Ski freestyleL’incroyable parcours de vie de Thibault Magnin
Le Fribourgo-Espagnol de 22 ans est un vrai citoyen du monde. Sur le circuit de Coupe du monde, il doit trouver de la constance pour gagner avant, peut-être, d’aller essayer de briller sur d’autres neiges.
![Robin Carrel Silvaplana](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/25/6195f75f-7d76-4089-b966-d055c0bb7929.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1738%2C1739&fp-x=0.5540851553509781&fp-y=0.3461759631972398&crop=focalpoint&s=462b789191e88e96f64f8445f1d271a6)
![Le Bullois lors des JO de Pékin, où il avait pris les 28e et 29e places. Le Bullois lors des JO de Pékin, où il avait pris les 28e et 29e places.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/03/4b63ecd7-1320-4972-8e54-7cb56332d0e3.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=8f178f261b1784da35c18d35884eea04)
Le Bullois lors des JO de Pékin, où il avait pris les 28e et 29e places.
AFPAprès la saison de la révélation en 2021-2022, Thibault Magnin est quelque peu rentré dans le rang cette année. Et puis il y a eu cette cinquième place la semaine dernière à Tignes pour remonter le moral du Fribourgeois. Et puis dans la foulée, il y a eu la dernière place des qualifications à Silvaplana cette semaine, comme pour souligner la constance qu’il faudra trouver ces prochains mois pour régater régulièrement avec les cadors et pouvoir rêver vraiment de performer aux Jeux olympiques de 2026 en Italie.
«Ça a été une saison plus difficile au niveau des résultats, mais je suis tout de même content de ma performance en France, confirme le jeune homme de 22 ans. J’en tire une bonne leçon pour la suite. J’ai connu des hauts et des bas, mais ça me donne encore plus de motivation pour revenir fort, trouver la constance et assembler les pièces du puzzle. Et puis j’aimerais aussi aller m’essayer sur d’autres événements, en dehors de la Coupe du monde. Peut-être du freeride, dans le World Tour… Mon objectif, c’est d’être un skieur polyvalent et de me frotter à d’autres éléments que les parcs.»
Pour l’avenir, le binational a clairement pour objectif «les JO dans trois ans et essayer de gagner des Coupes du monde. Mais j’ai cette idée de me diversifier pour exploiter mon talent. J’ai pas mal de facilité à skier sur tous les terrains et je sens que sur le circuit de la Coupe du monde de freestyle, je me prive un peu de développer mes capacités dans d’autres domaines que j’adore aussi. J’aime plein de sports, j’aime le surf. Je veux continuer à progresser et être le meilleur skieur possible.» Ça, c’est pour le volet sportif.
Pour le reste, des fois, quand on veut brosser le portrait de quelqu’un en trois, quatre mille signes ou davantage, on discute avec la personne, on se renseigne, on lit des trucs et ensuite on sélectionne la substantifique moelle de tout ça. On l’agrémente de quelques déclarations, anecdotes et moments clés de la vie de la personne. Avec Thibault Magnin, il y a beaucoup plus simple à faire. Réécouter ce qu’il nous a dit et l’écrire mot après mot, tellement son histoire personnelle est peu commune.
«Depuis tout petit, j’ai eu un parcours différent des autres.»
«J’ai grandi dans le canton de Fribourg, jusqu’à environ mes douze ans. Ma mère est Espagnole et mon père est Suisse. J’ai perdu ma maman quand j’ai eu huit ans. Dans la famille, on a toujours eu une connexion avec Majorque, j’y passais tous mes étés. Il y avait un sentiment particulier avec l’Espagne, d’où vient aussi mon grand-père. J’ai grandi en Suisse romande et je suis parti aux États-Unis alors que j’avais quinze ans. Un voyage dont on rêvait en famille depuis toujours. J’ai passé deux mois au Colorado et en rentrant de ce trip, j’ai eu une proposition d’y retourner en sport-études. Ce que j’ai fait l’année suivante.
C’est en rentrant à la maison après une année passée aux USA que j’ai été approché par l’équipe d’Espagne. À un moment où je n’avais pas forcément d’aide de la fédération suisse, parce que je n’avais pas les résultats nécessaires pour l’intégrer. Les Espagnols, eux, me proposaient un entraînement super, alors que j’avais dix-sept ans. Et voilà! Les moyens qu’on a sont extraordinaires, ils me soutiennent à 1000%. Il y a moins de budget qu’en Suisse, forcément, mais la Fédération est totalement derrière nous. L’alpin est moins coté en Espagne qu’en Suisse et avec nos résultats en freestyle, on peut avoir une structure au top. C’est cool, on est comme une famille: deux riders, un physio et un coach. Une petite infrastructure, mais avec des moyens extraordinaires.
«Depuis tout petit, j’ai eu un parcours différent des autres, avec mon père et mon frère. Sur les skis, c’est exactement dans cette ligne-là! Au final, c’est un super choix que j’ai fait, car c’est grâce à lui que je suis à ce niveau aujourd’hui. Mais attention, je suis toujours autant Suisse! Et fier d’être Fribourgeois. Pour moi, c’est toujours un plaisir de représenter cette région, c’est là que j’ai grandi. Ma famille habite aujourd’hui en République Dominicaine. Donc on est un peu internationaux et on a des parcours de vie atypiques. C’est comme ça qu’on vit et qu’on continue à réaliser nos rêves. Passer du bon temps, voyager et voilà!» Elle est pas belle, la vie?