AfriquePremier cas confirmé de virus Ebola en Côte d’Ivoire
C’est la première fois en 30 ans qu’un cas d’Ebola est signalé en Côte d’Ivoire. Il s’agit d’une jeune fille âgée de 18 ans de nationalité guinéenne.
Un cas d’Ebola a été détecté dans la capitale économique ivoirienne Abidjan, le premier depuis 1994, près de deux mois après l’annonce de la fin de l’épidémie de 2021 en Guinée voisine, ce qui est «extrêmement préoccupant», selon l’OMS.
Les autorités sanitaires ivoiriennes «ont été informées ce jour (samedi) par l’Institut Pasteur d’un cas positif de maladie à virus Ebola après examen d’un échantillon prélevé» vendredi «sur une jeune fille âgée de 18 ans de nationalité guinéenne», a déclaré à la télévision nationale RTI le ministre, Pierre Demba. Il a précisé que cette jeune femme avait quitté la ville de Labé en Guinée par la route et était «arrivée en Côte d’Ivoire le 11 août».
«Il s’agit d’un cas isolé et importé», a-t-il assuré, ajoutant que la patiente était «actuellement en isolement et prise en charge au centre de traitement des maladies hautement épidémiques du CHU de Treichville», à Abidjan.
Selon le ministre, la Côte d’Ivoire dispose de vaccins contre Ebola et «procédera à la vaccination des groupes cibles, personnel de santé de première ligne, contacts immédiats de la patiente, forces de sécurité à nos frontières». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a précisé dans un communiqué que «5000 doses de vaccin anti-Ebola» obtenues «pour combattre l’épidémie en Guinée» devaient être acheminées en Côte d’Ivoire.
Riposte
Aucun élément n’indique que le cas détecté en Côte d’Ivoire est lié à la récente flambée épidémique qui a touché la Guinée. Une enquête plus approfondie et un séquençage génomique permettront d’identifier la souche du virus et de déterminer s’il existe un lien entre les deux flambées. Une réunion interministérielle d’urgence s’est tenue samedi en fin d’après-midi à Abidjan sous la présidence du Premier ministre ivoirien Patrick Achi.
Parmi les mesures prises figurent la réactivation du système de surveillance et de riposte au virus Ebola mis en place pendant la dernière épidémie en Guinée, l’organisation «du suivi de tous les contacts identifiés, la poursuite du strict respect des mesures barrières édictées contre le ciovid-19 qui restent valables pour la maladie à virus Ebola» et une «collaboration transfrontalière intense avec la Guinée».
«Le gouvernement rassure les populations et les invite à la sérénité», a déclaré Pierre Demba. «Toutes les dispositions sont prises pour faire face à cette situation, Le dispositif sanitaire pour le contrôle de la maladie existe et a été éprouvé avec succès par le passé».
Bien que la Côte d’Ivoire ait des frontières communes avec la Guinée et le Liberia, qui ont été durement frappés par Ebola entre 2014 et 2016, ce «pays n’a enregistré aucun cas confirmé de la maladie à virus Ebola depuis 1994, l’année où un scientifique avait été infecté durant une épidémie chez les chimpanzés», selon l’OMS.
«Taux de létalité de 25 à 90%»
«Il est extrêmement préoccupant que cette épidémie ait été déclarée à Abidjan, une métropole de plus de quatre millions d’habitants», a estimé Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. «Cependant, l’essentiel de l’expertise mondiale en matière de lutte contre la maladie à virus Ebola se trouve ici, sur le continent, et la Côte d’Ivoire peut tirer parti de cette expérience pour accélérer la riposte», a-t-elle ajouté.
La Guinée et l’OMS ont officiellement annoncé le 19 juin la fin de la deuxième épidémie d’Ebola dans ce pays, quelques mois après la réapparition de cette maladie rapidement vaincue grâce à l’expérience accumulée en 2013-2016 où elle avait fait des milliers de morts.
Entre fin 2013 et 2016, la pire épidémie au monde depuis l’identification du virus en 1976 avait tué plus de 11’300 personnes, principalement en Guinée (2500 morts), au Liberia et en Sierra Leone, trois des pays les plus pauvres au monde. Un bilan sous-évalué de l’aveu même de l’OMS. En 2021, un total de 16 cas confirmés et sept cas probables ont été recensés lors de cette dernière épidémie en Guinée. Onze patients ont survécu et 12 sont décédés, selon l’OMS.
Après la déclaration de fin d’épidémie d’Ebola, la Guinée devait entrer dans une période de surveillance épidémiologique renforcée de trois mois. «Aucun élément n’indique que le cas détecté en Côte d’Ivoire est lié à la récente flambée épidémique qui a touché la Guinée», estime l’OMS. «Une enquête plus approfondie et un séquençage génomique permettront d’identifier la souche du virus et de déterminer s’il existe un lien».
Ebola est une maladie à virus souvent mortelle, qui touche les êtres humains et d’autres primates. «Les taux de létalité ont varié de 25 à 90% lors des épidémies précédentes» selon l’OMS qui précise que «néanmoins, il existe désormais un traitement efficace, et si les patients sont pris en charge à un stade précoce de la maladie, avec en parallèle des soins de soutien, leurs chances de survie s’améliorent considérablement».