Formule 1Dietrich Mateschitz ne verra pas ce titre mondial
Décédé hier à l’âge de 78 ans, le propriétaire de Red Bull a énormément apporté au sport automobile.
- par
- Luc Domenjoz Austin
Sur la piste, les deux Ferrari ont relégué Max Verstappen à la troisième place. Sauf que Charles Leclerc doit subir une nouvelle pénalité pour changement de moteur.
Encore et encore
Le règlement de Formule1 est impitoyable: chaque pilote, cette saison, a droit à trois moteurs différents. Donc à en changer deux fois au cours de la saison.
En gros, chaque changement supplémentaire d’une partie du moteur entraîne une pénalité sur la grille de départ, dix places la première fois, cinq places les fois suivantes, avec cinq autres places de recul ajoutées si l’écurie change d’autres parties du propulseur.
Samedi matin, la Scuderia Ferrari a annoncé qu’elle a dû changer le moteur et le turbo sur la voiture de Charles Leclerc. Le Monégasque partira ainsi avec son sixième moteur de la saison, et son sixième turbo - le double du nombre autorisé.
Le règlement 2022 peut sembler trop sévère, puisque tous les pilotes ont dû encaisser des pénalités. Mais chez Ferrari, on est loin du but de trois moteurs par saison, puisque Charles Leclerc a dû encaisser des pénalités sur trois Grands Prix. Si la Scuderia entend viser le titre en 2023, elle va devoir travailler sur la délicate question de la fiabilité de ses V6 turbo.
La pole, une aventure
Carlos Sainz partira en pole-position à Austin. Sa troisième pole de la saison est aussi la première signée sur le sec, à la régulière.Sa première pole, à Silverstone, avait été réussie sur le mouillé. Sa deuxième, à Spa, avait été récupérée après le déclassement d’autres pilotes qualifiés devant lui, dont Max Verstappen.
Mais ce week-end, il a signé le meilleur chrono, devant Charles Leclerc, pour 65 millièmes de secondes. «C’était très amusant, mais pas facile avec le fort vent qu’il faisait ici, racontait l’Espagnol. Chaque virage était une sorte d’aventure avec ces monoplaces. Mais j’ai réussi à assembler un tour sans faire d’erreur. C’est le moment, après toutes ces qualifications où il me manquait un souffle pour être devant. »
Daniel Ricciardo nie tout contrat
Plus la saison avance, plus Daniel Ricciardo s’enfonce dans les résultats. A Austin, il a été éliminé au cours de la première phase des qualifications. Il partira donc de la 16e place de la grille de départ, alors que son équipier Lando Norris partira de la troisième ligne…
Ces contre-performances - que l’Australien n’explique pas vraiment - ne parlent pas en sa faveur. L’écurie McLaren a cassé son contrat pour ne pas le garder en 2023 - il sera dédommagé à hauteur de 20 millions de dollars tout de même -, tant elle pensait qu’un autre Australien, Oscar Piastri, lui rapporterait davantage en bons résultats que ces fameux 20 millions.
Ce week-end, la rumeur voulait que Daniel Ricciardo ait signé un contrat de troisième pilote chez Mercedes pour 2023. Puis chez Red Bull. Puis… plus rien. « Je n’ai rien signé du tout, chez personne », démentait-il samedi soir.Sur la grille de départ 2023, il ne reste plus qu’un seul baquet disponible, celui de la Haas de Mick Schumacher, non encore confirmé. Mais ce volant ne semble guère intéresser Daniel Ricciardo: «Avec ce qui reste libre, je crois que j’ai intérêt à m’en tenir à mon idée d’année sabbatique. Je vais rester dans le paddock l’an prochain, mais je ne sais pas encore où ni dans quel rôle…»
Présent à Austin, Romain Grosjean a émis l’idée, via son compte Twitter, d’un passage en Indycar, comme le Genevois l’a fait l’an dernier.
Daniel Ricciardo apprécie la culture américaine - il est arrivé dans le paddock à cheval, jeudi, avec une veste aux couleurs du drapeau texan. Mais la perspective de piloter ici ne l’enchante guère. « Il y a dix ans, j’aurais peut-être dit oui. Mais j’admets volontiers que j’ai peur des courses sur ovale, elles m’effraient. Je n’en ai aucune envie. Et mes ambitions en Formule 1 ne sont pas encore assouvies, je ne veux pas en dévier. C’est la F1 qui me motive… »Après avoir remporté huit Grands Prix, l’Australien semble vouloir se contenter d’une rôle de pilote de réserve. Ce qui a causé la moquerie de Sebastian Vettel, son ancien équipier. «Un pilote de réserve, ça fait quoi? Rien du tout, ça passe ses journées à attendre. Ça n’est pas pour moi en tout cas.»
Dietrich Mateschitz, une vie pour le sport automobile
«Il est la raison pour laquelle nous sommes ici. Il a donné leur chance à tant de personnes, les a encouragées, leur a dit que rien n’est impossible et qu’il faut toujours suivre ses rêves…», a lâché Christian Horner, le patron de Red Bull, en apprenant le décès de Dietrich Mateschitz, le co-propriétaire de Red Bull.
«Sans lui, je ne serais pas ici en ce moment, et je n’aurais pas eu toutes ces victoires», ajoutait Max Verstappen samedi après-midi. «C’est une journée très difficile. En course, ce week-end, on va tous essayer de le rendre fier de nous. On va courir pour lui.»
Dietrich Mateschitz nourrissait une passion sans limite pour la Formule 1. Il a fondé la société Red Bull en 1984, en partenariat avec le Thaïlandais Chaleo Yoovidhya, qui avait inventé la boisson énergétique Krating Daeng, devenue Red Bull.Dietrich Mateschitz a toujours voulu posséder une écurie de F1. Il s’y est lancé en 1995, comme simple sponsor de l’écurie Sauber. Il a ensuite acheté des parts de l’équipe suisse, jusqu’à en compter un peu plus de la moitié à, mais Peter Sauber ayant refusé de tout lui vendre, il a finalement laissé l’équipe de Hinwil pour acheter Jaguar, fin 2004.Cette année-là, il a également acheté le circuit A1-Ring, en Autriche, qui était à l’abandon.
En 2005, il a renommé son écurie «Red Bull», avant d’acheter, un an plus tard, l’écurie Minardi pour en faire «Toro Rosso» (aujourd’hui «Alpha Tauri», du nom d’une marque de vêtement du groupe). L’idée de Toro Rosso était d’y former les jeunes pilotes avant de les transférer sur l’équipe Red Bull - ce qui a parfaitement fonctionné avec Sebastian Vettel et Max Verstappen.
Le circuit autrichien est aussi devenu le «Red Bull Ring» et figure au calendrier depuis 2014.La perte de Dietrich Mateschitz est immense pour la Formule 1. L’Autrichien lui a donné des écuries, des pilotes, des champions du monde, un circuit, une passion sans fin, soutenant ses troupes à travers les succès et les échecs.
Il ne verra malheureusement pas son écurie remporter, sans doute, le titre des constructeurs, aujourd’hui à Austin, pour la première fois depuis 2013, après huit ans de domination de Mercedes. Ce retour aux victoires est son succès. Dans les paddock, personne n’oubliera son sourire, sa discrétion, sa bonne humeur.