Football: L’ultime contre-la-montre de Raphaël Nuzzolo

Beaucoup de choses ont dû se mélanger dans la tête de Raphaël Nuzzolo à quelques grosses secondes de la mi-temps vendredi. D’abord, il était juste question d’un contact avec un Lausannois (?) ou d’un faux mouvement en atterrissant d’un saut (?). Puis la douleur est arrivée au cerveau. Celle de son ischio meurtri dans un premier temps, celle du vertige qui s’offrait à lui ensuite. «Nuzz» venait-il de toucher le dernier ballon de sa carrière, là, juste devant les deux bancs de la Tuilière, même pas dans une surface de réparation?

Son visage s’est durci, sa rage s’est exprimée en shootant dans un ballon alors que le jeu était arrêté. Alessandro Dudic manquait-il de psychologie en tendant un carton jaune à celui qui comprenait au même moment qu’il venait potentiellement de vivre son 601e et dernier match de Ligue nationale? Peut-être, mais il n’y a pas là le début d’une affaire. «En fait, c’est mon quatrième de la saison (ndlr: synonyme de suspension d’un match). Je n’y ai pas pensé tout de suite, puis ça m’est revenu. Et comme je risque d’être absent quelque temps…», glissait l’homme aux 137 buts sous le maillot de Neuchâtel Xamax.

La frustration, Raphaël Nuzzolo l’a rapidement chassée, pour mieux pouvoir plancher sur un plan. Son dernier plan. Les éléments à faire cohabiter pour parvenir à ses fins, il les connaît. D’un côté, l’aspect pratique. Il faut guérir. Un minimum au moins. «Je n’ai pas encore précisément de nom à mettre sur cette blessure. Une sorte de déchirure sans doute», soufflait-il après la défaite des siens vendredi. De l’autre côté, l’aspect temporel. Les Neuchâtelois disposent encore de trois matches pour beurre avant un éventuel barrage aller-retour pour sauver leur place en Challenge League. Ce sera pour le 31 mai et le 3 juin. Les deux dates clés se trouvent ici.

Ce sont celles que s’est fixées le numéro 14. Comme tous ses partenaires depuis plusieurs semaines d’ailleurs, au regard de la saison tourmentée qu’ils vivent. À bientôt 40 ans, le voilà lancé dans un ultime contre-la-montre. «Derrière, il n’y aura plus rien, ce sera fini pour moi. Alors s’il faut prendre un risque, quitte à ce que ça lâche, je le prendrai.» Avant d’ajouter plus légèrement: «J’ai de grosses cuisses. Je crois que c’est un avantage dans cette situation.»

Dans son esprit, le travail de visualisation peut commencer. Si Xamax s’en sort le 3 juin, il n’y aura ni trophée, ni grandes félicitations. Mais le soulagement pour son éternel buteur de tirer sa révérence sur une note positive. En ayant mené à bien sa dernière mission.