FootballSur ce coup-là, le diamant Amdouni a donné raison à Cissé
Grâce à son joyau, auteur d’un doublé contre Lugano (4-1), Lausanne peut toujours espérer se sauver. En offrant à son jeune attaquant l’occasion de briller en Super League, le très contesté directeur sportif de la Tuilière avait vu juste.
- par
- Nicolas Jacquier
Quand deux concurrents se disputent une seule place - celle de barragiste en l’occurrence - dans un éprouvant mano a mano à distance, il faut que celui qui est devant craque, à tout le moins commence à s’essouffler, pour que celui qui le suit possède une chance de le rattraper. Voilà toute la complexité de la situation dans laquelle Lucerne (pour ce qui est du lièvre) et Lausanne (pour ce qui est du poursuivant) sont confrontés.
Lucerne, champion des renversements
Contre Lugano, atomisé 4-1 par le dernier de classe sans qu’il n’y ait rien à redire, la lanterne rouge a confirmé son spectaculaire redressement actuel, bien aidé en cela par un adversaire des plus complaisants. L’ennui, c’est que Lucerne, peu de temps avant le coup d’envoi de la Tuilière, n’a pas fait moins bien contre Saint-Gall, réussissant le tour de force d’arracher la victoire dans les arrêts de jeu d’un match où les protégés de Mario Frick avaient été menés deux fois au score. Ce qui en dit long sur l’état d’esprit du FC Lucerne, sans doute jamais aussi fort que lorsque le tableau d’affichage lui est défavorable.
À cinq reprises déjà en 2022, l’équipe de Suisse centrale a su trouver les forces pour remonter un score déficitaire, ce qui fait de Lucerne le champion de Suisse des redressements et autres renversements de tendance. Cela admis, Lausanne a aussi dû puiser dans ses ressources pour parvenir à faire fi du contexte particulier dans lequel il se retrouvait et oublier au coup d’envoi le coup d’assommoir que ses joueurs avaient encaissé pendant leur échauffement sous la forme des deux tardives réussites lucernoises (85e et 91e), sans lesquelles leur situation serait mathématiquement infiniment plus confortable, avec des perspectives de retour nettement moins aléatoires…
Nettement mieux qu’YB
Alors que 18 points demeurent en jeu et que le dénouement de la saison approche, on ignore bien sûr si le LS réussira à coiffer son adversaire le plus proche sur le fil. Ce que l’on sait déjà en cas de culbute en Challenge League, c’est que les Vaudois n’auront pas été relégués en raison de leur quatrième tour. C’est bien avant, dans les semaines ayant suivi le parachutage d’Alain Casanova à la Tuilière cet hiver, dans un championnat dont il ignorait tout, que Lausanne a égaré les précieux points qui risquent de lui manquer lors du décompte final. Signe de sa réelle embellie, le LS vient d’engranger huit points lors de ses cinq dernières sorties alors que Young Boys, champion de Suisse en perdition, n’en a totalisé que… trois durant la même période!
Si Lausanne affiche une meilleure tenue sur le terrain alors même qu’il est paradoxalement toujours privé de plusieurs joueurs importants, rien n’a fondamentalement changé dans les gradins. Aux yeux des ultras, Souleymane Cissé y est toujours persona non grata, ce qui se traduit par la désormais classique banderole déployée dans les gradins invitant le directeur sportif à vider son bureau en des termes plus expéditifs.
Sans refaire l’histoire, il est toujours reproché au successeur de Pablo Iglesias sa gestion du mercato et, hormis l’arrivée de Trebel, l’absence de véritables renforts à un moment-clé de la saison. À l’époque, le dirigeant avait estimé dans les colonnes de 24 Heures que le club possédait déjà «assez de diamants».
Si ses propos ont pu faire sourire - mais surtout passablement agacer des supporters écœurés au vu des résultats enregistrés avant la pause -, Cissé avait raison sur un point: la mine de la Tuilière regorge d’un sacré joyau en la personne de Zeki Amdouni. L’homme sur lequel s’est focalisée la colère des fans s’est peut-être souvent trompé, mais sur ce coup-là, il avait vu tout juste.
Trois pays se l’arrachent
À 21 ans, Amdouni, qui a déjà empilé 12 buts en Super League pour ce qui reste sa première saison dans l’élite, se paie toutes les audaces. Contre Lugano, l’attaquant a éclaboussé le match de son peu banal talent et l’on comprend aisément que la Turquie et la Tunisie souhaitent chacun l’attirer dans leurs filets. L’international suisse M21 cèdera-t-il aux sirènes des représentants de la sélection du Bosphore venus le superviser à Pâques? Le ballon est dans le camp de Murat Yakin et des dirigeants helvétiques, lesquels seraient bien inspirés de ne pas laisser filer sous d’autres cieux un tel potentiel.
Avec son diamant, Lausanne, lui, peut toujours croire au maintien, même si ses chances, reconnaissons-le, s’amenuisent au fil des journées. Afin d’aborder sa «finale» du 1er mai à Lucerne dans les meilleures dispositions, il lui faudra au préalable l’emporter dimanche prochain au Letzigrund contre GC. Tout en espérant que son adversaire direct cale à Bâle au même moment.
Cela fait beaucoup, sans doute même toujours plus. Il n’empêche qu’en retrouvant très opportunément une crédibilité, les révoltés de la Tuilière ont déjà prolongé le suspense. Tout juste peut-on craindre que leur réaction n’intervienne trop tard, ce qui ne pourrait qu’amplifier les regrets.
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