ÉconomieNouvelle affaire d’espionnage au Credit Suisse
La banque envisageait de mettre sous surveillance l’ex-mari de la compagne de Tidjane Thiam. Des voix s’élèvent pour demander une réglementation plus sévère des grandes banques.
L’affaire d’espionnage du Credit Suisse (CS) est encore plus bizarre qu’on ne le pensait. On savait déjà que la banque dirigée par Tidjane Thiam avait fait suivre le banquier vedette Iqbal Khan et l’ex-chef du personnel Peter Goerke. La «SonntagsZeitung» a maintenant appris de plusieurs sources que la banque souhaitait également que l’ex-mari de la partenaire de Tidjane Thiam soit surveillé. On soupçonne désormais l’ancien patron d’avoir mêlé sa vie privée aux activités de la banque. Ni Tidjane Thiam, ni Credit Suisse n’ont souhaité faire de commentaires à ce sujet.
La multiplication des scandales suscite de vives critiques à l’encontre de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma). Gerhard Pfister, le président du Centre, demande que la Finma soit dotée de plus de compétences: «La Finma est probablement trop molle, et des instruments plus pratiques sont nécessaires, cela pourrait inclure la capacité d’infliger des amendes.» Le président des Verts Balthasar Glättli abonde également dans ce sens.
Jusqu’à présent, les grandes banques ont pu compter sur un soutien politique si elles résistaient à une réglementation stricte, une clause qui doit être modifiée, selon Gerhard Pfister: «Si vous voulez jouer dans la classe mondiale comme Credit Suisse, vous avez également besoin d’un régulateur de classe mondiale».
«Graves violations»
Dans les conclusions de son enquête, la Finma «constate de graves violations du droit de la surveillance».
«Les directives de la banque n’interdisaient pas de suivre des personnes, mais elles ne fixaient pas non plus de règles spécifiques pour ce genre d’activité», déplore-t-elle.
Dans la plupart des cas, les décisions de filatures étaient prises «de manière informelle et sans justification valable», indique la Finma, selon qui les filatures étaient connues et décidées «à divers degrés et par des équipes différentes, allant jusqu’à des membres de la direction».
La Finma a formulé «un blâme» contre deux personnes, ouvert une «procédure d’enforcement» à l’encontre de trois autres personnes et a demandé à Credit Suisse de prendre des mesures afin notamment que les éventuelles filatures soient «approuvées par le plus haut niveau de direction» pour en attribuer la responsabilité de manière claire et documentée.