KosovoL’OTAN va envoyer des forces supplémentaires après des heurts
Au Kosovo, après les affrontements qui ont fait 30 blessés au sein de la KFOR et une cinquantaine chez les Serbes, la situation reste électrique. L’alliance s’efforce de «maintenir la sécurité».
L’OTAN a annoncé, mardi, l’envoi de nouvelles forces au Kosovo, où des manifestants serbes sont toujours rassemblés devant une municipalité du nord du territoire, théâtre, la veille, de heurts ayant fait une trentaine de blessés parmi des soldats internationaux et une cinquantaine parmi les protestataires.
«Le déploiement de forces supplémentaires de l’OTAN au Kosovo est une mesure de prudence pour s’assurer que la KFOR (la force emmenée par l’Alliance dans l’ex-province serbe) dispose des capacités dont elle a besoin pour maintenir la sécurité», a déclaré l’amiral Stuart B. Munsch.
À Zvecan, des soldats de la KFOR en tenue antiémeutes ont placé une barrière métallique autour de la mairie, pour empêcher plusieurs centaines de Serbes d’y accéder. Trois véhicules blindés de la police kosovare, dont la présence suscite toujours l’ire des Serbes, majoritaires dans quatre localités du nord du Kosovo, étaient garés tout près.
Les Serbes ont boycotté les municipales d’avril dans ces villes, ce qui a abouti à l’élection de maires albanais, avec une participation de moins de 3,5 pour cent. Ces édiles ont été intronisés, la semaine dernière, par le gouvernement d’Albin Kurti, le Premier ministre de ce territoire en très large majorité peuplé d’Albanais, faisant fi des appels à l’apaisement lancés par l’Union européenne et les États-Unis.
Maires «illégitimes»
La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n’a jamais reconnu l’indépendance, proclamée en 2008, par son ex-province, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais. Des tensions éclatent régulièrement entre Belgrade et Pristina. Près de 120’000 Serbes vivent au Kosovo, sur 1,8 million d’habitants. Environ un tiers d’entre eux habitent dans le nord.
Les manifestants réclament le départ des maires albanais, jugés «illégitimes», tout comme celui de la police kosovare. La situation avait déjà dégénéré vendredi, lorsque les maires étaient venus prendre leurs fonctions, accompagnés par les forces de l’ordre kosovares.
Trois blessés par arme à feu
Lundi, dans un nouvel accès de fièvre, des manifestants serbes ont tenté de forcer la porte d’entrée de la mairie de Zvecan, mais ont été repoussés par les forces kosovares. La KFOR a ensuite tenté de séparer les deux parties, avant de commencer à disperser les manifestants les plus violents. Les protestataires avaient répliqué en lançant des pierres, des bouteilles et des cocktails Molotov en direction des soldats.
Dix-neuf soldats hongrois et 11 italiens ont été blessés dans ces heurts, a annoncé, mardi, la KFOR, précisant qu’ils souffraient notamment de «fractures et des brûlures causées par des engins explosifs incendiaires improvisés». Et «trois soldats hongrois ont été blessés par des armes à feu». Au moins 52 personnes ont été blessées dans les rangs des manifestants serbes, dont trois grièvement, a dit le président serbe, Aleksandar Vucic. Cinq manifestants serbes soupçonnés d’avoir participé aux affrontements ont été arrêtés, selon la police kosovare.
Serbes «poussés au désespoir»
Face à cette énième crise entre les deux anciens ennemis, l’Union européenne a appelé Serbes comme Kosovars à «désamorcer les tensions immédiatement et sans condition». De son côté, le président serbe, Aleksandar Vucic, a rencontré, mardi, à Belgrade, les ambassadeurs de la Quinte, cinq puissances membres de l’OTAN qui observent de près les Balkans occidentaux, mais annoncé qu’il allait aussi s’entretenir avec les représentants de la Russie et de la Chine.
En attendant, Moscou a demandé à l’Occident à «enfin mettre fin à sa propagande mensongère et à arrêter de rejeter la responsabilité des incidents au Kosovo sur les Serbes, poussés au désespoir». «Les décisions unilatérales de Pristina débouchent sur des violences contre la communauté serbe, ce qui nous éloigne d’une paix durable et de la stabilité dans la région», a renchéri Aleksandar Vucic.