Football: Le feuilleton de la Super League: entraîneur, un job annexe

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FootballLe feuilleton de la Super League: entraîneur, un job annexe

Dans le championnat de Suisse, les entraîneurs qui se distinguent en ce moment, pour des raisons variables, ne le sont pas en théorie. Pour Heiko Vogel, à Bâle, c’est une réussite. Pour Christian Constantin, à Sion, cela l’est un peu moins.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk
L’équipe-type de la 23e journée de Super League.

L’équipe-type de la 23e journée de Super League.

Ces temps-ci, la Super League est un championnat où entraîneur est un job qui s’ajoute à un autre. Si le président de Sion Christian Constantin s’apprête à laisser sa place (à David Bettoni, l’ancien adjoint de Zinedine Zidane au Real Madrid?) après s’être posté devant un banc durant une semaine sans gloire, Heiko Vogel poursuit sa route en tant que directeur sportif entraîneur.

Ce sont les deux exemples les plus évidents pour l’instant, même si Gaël Clichy se plaît à cumuler des fonctions de joueur et d’analyste vidéo occasionnel à Servette, notamment. Pas sûr, pour autant, que le modèle essaime au sein des autres clubs.


L’homme du week-end: Heiko Vogel

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On pourra toujours s’amuser à ergoter sur la responsabilité d’Alex Frei dans les mauvais résultats du FC Bâle jusqu’à son éviction début février. Le contexte dans lequel se trouve le club rhénan, où le mercato est l’unique véritable décideur des choix sportifs que doit suivre l’entraîneur, l’en exonère en grande partie. Et rien ne permet véritablement de s’enlever de l’idée que l’ancien attaquant aurait pu obtenir les mêmes résultats qu’obtient actuellement Heiko Vogel, depuis que le fraîchement nommé directeur sportif (en décembre) s’est arrogé ad interim le banc bâlois il y a un mois.

Reste que l’Allemand de 47 ans a des résultats qui parlent pour lui. Sur les sept matches qu’il a eu à disputer jusque-là, Vogel n’a perdu qu’une fois, lors du match aller de Conference League à Trabzonspor (1-0, avant de renverser la balance lors du retour à domicile). Pour le reste, ce sont deux victoires en Super League (pour deux nuls), et une qualification pour les demi-finales de la Coupe de Suisse à Saint-Gall la semaine dernière.

Ce week-end, Vogel a même été le seul entraîneur de Super League à pouvoir se targuer de l’avoir emporté: un succès 1-0 à Lucerne, alors que l’ensemble des quatre autres matches de la 23e journée se sont terminés sur le score de 1-1. Et pour tout dire, difficile de ne pas considérer qu’il y a une patte Vogel qui se dégage des bonnes performances rhénanes.

Il a notamment redonné un élan à Andi Zeqiri, qui a retrouvé une place de titulaire, aux dépens de Bradley Fink. Il a aussi pensé un système différent, avec une défense à trois utilisée lors des derniers matches et qui offre des solutions différentes à la construction, tout en tentant de préserver une certaine stabilité défensive.

Cela ne protège pas de tout, mais il y a au moins d’autres perspectives qui se dégagent de ce FC Bâle. Lequel sera en lice ces deux prochaines semaines contre le Slovan Bratislava pour une qualification en quarts de finale de la Conference League. Une façon de prolonger son intérim: tant que les résultats vont, Heiko Vogel ne bougera pas.


Le but: Giovanni Sio, pour faire oublier Balotelli

Plus qu’un but, c’est un symbole. Il faut reconnaître la force de décision de Christian Constantin, qui s’est – enfin – permis de sortir Mario Balotelli après une nouvelle mi-temps indigente (plus dans l’attitude que dans la production offensive à proprement parler). En introduisant Giovanni Sio, Sion a au moins eu un joueur un petit peu plus mobile pour créer un semblant de désordre dans la défense luganaise.

A bientôt 34 ans, Sio n’a sans doute plus le jus pour répéter les efforts sur un match entier, mais son entrée a permis à Sion d’avoir un peu plus de solutions pour créer du danger. Et d’égaliser, sur un coup de pied arrêté. De quoi sonner enfin le glas de Balotelli sous les couleurs valaisannes?


Sous la loupe: l’ajustement de Zeidler

17e minute de jeu entre Saint-Gall et Grasshopper: Julian von Moos transmet un morceau de papier à un coéquipier. Saint-Gall change d’organisation à ce moment précis.

17e minute de jeu entre Saint-Gall et Grasshopper: Julian von Moos transmet un morceau de papier à un coéquipier. Saint-Gall change d’organisation à ce moment précis.

On peut faire dire beaucoup de choses à un choix tactique. L’écart entre l’effet escompté et celui qui en découle véritablement est parfois très éloigné. Alors il est difficile de savoir pourquoi Peter Zeidler a changé son système de jeu après 17 minutes dimanche, alors que Saint-Gall était mené 1-0 par Grasshopper. Le reste est que son choix de laisser tomber le 4-3-3 de départ pour un 4-4-2 en losange plus habituel a notamment mené à l’égalisation des Brodeurs.

Plus précisément, le système de départ à trois attaquants (Dajaku-Latte Lath-Von Moos) n’était pas nouveau pour Saint-Gall. Mais face au 3-4-1-2 des Sauterelles, l’utilisation des ailiers et leur déportation sur les côtés ont rendu plus compliquée l’orientation très axiale vers laquelle cherche toujours à pencher la formation de Zeidler. Ainsi, une fois arrivés sur l’aile, les Saint-Gallois étaient facilement bloqués par la défense zurichoise, qui empêchait ses adversaires de revenir à l’intérieur.

Le changement de système, avec le déplacement de Grégory Karlen en numéro 10 et le déplacement de Von Moos en relayeur droit, a ainsi eu pour conséquence première d’ajouter un élément de plus à l’intérieur du jeu. Donc un problème supplémentaire pour les défenseurs et les milieux de GC: les deux attaquants axiaux devaient être surveillés de près par au moins deux centraux, Karlen devant être pris par un milieu (Abrashi ou Kawabe). Et puis, les appels des relayeurs vers les côtés pouvaient difficilement être suivis sans découvrir l’axe.

Autrement dit, le chemin vers le but s’était ouvert. Avec des lignes de passes qui se dégagent et, surtout, des Saint-Gallois pris uniquement par un adversaire, et non plus deux. À la clé: plusieurs occasions consécutives, et le but de l’égalisation par Karlen à la demi-heure.


La chronique: Pascal Loretz, série en cours

Pascal Loretz, battu par Fabian Frei sur penalty.

Pascal Loretz, battu par Fabian Frei sur penalty.

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Malchance? Insolente réussite? Talent exceptionnel? Pas simple de caractériser les débuts de Pascal Loretz dans les buts du FC Lucerne. Reste que la série du portier de 19 ans, laquelle a été évoquée la semaine dernière, se maintient: il n’a toujours pas encaissé le moindre but dans le jeu depuis qu’il a remplacé Marius Müller début février.

Pourtant, il a dû capituler à cinq reprises, en cinq matches. Autrement dit, il n’a été battu que sur penalty. Et samedi, cela a coûté la défaite contre Bâle (1-0), avec un penalty de Fabian Frei. Au tour de Servette de tenter sa chance, dimanche prochain à la Praille.

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