«Peter K. – Seul contre l’Etat»: le forcené a apprécié le film sur sa cavale

Publié

Bienne«Peter K. – Seul contre l’État»: le forcené a apprécié le film sur sa cavale

Le Biennois a pu visionner la fiction depuis sa prison de Thoune. Pour les remercier, il a écrit au réalisateur et à l’acteur qui l’incarne à l’écran.

Vincent Donzé
par
Vincent Donzé

Une écriture soignée, sans rature, presque scolaire, au stylo: détenu depuis douze ans, le forcené biennois Peter K. a visionné le film «Peter K. – Seul contre l’État» du réalisateur Laurent Wyss. Pas au cinéma, pour des raisons de sécurité, mais sur un écran d’ordinateur, seul dans un local de la prison de Thoune.

Âgé de 79 ans, Peter K. a écrit en allemand au cinéaste Laurent Wyss et à l’acteur Manfred Liechti, lequel joue son rôle: «Sehr geeherter Herr Liechti». Et alors? «Il a aimé le film», résume le réalisateur. C’est une surprise pour lui: «Je m’attendais à une réaction mitigée». Pourquoi? «Mon film n’est pas complaisant: on est resté objectif et plusieurs scènes sont critiques envers lui», indique le réalisateur biennois.

«Il est très gentil quand il visite sa tante, mais il peut aussi se montrer agressif», poursuit Laurent Wyss. Dans son courrier, Peter K. décrit le sentiment flatteur d’être porté sur grand écran, un rôle généralement dévolu à un «gangster américain», écrit-il.

La performance de l’acteur Manfred Liechti est saluée par Peter K.

La performance de l’acteur Manfred Liechti est saluée par Peter K.

DR

Dans sa lettre à l’acteur Manfred Liechti, Peter K. évoque une «agression policière» commise à son domicile du chemin Mon-Désir, le 8 septembre 2010. Il remercie l’acteur de s’être mis à disposition pour un rôle «difficile» et d’avoir compris de quoi il en retournait, au contraire des juristes, des policiers, des politiciens et… des journalistes, alors que Peter Wyss est directeur des programmes de la télévision régionale «TeleBielingue».

«Mon film est une fiction proche de la réalité», rappelle Laurent Wyss. «Peter K. – Seul contre l’État» sortira en salles jeudi prochain, mais pas dans les villes romandes. Une version sous-titrée en français sera diffusée à Bienne, dès le 10 novembre prochain, avant la sortie romande prévue l’an prochain.

Il y a douze ans, Peter K. s’était opposé à la vente aux enchères de la maison de ses parents décédés, alors que sa sœur réclamait sa part d’héritage. Avant sa cavale de neuf jours, il aurait blessé un policier d’un coup de fusil, même si lui attribue le tir à un policier bernois.

Les théories de Peter K. étaient conspirationnistes, mais le réalisateur Laurent Wyss voit aussi en lui «une célébrité rebelle». Pendant sa cavale, des t-shirts ont été imprimés à son effigie, tandis que la police répandait des flyers avec une fausse photo, celle du père de Peter K.

Tenu pour irresponsable en raison de ses délires, Peter K. a été condamné en 2013 à des mesures thérapeutiques stationnaires. «Le forcené s’est enfermé dans son monde, on voit aussi dans son courrier qu’une fois son avis donné sur le film, il part dans ses délires…», conclut le cinéaste Laurent Wyss. Tout Bienne attend son film.

Ton opinion