TaïwanAccusée de soudoyer ses électeurs avec des tests Covid chinois
La candidate à la mairie de Taïpei espérait recevoir des voix en échange de kits de dépistage fabriqués par Pékin. Elle a été inculpée selon la «loi anti-infiltration».
Une candidate taïwanaise à la mairie de Taïpei a été inculpée pour avoir soudoyé des électeurs appelés aux urnes, en leur offrant des tests anti-Covid de fabrication chinoise, a annoncé le parquet mardi. Chiu Jui-lien et son mari sont les premiers à être poursuivis en vertu de la «loi anti-infiltration» adoptée peu avant l’élection présidentielle de 2020 et destinée à bloquer l’influence chinoise à Taïwan.
Cette loi, portée par le parti de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, interdit aux forces étrangères «hostiles» de faire campagne, effectuer des donations à caractère politique, faire pression ou diffuser de fausses informations en rapport avec des élections.
6000 tests importés
Mme Chiu, candidate à la mairie de Taïpei lors des élections locales du 26 novembre, et son époux ont été inculpés lundi pour avoir distribué des tests de détection du Covid fabriqués en Chine dans le but de solliciter des suffrages, a rapporté le bureau des procureurs de Shihlin dans un communiqué. Ces tests gratuits avaient été fournis par la Zone expérimentale de l’île de Pingtan, lancée en 2019 dans la région chinoise de Fujian, proche des côtes taïwanaises, avec l’objectif de stimuler son propre développement mais aussi ses liens avec Taïwan.
Le couple avait importé 6000 de ces tests, en contournant l’approbation requise par Taïpei pour toute importation supérieure à 100 kits, selon les procureurs. La candidate les avait offerts aux habitants en échange de leurs votes lors du scrutin du 26 novembre, qu’elle a finalement perdu.
Le couple était «financé par une source d’infiltration» pour commettre un acte de corruption et a violé les règlements sur l’importation et la fourniture d’articles médicaux, ont ajouté les procureurs. L’acte d’accusation vise à «s’assurer que les élections ne seront ni infiltrées ni parasitées par des forces étrangères hostiles afin de maintenir un climat électoral juste», ajoute le communiqué.
Le parti de la présidente a perdu
À l’issue du scrutin du 26 novembre, la présidente taïwanaise a annoncé qu’elle abandonnait ses fonctions à la tête du parti au pouvoir, le PDP, qui a perdu quatre des six principales villes de l’île de 23 millions d’habitants, dont la capitale Taïpei.
Le Kuomintang, principal parti d’opposition, plus favorable à un rapprochement avec la Chine, a pour sa part remporté ou conservé 13 villes ou provinces, contre cinq pour le PDP. Tsai Ing-wen restera toutefois présidente de l’île, fonction qu’elle occupe depuis 2016, jusqu’à la fin de son second et dernier mandat de quatre ans, en mai 2024.