Élection présidentiellePoutine promet une Russie qui ne se laissera pas «intimider»
Vladimir Poutine a été réélu dimanche à la tête de la Russie après avoir récolté près de 90% des suffrages lors d’une élection présidentielle verrouillée.
Vladimir Poutine, réélu pour six années supplémentaires au Kremlin selon les résultats partiels d’une présidentielle sans opposition, a dressé le portrait d’une Russie «consolidée» par sa victoire et qui ne se laissera pas «intimider» par ses adversaires.
Le maître du Kremlin, au pouvoir depuis près d’un quart de siècle, a récolté plus de 87% des suffrages après dépouillement de plus de 99% des bureaux de vote, selon l’agence officielle russe Ria Novosti, citant la commission électorale. Il s’agit de son meilleur résultat, à l’issue d’un scrutin d’où l’opposition a été écartée.
S’adressant aux Russes en fin de soirée, Vladimir Poutine a remercié ceux qui sont allés voter et qui ont permis de créer les conditions d’une «consolidation politique interne», deux ans après le début de l’assaut contre l’Ukraine et de l’adoption de sanctions sans précédent par les Occidentaux.
«Peu importe qui veut nous écraser»
«Je tiens à vous remercier tous, ainsi que tous les citoyens du pays, pour votre soutien et votre confiance», a-t-il lancé devant son équipe de campagne, avant de promettre que la Russie tiendra tête à tous ses adversaires.
«Peu importe qui veut nous intimider ou à quel point, peu importe qui veut nous écraser ou à quel point, notre volonté ou notre conscience. Personne n’a jamais réussi à faire quelque chose de semblable dans l’histoire. Cela n’a pas fonctionné aujourd’hui et ne fonctionnera pas à l’avenir», a lancé le président, âgé de 71 ans.
Ce scrutin de trois jours, de vendredi à dimanche, a été marqué par des bombardements ukrainiens meurtriers et des incursions de combattants armés se disant être des Russes pro-Ukraine dans des régions russes frontalières, ainsi que par des actions de protestation dans les bureaux de vote.
Navalny évoqué
Vladimir Poutine, qui pourra se représenter après ce nouveau mandat pour se maintenir potentiellement au pouvoir jusqu’en 2036, a lui salué dans son discours les soldats combattant en Ukraine, qui «risquent leur vie» pour «protéger les territoires historiques de la Russie».
En Russie, les autorités n’ont pas laissé de place aux contradicteurs du pouvoir: les trois autres candidats sélectionnés étaient tous dans la ligne du Kremlin, qu’il s’agisse de l’Ukraine ou de la répression qui a culminé avec la mort d’Alexeï Navalny dans une prison de l’Arctique en février.
Vladimir Poutine a assuré lundi que le décès de son principal détracteur était un «événement triste» et qu’il avait été favorable à l’idée de l’échanger avec les Occidentaux. «Il n’y avait qu’une condition: que nous l’échangions pour qu’il ne revienne pas», a-t-il lancé.
Pour cette présidentielle, la veuve du détracteur n° 1 de Vladimir Poutine, Ioulia Navalnaïa, avait appelé ses partisans à se montrer en nombre en allant tous voter au même moment, à midi dimanche, contre le maître du Kremlin. Elle-même a voté après plusieurs heures d’attente dans une foule immense à l’ambassade de Russie à Berlin.
85 interpellations
Devant de nombreuses autres ambassades russes, des foules importantes sont allées voter à midi à travers le monde, des dizaines de milliers de Russes s’étant exilés depuis le début de l’assaut contre l’Ukraine à cause de la répression et de la peur d’être mobilisés dans l’armée.
L’équipe d’Alexeï Navalny a déclaré que le score obtenu par Vladimir Poutine à la présidentielle russe n’avait «pas de lien avec la réalité». Par endroits à Moscou, comme à Saint-Pétersbourg, des queues importantes se sont formées à l’heure dite. Mais devant d’autres bureaux de vote, l’affluence ne semblait pas particulièrement élevée.
Dans l’ensemble, la mobilisation de l’opposition s’est déroulée dans le calme mais l’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi de la répression, a fait état d’au moins 85 interpellations en Russie pour diverses formes d’actions de protestation électorales.
Vladimir Poutine a de son côté assuré que les actions de l’opposition n’avaient eu «aucun effet» sur le scrutin, tout en menaçant de poursuites pénales ceux qui ont gâché leur bulletin de vote.