FootballIrlande – Suisse: On a aimé et on a moins aimé
L’équipe nationale a mis fin à une série de cinq matches sans victoire, mais n’a trouvé que bien peu de réponses à ses questions. La prochaine fois qu’elle se réunira, ce sera juste avant l’Euro.
- par
- Florian Vaney Dublin
On a aimé
L’arrêt sur image romand
Il n’y pas là l’idée d’entretenir une guerre de clochers de part et d’autre du röstigraben. Qu’elle soit représentée sur le terrain par des Alémaniques, des Tessinois ou des Romands, la Suisse est la Suisse. Point. Toujours est-il que lorsque Becir Omeragic a pris la place de Fabian Schär à la 79e minute, six Romands se trouvaient en même temps sur la pelouse. En plus de Michel Aebischer, originaire de la partie alémanique du canton de Fribourg.
Sans doute faut-il se réjouir de ce que cela signifie en termes de qualité retrouvée dans la formation des jeunes «Welsches», mais aussi d’identification à des figures de premier plan pour la prochaine génération. Tout en se souvenant qu’il n’y avait dans ce déplacement à Dublin rien d’autre qu’un match amical peu représentatif des forces en présence dans l’équipe de Suisse. Pas sûr que l’Euro en Allemagne offre le même arrêt sur image.
Le cas Shaqiri
On glisse ce point dans la rubrique «On a aimé» surtout parce qu’on apprécie la complexité de la problématique. Que faire de Xherdan Shaqiri en équipe de Suisse en 2024? Il a beau vieillir et ne plus jouer dans une équipe de premier plan, le Bâlois continue d’être capable de tous les coups d’éclat avec la Suisse. Sans lui, celle-ci aurait probablement quitté son rassemblement sans avoir marqué le moindre but en 180 minutes. Sauf qu’il a joliment transformé son coup franc de la 23e mardi et que cette réussite-là permet d’adoucir un peu le bilan suisse de ces derniers jours.
Reste qu’au-delà de ce coup franc et, peut-être, d’une certaine activité dans les premières minutes, «Shaq» n’a pas vraiment existé. Le joueur de Chicago ne presse pas, il ne défend pas vraiment non plus. Avec le maillot à croix blanche sur les épaules, il a souvent bénéficié d’un traitement de faveur, d’un passe-droit sur le terrain que d’autres n’ont pas. Alors: qu’est-ce que cette Suisse qui se cherche doit-elle faire de lui?
Le comportement de Granit Xhaka
Le capitaine de l’équipe de Suisse a visiblement gagné. La Nati joue comme il le souhaite, dans un système similaire à celui qu’il connaît à Leverkusen. Murat Yakin en a rajouté une couche dans son analyse de la partie de mardi, en expliquant que tout avait été plus compliqué pour son équipe une fois Granit Xhaka sorti du terrain (à la mi-temps). Comme pour bien signifier que, à défaut d’être irrésistible dans le jeu, la Suisse est unie.
Ce qui est sûr, c’est que le comportement de Xhaka lors des deux derniers matches était très bon. Autant dans les gestes et la parole du chef de troupes qu’il est que dans ce qu’il a montré balle au pied.
La victoire
On ne va pas trop en faire là-autour. Le contexte était ce qu’il était: un match amical disputé avec un énorme tournus face à une sélection irlandaise pas au mieux. Reste qu’au moins, s’il lui vient l’idée de se retourner ces deux prochains mois, la Suisse verra une victoire derrière elle. Ce qui ne lui était plus arrivé depuis six matches et un succès contre Andorre. Cela lui procure au moins quelque chose auquel se raccrocher.
On a moins aimé
Les incertitudes avant l’Euro
Qui peut dire qu’il se sent serein pour l’équipe de Suisse en vue de l’Euro? Qui peut prétendre qu’elle saura imposer ses idées et sa supériorité présumée face la Hongrie et l’Ecosse avant de s’offrir un final de gala contre l’Allemagne? Le fait est que la sélection helvétique ne semble plus faire partie de ses équipes habitées par une identité. En phase offensive du moins, elle n’est plus maîtresse d’un projet lui permettant de s’affirmer. Dans ces conditions, il apparaît toujours davantage que la Suisse se rendra en Allemagne pour survivre plus que pour rêver.
L’incapacité à se montrer dangereux
Le seul but de l’équipe de Suisse en 180 minutes se résume à deux coups d’éclat: une percée soudaine et tranchante de Zeki Amdouni dans l’axe pour obtenir un coup franc; Xherdan Shaqiri qui le transforme. Granit Xhaka aurait pu ajouter son nom au tableau dix minutes plus, lorsque son envoi de 35 minutes a atterri sur le poteau. Voilà à peu près les seuls frissons offensifs nés des rencontres face au Danemark et à l’Irlande. La Suisse actuelle ne sait pas comment s’organiser pour atteindre le but adverse en position intéressante. Et c’est un gros, gros souci.
La difficulté à tirer des enseignements de Dublin
C’est la réalité d’un match amical disputé trois jours après une partie plus importante face au Danemark, dans une période où le football en clubs arrive à un tournant décisif de sa saison. Murat Yakin a fait tourner son groupe, pour ne pas trop tirer sur les mêmes organismes, pour concerner un maximum de monde, et c’est normal. Reste qu’une partie comme celle-ci, disputée parfois très loin des standards d’intensité d’un duel international, n’a pas franchement aidé la Suisse à y voir plus clair dans son flou actuel.