Paléo: «Une foule ne réalise plus que jeter un objet est agresser un être humain»

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Paléo Festival«Une foule ne réalise plus que jeter un objet est agresser un être humain»

En un mois, plusieurs artistes ont été victimes de gestes dangereux de fans. La même chose peut-elle se passer au Paléo, qui commence mardi? On fait le point avec Pascal Viot, responsable Accueil et Sécurité.

Laurent Flückiger
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Laurent Flückiger
Pascal Viot, responsable du département Accueil et Sécurité du Paléo devant la Grande Scène du festival.

Pascal Viot, responsable du département Accueil et Sécurité du Paléo devant la Grande Scène du festival.

lematin.ch/François Melillo

Se produire sur scène est-il devenu un métier dangereux? Ces dernières semaines, plusieurs incidents concernant les artistes et leurs fans ont été rapportés. À New York, Bebe Rexha a pris un téléphone en pleine tête, lancé depuis le public; à Los Angeles, Ava Max s’est fait gifler par un spectateur qui a fait irruption sur scène; à Vienne, Harry Styles a été touché au visage par un projectile non identifié. Plus étrange, à Londres, Pink! a ramassé un sachet qui contenait les cendres de la mère d’une personne du public.

On peut penser qu’il y a une nouvelle pratique à la mode. Et si c’est le cas, le Paléo n’est pas à l’abri d’être, cette semaine, à son tour le théâtre d’une agression. Nous avons demandé à Pascal Viot, responsable du département Accueil et Sécurité du festival, si ses équipes s’étaient préparées différemment cette année pour prévenir tout jet intempestif.

«Les comportements déviants sont extrêmement mineurs»

«La question de l’interaction entre le public et l’artiste est vieille comme le rock’n’roll, tempère Pascal Viot. La mise en série de ces cas – qui sont par ailleurs assez différents des uns des autres – peut amener à penser qu’il y a une évolution. Mais on a toujours eu ça, des objets qui sont lancés sur scène ou parfois l’artiste qui manifeste un mécontentement par rapport au public.» On se souvient d’ailleurs d’Oasis qui avait déserté la Grande Scène de l’Asse après différents jets depuis le public, en 2000.

Le chef sécurité explique qu’après le Covid les organisateurs de manifestations redoutaient d’avoir des foules qui se défoulent, ayant été privées d’événements. C’est tout le contraire qui s’est passé en 2022. «Au Paléo, on essaie de soigner l’accueil des spectateurs. C’est leur festival, il y a un sentiment d’appartenance à une communauté. Donc les comportements déviants sont extrêmement mineurs, assure-t-il. Ici, le public est cool, mais c’est parce qu’on fait tout pour qu’il le soit.»

Les artistes de plus en plus dans des bulles de sécurité

Pour Pascal Viot, concernant les événements survenus récemment, il y a un mix de comportements. Il y a les fans qui veulent offrir un cadeau. «Quand Rosalía se prend une peluche sur le visage, ce n’est pas une agression. Notre conseil: il vaut mieux donner ces présents au service de sécurité qui transmettra à l’artiste.» Et il y a les cas, comme celui qui est arrivé à Bebe Rexha. Le lanceur de téléphone, qui a été interpellé, a raconté qu’il voulait voir s’il atteignait l’artiste et qu’il trouvait ça marrant. «Cela m’a interpellé. Évidemment c’est stupide, mais ça dit des choses sur la distance avec le public. Aujourd’hui, les artistes sont de plus en plus mis dans des bulles de sécurité, et le concert est le seul moment de face-à-face avec le public. Une foule ne se rend plus compte que jeter un objet est agresser un être humain. Paradoxalement, ces lancers risquent de crisper certains artistes et les inciter à mettre davantage de distance, c’est dommage.»

Le responsable Accueil et Sécurité explique encore qu’il y a des artistes plus doués que d’autres pour le contact avec leurs fans. Et que si ces derniers se sentent maltraités, ils estiment légitime de réagir en conséquence. Pour autant, au Paléo, si une personne qui a lancé quelque chose de dangereux sur scène est interpellée par la sécurité, elle sera remise à la police.

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