SuissePar manque de pesticides, les paysans craignent pour leurs récoltes
En moins de vingt ans, plus d’un quart des produits phytosanitaires ont été retirés du marché sans être remplacés. L’Union suisse des paysans juge les nouvelles mesures «disproportionnées».
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Image d’illustration.
AFPSi les citoyens suisses avaient refusé, en juin 2021, de bannir les pesticides, la réduction de l’utilisation de ces produits à cause de leur impact sur l’environnement et la santé est bien en marche dans le pays. En 2005, on comptait 435 substances actives autorisées en Suisse, contre 327 l’année dernière, soit un quart de moins, selon les chiffres de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) publiés jeudi dans le «Tages-Anzeiger».
Le monde agricole s’inquiète de cette évolution, car des options aux produits retirés du marché sont rarement proposées. David Brugger, de l’Union suisse des paysans (USP), parle «d’une sévérité disproportionnée» à propos des dernières mesures approuvées par le Conseil fédéral juste avant Noël (lire encadré). Des contrôles plus stricts qui entreront en vigueur dès février devraient encore diminuer les possibilités de protéger les cultures, craint l’USP.
La lenteur administrative pour obtenir une autorisation d’utiliser de nouvelles substances est aussi critiquée par les paysans et les fabricants de produits phytosanitaires. Environ 700 demandes sont actuellement pendantes, lit-on dans le «Tages-Anzeiger». David Brugger estime que cette situation va entraîner de mauvaises récoltes et une plus grande dépendance envers les importations. Le responsable reproche à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) de placer la protection des eaux avant celle des cultures.
L’OFEV tempère en affirmant que seules certaines substances supplémentaires pourraient être frappées d’une interdiction à l’avenir. L’administration explique aussi que le Conseil fédéral dispose d’une marge de manœuvre et peut suspendre temporairement une restriction en cas de besoin. L’OFEV rappelle aussi que les contrôles plus sévères portent leurs fruits: le risque de contaminations de l’eau a été réduit de moitié en 2021 par rapport au début des années 2010. L’USP rétorque que ce constat prouve que les mesures prises jusqu’à présent sont suffisantes.
Nouvelles restrictions dès février
Le Conseil fédéral a adopté le 16 décembre la révision de l’ordonnance sur la protection des eaux. Elle entrera en vigueur le 1er février et vise à mieux protéger l’eau potable et les eaux superficielles contre les pesticides. Des critères plus stricts ont été décidés pour déclencher l’examen de l’autorisation d’un pesticide qui pourra être adaptée pour faire respecter les valeurs limites.