FranceAprès les ponts de Londres, Extinction Rebellion bloque les boulevards de Paris
Des membres du collectif militant se sont installés samedi matin sur certains des grands axes de la capitale française, afin d’attirer l’attention sur le changement climatique.
Quelques centaines de militants du groupe écologiste Extinction Rebellion ont investi une partie des Grands Boulevards, dans le centre de Paris, samedi matin, afin d’en faire «une grande agora» pendant le week-end de Pâques, pour dénoncer «l’inaction» des dirigeants face au réchauffement climatique.
Sit-in et barricades de foin
Sur environ 300 mètres des boulevards de Bonne-Nouvelle et Saint-Denis, des militants ont bloqué la circulation vers 09h45, installant rapidement une barricade de bottes de foin, et organisant des sit-in aux extrémités ainsi qu’au débouché des rues adjacentes.
Nombre d’entre eux s’étaient attachés à de lourds récipients remplis de ciment, pour entraver une éventuelle évacuation, a expliqué l’un d’eux à l’AFP. En première ligne face à quelques CRS, une quinzaine faisaient face, assis en position de méditation. La situation s’était détendue quelques heures plus tard, avec l’apparition de pianos, de hamacs, de toilettes rudimentaires... Des militants paraissaient au soleil, tandis que d’autres esquissaient quelques pas de danse au centre de l’espace occupé, devant la vénérable porte Saint-Denis construite en 1672. La circulation automobile n’était que très peu perturbée en ce samedi très calme.
«C’est le seul moyen»
Une grande banderole barrait la chaussée, tel un rideau de théâtre: «Ce monde se meurt, construisons le prochain». Parmi les autres slogans, «Se rebeller est notre devoir», tagué sur les passages piétons, ou «Aux arbres citoyens».
«C’est le seul moyen pour qu’on parle un peu du changement climatique», a expliqué à l’AFP Antoine – qui n’a pas voulu donner son nom de famille –, jeune militant agitant comme beaucoup un drapeau coloré. «Le GIEC (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) vient de nous dire qu’on n’a plus que trois ans pour réagir avant la catastrophe, et pas un mot dans la campagne» présidentielle, s’est-il alarmé.
La police restait relativement discrète, contrôlant les accès et vérifiant le contenu de certains sacs. Une brocante continuait sur un trottoir, une guide décrivait la porte Saint-Denis à un petit groupe de touristes, les magasins restaient ouverts, tout comme les deux stations de métro du coin. La circulation automobile n’était que très peu perturbée en ce samedi très calme.
Tables rondes, films et concerts
«On a prévu de rester trois jours», jusqu’à lundi soir, a indiqué une porte-parole à l’AFP, pour qui 1000 militants étaient sur place. Le programme transmis à la presse comprend des tables rondes, des projections de films, des concerts, et aussi du yoga, des séances de méditation et des apéritifs.
Cette action entre les deux tours de l’élection présidentielle a été décidée fin janvier, a dit la porte-parole, qui dénonce que le débat écologique ait été «invisibilisé». «Le blocage et l’occupation de l’espace public vont s’intensifier», a-t-elle prévenu, insistant sur le caractère non-violent du mouvement.
Vendredi, Extinction Rebellion avait revendiqué le blocage de quatre ponts à Londres, perturbant la circulation dans la capitale britannique, lors d’une action destinée à alerter sur l’urgence climatique.