Conseil fédéral: Albert Rösti, le couronnement d’une longue carrière

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Conseil fédéralAlbert Rösti, le couronnement d’une longue carrière

L’UDC bernois, âgé de 55 ans, a été élu pour remplacer Ueli Maurer au Conseil fédéral. Portrait d’un homme aimable qui sous ses dehors conciliants a toujours été fidèle à son parti.

Christine Talos
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Christine Talos
Albert Rösti s’est payé un petit bain de foule sur la place Fédérale mercredi.

Albert Rösti s’est payé un petit bain de foule sur la place Fédérale mercredi.

AFP

Comme prévu, Albert Rösti a été choisi par l’Assemblée fédérale pour succéder au Zurichois Ueli Maurer au Conseil fédéral. Comme beaucoup le prévoyaient, le duel entre le conseiller national bernois et le Zurichois Hans-Ueli Vogt s’est conclu en un seul tour. Albert Rösti, archifavori, a obtenu 131 voix sur 243 bulletins valables contre 98 à son rival.

«C’est un routinier du Parlement. Il était plus populaire, sa convivialité et sa connaissance des dossiers ont fait la différence», estime Jean-Pierre Grin (UDC/VD). «Il est plus chaleureux et le soutien de l’aile blochérienne à Vogt tend à démontrer qu’il était le plus à même de ne pas n’être qu’un pion de l’UDC», souligne Baptiste Hurni (PS/NE). «On l’a vu, il est capable d’entendre et de construire des consensus. J’espère que c’est ainsi qu’il gouvernera, en écoutant les autres, et qu’il ne mènera plus le travail qu’il menait en tant que président de l’UDC». 

Le Parlement a donc préféré le Bernois, âgé de 55 ans, réputé aimable et conciliant, parfois un peu «mou» aussi par ses détracteurs, mais qui s’inscrit la plupart du temps dans la droite dure de son parti. Comme le relèvent des observateurs, s’il est «modéré dans le ton, il reste dur sur le fond».

Son élection à Berne est le couronnement d’une longue carrière politique. Albert Rösti adhère à l’UDC à l’âge de 18 ans déjà. Il est d’abord membre du Conseil communal d’Uetendorf, près de Thoune, avant d’en être le maire depuis 2014. Une petite commune où il est en outre à la tête d’un bureau de conseils, notamment dans les domaines de l’énergie et de l’environnement.

Un score canon au National en 2019

Député durant 16 ans au Grand Conseil bernois, il échoue à se faire élire au Conseil d’État en 2010 mais rebondit un an plus tard au National, où il est réélu en 2015 et 2019, obtenant pour l’occasion le meilleur score du pays. Au Parlement, il se fait vite un nom et siège dans deux commissions dont celle, très importante, de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie, ainsi que la Commission de la science, de l’éducation et de la culture qu’il préside.

Mais c’est en 2015 qu’Albert Rösti se fait connaître du grand public. Directeur de campagne de l’UDC lors des élections fédérales, il réussit à conduire son parti à la victoire. Il prend alors la présidence de l’UDC en avril 2016, après Toni Brunner. Mais il essuie une défaite cinglante aux fédérales de 2019 où l’UDC perd 3,8% des voix. Suite aux critiques, notamment celles d’un certain Christoph Blocher, il démissionne en 2020.

Le Jura bernois retrouve son siège

Un admirateur d’Adolf Ogi

Avec le Bernois, c’est une nouvelle fois un peu de la commune de Kandersteg qui s’invite au Conseil fédéral, après les années Adolf Ogi. Albert Rösti a passé toute son enfance dans une ferme de la commune si chère au cœur de l’ex-ministre UDC. D’ailleurs, le nouvel élu admire son illustre prédécesseur et confie volontiers que l’homme l’a inspiré. En outre, les deux politiciens se connaissent bien. «Quand il a une question, je suis là pour y répondre», a confié Adolf Ogi dans la presse.

Si c’est son frère Hans qui a repris la ferme familiale, Albert Rösti a choisi lui de se lancer dans des études d’ingénieur agronome à l’EPFZ où il obtient un doctorat en 1997. Il est aussi titulaire d’un MBA axé sur la finance. À noter encore qu’Albert Rösti est marié à Theres, son amour de jeunesse, avec qui il a eu deux enfants âgés aujourd’hui de 26 et 22 ans.

Le clan Rösti

Le clan Rösti

ChTalos

Un lobbyiste de la route et des énergies fossiles

Avec Albert Rösti, c’est un champion du lobbyisme qui accède au pouvoir. Le Bernois annonce 16 liens d’intérêt, dont 13 rémunérés, un record au Parlement. Il roule en particulier pour les milieux routiers. Depuis 2022, il est notamment président d’Auto-Suisse, le lobby des importateurs de voitures, et siège au comité directeur de l’association faîtière des usagers de la route, RouteSuisse. Il milite aussi pour les énergies, qu’elles soient fossile, hydraulique ou nucléaire. Après avoir été président de SwissOil, le lobby du mazout et des combustibles fossiles, de 2015 à 2022, il préside l’Association qui regroupe tous les producteurs d’énergie hydraulique ou encore un lobby pro nucléaire.

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