FootballServette, un succès pour les mémoires
Un groupe de supporters qui souffle ses 35 bougies, Gaël Clichy en mode tour d’honneur et une idée de la perfection pendant 10 minutes: les Genevois ont fait de leur victoire 5-0 contre Sion un moment inoubliable.
- par
- Florian Vaney
Les trois enseignements
Ces dix minutes-là resteront. Peut-être comme un marqueur temporel de ce que le Servette d’Alain Geiger aura fait de mieux dans une période aussi courte. Peut-être comme un hommage merveilleux au 35e anniversaire de la Section Grenat fêté on ne peut plus dignement. Ou peut-être comme l’événement ayant précipité le dernier derby du Rhône avant un très long moment. Le FC Sion ne demandait qu’à être enfoncé, mais le mérite est aux Genevois de ne pas avoir attendu pour le faire et d’y avoir ajouté la manière. 3-0 après neuf minutes. Voilà une façon de dissiper les doutes quant à sa carrure pour la 2e place.
Il faudra se souvenir de la pierre blanche qu’a posée Servette samedi dans son histoire. Ce qu’il adviendra de la rivalité avec les Valaisans est une chose. Mais en ce moment, les Genevois assistent au tour d’honneur de deux hommes qui ont marqué le blason grenat. Cet Alain Geiger qui ose à peu près tout dans ses déclarations à l’approche de la fin de l’aventure («Le FC Sion le plus facile à affronter, c’est celui coaché par Christian Constantin.» – «Notre premier but, on aurait pu le mettre contre Liverpool.» – «À 5-0, je voulais qu’on pousse pour mettre le sixième.»). Et Gaël Clichy, l’homme aux 325 matches de Premier League débarqué un beau jour de décembre 2020 à Genève, qui a gratifié plus de 14’000 personnes sur place d’un lob magique du milieu du terrain. Pour laisser un bon souvenir, soigner son départ, c’est essentiel.
Le FC Sion va s’articuler différemment pour ses trois derniers matches (cinq s’il y a barrages). Comment? On devrait rapidement le savoir. Mais entre la gifle reçue dans le derby, les murs du vestiaire qui ont tremblé à la mi-temps et l’abandon de ses obligations médiatiques par David Bettoni après la rencontre, tous les ingrédients sont réunis pour que les Sédunois plaquent tout et entrent dans leur traditionnel état de transe. Celui qui doit leur permettre de sauver leur place dans l’élite. On peut même quelque part penser que le 5-0 arrange Christian Constantin, qui risque d’y voir le point de rupture idéal pour prendre le virage de l’opération commando. Quoi qu’il se passe à présent, autant s’en souvenir tout de suite: Sion a encore une fois sacrément saccagé sa saison.
Le meilleur: Miroslav Stevanovic
Les distinctions individuelles ne signifient pas grand-chose dans des moments pareils. Servette se trouvait en mode gala, de ses orteils au sommet de son crâne, et tout le monde y a joué son rôle. Mais peut-être, on dit bien peut-être, que sans les impulsions de départ de Miroslav Stevanovic, le tout aurait pu prendre une forme un brin plus délicate. Voilà pourquoi l’artiste bosnien, à l’origine des deux premiers buts (et à la conclusion du quatrième), vole la mention à ses partenaires.
Le moins bon: Dimitri Cavaré
Là encore, pointer du doigt un Valaisan davantage qu’un autre n’a que peu de valeur. Mais le cas Dimitri Cavaré dit quand même quelque chose de ce qu’était le FC Sion en début de saison (une machine cohérente, avec un défenseur guadeloupéen souvent monstrueux) et de ce qu’il est devenu (une équipe perdue, humiliée et dont Cavaré a précipité la chute en se trompant deux fois sur l’ouverture du score).
La décla’
La non décla’
Celle de David Bettoni. L’entraîneur du FC Sion, contrairement à ce que demande la Ligue, ne s’est pas présenté face à la presse après la rencontre. «Tant qu’il y a du mieux dans notre jeu, on peut être serein. Le jour où on fera un pas en retrait par contre, ce sera compliqué», disait-il peu après son arrivée, au soir d’une défaite contre Grasshopper. Pas de doute, le point de bascule est arrivé.
La statistique
22. Comme le nombre de rencontres cette saison durant lesquelles le FC Sion a été mené au score et n’est pas parvenu à s’imposer. Soit du 100%. Jamais les Valaisans n’ont inversé le fil d’un match.
Une question pour penser l’avenir
Servette marque des goals et les esprits, gagne et se rapproche d’une place pour les qualifications de la Ligue des champions. L’ère Alain Geiger peut-elle se finir sur un feu d’artifice général?