un contingent pro, en leur demandant d’être performants dans ce contexte, c’est risqué, oui. Ce n’est pas moi qui parle, c’est le foot. Foden, par exemple: il a fallu quatre ans pour le construire. La première saison avec City, il jouait très peu. Puis un peu plus, enfin plus régulièrement et finalement il s’est imposé. City ou Arsenal n’intègrent vraiment que deux ou trois jeunes dans le contingent pro chaque année, alors qu’ils ont des moyens d’encadrement et des infrastructures énormes, là où Servette, avec les moyens que l’on sait, veut travailler avec douze jeunes. Je ne comprends pas, je me pose des questions. Parce que cela peut être dangereux pour les jeunes, comme pour l’équipe.
Quel genre d’entraîneur serez-vous dans le futur?
Je ne me vois pas travailler avec des jeunes. Je me vois davantage gérer des hommes, des pros, c’est ce que je ressens. Servette peut m’offrir cette possibilité. Le foot a évolué, il y a des postes à créer pour travailler, s’améliorer. Ma seule certitude, c’est que les équipes gagnantes pratiquent un foot offensif, attractif. Pour le reste, j’ai eu le privilège de connaître Wenger, formidable développeur de talents, Guardiola, sans états d’âme pour le bien du groupe, Mancini, très famille, qui responsabilisait les joueurs. J’aime à croire que l’entraîneur ultime doit être un mélange de tout ça.
Et pourriez-vous l’être peut-être à Servette?
J’ai passé mon diplôme A d’entraîneur. Je dois attendre dix mois pour passer l’UEFA pro. On verra. Je ne sais pas. Il y a un staff en place ici. Je ne suis pas légitime pour dire que je veux à terme prendre la place. Mais c’est comme un jeune joueur qui arrive dans une équipe. À Arsenal, en arrivant, je n’étais personne pour dire que j’allais prendre la place d’Ashley Cole. Mais je me suis battu. On n’en est pas là concernant Servette, mais si un jour c’est possible, pourquoi pas.
Vous avez manqué une grande partie de la préparation en raison des négociations avec Servette: êtes-vous prêt à jouer contre Saint-Gall dimanche, lors de la reprise?
Oui, je suis prêt. Le coach décidera. Je me suis entraîné individuellement, j’ai suffisamment d’expérience pour travailler ce qu’il faut.