Défense: La stratégie en suspens de Wagner, bras armé de Moscou à l’étranger

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DéfenseLa stratégie en suspens de Wagner, bras armé de Moscou à l’étranger

Le groupe paramilitaire n’est pas actif qu’en Ukraine et en Russie. Il est également présent en Syrie et dans plusieurs pays d’Afrique. Ce lundi, le Kremlin a dit que son travail allait «bien sûr continuer».

Lundi, Moscou a expliqué que la rébellion du groupe Wagner en Russie n’affecterait pas la relation entre le Kremlin et ses alliés.

Lundi, Moscou a expliqué que la rébellion du groupe Wagner en Russie n’affecterait pas la relation entre le Kremlin et ses alliés.

AFP

Depuis des années, le groupe paramilitaire Wagner est considéré comme le bras armé de Moscou à l’étranger, notamment en Syrie et dans plusieurs pays africains. Un statut dont l’avenir pourrait être remis en question après la mutinerie avortée menée en Russie par son chef.

Au terme d’un spectaculaire coup de force, qui l’a amené à moins de 400 kilomètres de Moscou avant de renoncer, Evgueni Prigojine doit en principe s’exiler en Biélorussie et redessiner de nouvelles relations avec le président Vladimir Poutine.

Quid de ses opérations dans les théâtres extérieurs, où la milice privée excelle dans l’exploitation des richesses locales, la protection des gouvernements, la guerre informationnelle et les opérations militaires brutales? «Les plus grands effets de cet événement pourraient se faire sentir au Moyen-Orient et en Afrique», estime sur Twitter Rob Lee, du Foreign Policy research Institute, soulignant qu’un «compromis à court terme» est différent d’une «solution à long terme».

Sergueï Lavrov tente de dissiper les doutes

Lundi, Moscou a tenté de dissiper les doutes en assurant que Wagner allait continuer d’opérer au Mali et en Centrafrique, et que la rébellion de cette organisation en Russie n’affecterait pas la relation entre le Kremlin et ses alliés.

Les membres de Wagner travaillent au Mali et en République centrafricaine «comme instructeurs. Ce travail va bien sûr continuer», tout comme la mission de ces mercenaires, qui est d'«assurer la sécurité de leurs dirigeants», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans un entretien à la chaîne RT.

Une chose est claire: Prigojine et Poutine ont dû évoquer le sujet avant de conclure un accord. Car à l’étranger, Wagner dépend lourdement du ministère russe de la Défense, qui lui livre troupes, matériel et armes sur ses théâtres d’activité. Et Moscou a besoin de Wagner pour garder une emprise dans ces zones troublées, où elle s’applique à dénigrer l’influence occidentale.

Or et minerais

En outre, le groupe fournit d’importants revenus en ramenant «or et minerais du Soudan, de Centrafrique et du Mali, dont Poutine a besoin pour tenir son économie sous perfusion», fait valoir une source militaire européenne.

En Afrique, les mercenaires du groupe ont été identifiés notamment en Libye, au Soudan, au Mozambique. Et sont en première ligne au Mali, quoique la junte s’en défende et évoque des «instructeurs russes», ainsi qu’en République centrafricaine, où un cadre de Wagner gère la sécurité du président Faustin-Archange Touadera.

Un acteur dominant

«Visiblement, en Centrafrique et au Mali, il y a une forme de flottement et d’attentisme par rapport à ce qui se passe», constate Maxime Audinet, de l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire, à Paris, relevant que des sites liés à la galaxie Prigojine avaient été bloqués, mais uniquement en Russie. «La délégation de pans entiers du pouvoir à Wagner, pour agir là où l’État russe ne souhaitait pas s’impliquer, a donné à cet acteur des marges de manœuvre beaucoup plus importantes.»

«J’imagine que dans les discussions, la question de l’avenir de toutes ses activités extérieures a été mise sur la table», souligne-t-il. «Le réseau Prigojine est devenu l’acteur dominant de la présence russe en Afrique subsaharienne.»

Poutine «ne peut pas envoyer des soldats russes en Afrique»

Toutefois, il faudra du temps pour que le brouillard se dissipe complètement. «Wagner avait une certaine liberté dans ses projets en Afrique. Sans coopération avec le Ministère de la défense, je ne vois pas comment le groupe pourrait continuer à y travailler», relève Pauline Bax, directrice adjointe du programme Afrique à l’International Crisis Group. Mais Poutine «ne peut pas envoyer des soldats russes à la place de Wagner. Je n’imagine pas son retrait immédiat du continent».

(AFP)

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