YémenRisque de guerre urbaine à Marib, selon l’émissaire de l’ONU
Alors que la guerre dure depuis sept ans et aurait déjà causé la mort de 370’000 personnes, les combats se sont intensifiés ces derniers temps, notamment dans la région de Marib au nord du pays.
L’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a mis en garde mardi contre le risque d’une guerre urbaine à Marib, soulignant que le conflit dans ce pays entre les rebelles Houthis et les loyalistes soutenus par l’Arabie saoudite s’était «considérablement intensifié». Il s’est dit, lors d’une réunion mensuelle du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée au Yémen, «préoccupé par la possibilité d’une guerre urbaine» à Marib, «qui aurait des conséquences terribles pour les civils».
Les combats se sont «intensifiés» dans tout le pays et notamment à Marib, où les Houthis renouvellent «leurs efforts pour s’emparer de la ville et des champs pétrolifères du gouvernorat» et où la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite augmente «ses frappes aériennes en soutien au gouvernement du Yémen», a précisé Hans Grundberg. Adjoint du secrétaire général de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Ramesh Rajasingham a confirmé au Conseil de sécurité la dégradation de la situation dans le nord du pays. «A Marib, les forces Houthis poursuivent leur offensive qui a provoqué le déplacement de plus de 45’000 personnes depuis septembre. Des bombardements à l’aveugle des Houthis sont signalés avec une régularité alarmante à Marib, notamment des missiles qui ont touché un camp de personnes déplacées le 9 décembre, blessant cinq civils», a-t-il précisé.
Sept ans de guerre
Hans Grundberg a ajouté voir «un nombre croissant de prisonniers faits par les belligérants» dans le pays. «Il y a un risque que cela ouvre un nouveau chapitre de la guerre au Yémen encore plus fragmentée et sanglante», a-t-il averti, avant de plaider pour une «désescalade et (des) mesures immédiates pour protéger les civils». Il a également indiqué envisager, sans autre détails, de lancer «un processus politique inclusif géré par les Yéménites et soutenu par la communauté internationale». «L’escalade militaire ne doit pas pouvoir arrêter ce processus» et «les belligérants peuvent et doivent se parler même s’ils ne sont pas prêts à déposer les armes», a-t-il estimé.
Selon l’ONU, la guerre qui dure depuis sept ans aura causé la mort de 377’000 personnes, victimes directes et indirectes, d’ici à la fin 2021. Le conflit, qui a également déplacé des millions de personnes, a conduit plus de 80% de la population d’environ 30 millions d’habitants à dépendre de l’aide internationale dans ce pays qui connaît, selon l’ONU, l’une des pires crises humanitaires au monde. «Nous appelons les donateurs à accroître leur soutien au Yémen et, surtout, à veiller à ce que leur soutien ne diminue pas l’année prochaine», a indiqué au Conseil de sécurité Ramesh Rajasingham. Il a estimé qu’en 2022, comme cette année, près de quatre milliards de dollars seront à nouveau nécessaires pour aider au moins 16 millions de personnes au Yémen.