SnowboardJan Scherrer: «Avec ma figure à moi, à ma façon»
Le St-Gallois a réussi une figure de son répertoire personnel pour arracher la 3e place du snowboard, dans le half-pipe des Jeux de Pékin.
Quelques minutes avant les skieuses, le St-Gallois Jan Scherrer avait ramené la 5e médaille de la délégation helvétique. Le Suisse a pris le temps d’évoquer son run gagnant, ses nombreuses inspirations dans son sport et son envie de rentrer pour s’asseoir dans son canapé avec sa magnifique breloque faite en bronze.
Comment vous sentez-vous?
Ah c’est bien. Les entraînements s’étaient bien passés et je savais que ça pouvait être LE jour. Le plan était d’y aller de mon alley-oop double rodeo 1080, mais j’ai pensé que je n’aurais pas assez d’espace, le premier coup. Alors j’ai fait un 540. Le deuxième run s’est passé parfaitement, avec le même bon départ. J’y suis allé pour le 1080 et je l’ai passé pour la première fois en compétition. C’est la meilleure façon dont je pouvais rêver d’accrocher une médaille: avec ma figure à moi, à ma façon. Ça a marché et ça me paraît un peu surréaliste pour le moment.
Racontez-nous un peu vos JO…
Trois semaines avant les Jeux, il y avait tellement de cas de Covid en Suisse que je ne pensais jamais pouvoir venir jusqu’ici… Franchement, j’ai été vraiment soulagé quand j’ai mis les pieds dans l’avion. Je suis arrivé trois jours avant les premiers entraînements et j’étais très excité. Et puis j’ai réalisé qu’il n’y avait absolument rien à faire, quand on est au Village olympique! On n’a même pas le droit de se balader en dehors des grilles. Moi, j’avais tellement tout préparé avant pour être à 100% que je ne savais pas quoi faire. J’ai regardé le Big Air et puis ça m’a fait du bien de pouvoir enfin commencer à m’entraîner.
Même vendredi, l’ambiance était spéciale, au Genting Snow Park.
Oui, parce que moi j’avais pris l’habitude qu’il se passe beaucoup plus de choses, aux Jeux olympiques. C’étaient mes troisièmes (ndlr: 18e à Sotchi et 9e à Pyeongchang) et c’était différent. En haut du pipe, c’était juste le silence, dans l’aire d’arrivée il y avait à peine de la musique. Mais moi ça m’a aidé en fait et j’ai trouvé ça vachement plus facile. Parce que, ainsi, j’étais beaucoup moins nerveux.
Un mot sur Shaun White, juste derrière vous au classement, pour son dernier concours?
Tous ceux qui ont pris part à cette finale olympique ont grandi en le voyant comme une immense idole. Quand j’avais quinze ans, il était juste plus fort que tout le reste du plateau. Je trouve qu’il a été le snowboarder le plus dominant que notre sport ait connu. Ç’a été un plaisir énorme que de pouvoir l’accompagner une dernière fois sur le pipe aujourd’hui.
En Suisse aussi, vous avez eu de belles inspirations…
Oui, parce que Gian Simmen (ndlr: champion olympique en 1988) a été ma première idole. Je ne me rappelle pas trop l’avoir vu à Nagano, j’étais trop jeune. Mais je me souviens de Salt Lake City en 2002 et j’avais trouvé que le snowboard était la plus belle chose du monde. C’est ça qui m’a donné l’envie d’aller dans les halfpipes. Ensuite, il y a eu Iouri Podladtchikov (ndlr: champion olympique en 2014). Lui, il avait choisi d’y aller à sa manière, avec son style à lui. J’y ai réfléchi et je me suis dit que je devais faire comme lui. Tailler mon propre chemin. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui, sur mon dernier saut et c’est grâce à ça que je ramène une médaille.
Et maintenant?
Maintenant, je vais rentrer. Je me réjouis de voler en direction de la Suisse, voir ma femme, voir ma famille et m’asseoir chez moi avec la médaille autour du cou et regarder le Big Air.