Etats-Unis: L’arrêt de la Cour suprême sur les armes révolte des Etats démocrates

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États-UnisL’arrêt de la Cour suprême sur les armes révolte des États démocrates

Plusieurs États démocrates ont fustigé la décision prise jeudi par la Cour suprême, qui consacre le droit de porter des armes hors de chez soi.

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, à Beverly Hills, le 4 mai 2022.

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, à Beverly Hills, le 4 mai 2022.

Getty Images via AFP

«Un jour sombre pour l’Amérique»: de Los Angeles à New York, des États fédérés démocrates, classés à gauche, sont vent debout contre la décision, jeudi, de la Cour suprême à majorité conservatrice, qui consacre le droit de porter des armes hors de chez soi.

Gavin Newsom, gouverneur de Californie, l’État le plus peuplé des États-Unis, a fustigé sur Twitter une décision «honteuse» et «dangereuse»: un arrêt de la plus haute juridiction américaine qui risque d’«encourager un programme idéologique radical» tout en restreignant «les droits des États à protéger leurs citoyens (du risque) d’être abattus dans la rue, à l’école, à l’Église».

Et l’élu démocrate entend durcir la législation californienne contre les armes à feu. Il a ainsi annoncé dans un communiqué qu’il signerait «la semaine prochaine 16 nouvelles lois sur la sécurité, dont l’une permettra aux concitoyens de porter plainte contre des fabricants et vendeurs d’armes à feu».

«Absolument scandaleuse»

Son homologue à la tête de l’État de New York (le quatrième plus peuplé avec 20 millions d’habitants), Kathy Hochul, a été la première jeudi matin à s’insurger contre une décision de la Cour suprême «absolument scandaleuse». Elle aussi a déploré un «jour sombre» pour les tenants d’une législation plus stricte sur la possession et le port d’armes.

La Cour suprême à Washington, dont la majorité des juges sont conservateurs, a invalidé les «restrictions» au port d’armes prévues par une loi de l’État de New York, alors même que l’Amérique est confrontée à une flambée de la criminalité dans les grandes villes et à une effrayante série de tueries à nombreuses victimes, dont deux en mai, à Buffalo (10 morts afro-américains) et dans une école au Texas (21 tués, dont 19 enfants).

Cette loi new-yorkaise limite depuis 1913 la délivrance de permis de port d’armes dissimulées aux personnes ayant des raisons de croire qu’elles pourront avoir à se défendre, par exemple en raison de leur métier ou de menaces les visant.

Chat et souris

Outre la Californie et New York, dirigés par des démocrates, les États dits «liberal» (qu’on peut traduire par plutôt «classés à gauche» et «progressistes», ndlr) du Maryland, du Massachusetts, du New Jersey, d’Hawaï et du district de Columbia, c’est-à-dire la capitale Washington, exigent un tel permis de port d’armes.

En Californie, la délivrance de ce sésame dépend des shérifs et policiers locaux, en fonction des comtés et de leurs couleurs politiques. Concrètement, il est plus facile d’obtenir un permis dans un comté rural républicain qu’à San Francisco, une des villes les plus «progressistes» des États-Unis.

La décision choc de la Cour suprême ne vient pas immédiatement casser les législations locales restrictives au port d’armes, mais elle va certainement provoquer de multiples recours en justice. «Il va y avoir un jeu du chat et de la souris qui sera intéressant à observer» entre «progressistes» et conservateurs, prédit ainsi Jeffrey Fagan, professeur de droit à l’Université Columbia, à New York.

«Dégâts» de la Cour suprême»

Keechant Sewell, la cheffe de la puissante police de New York (NYPD), chargée de mettre en œuvre le programme du maire à poigne Eric Adams de lutte contre les armes à feu, a déjà prévenu que quiconque «portera illégalement une arme à New York sera interpellé». Et le procureur de Manhattan Alvin Bragg a déjà promis «une nouvelle législation sur les armes à feu avec des mesures les plus strictes possibles qui atténuent les dégâts faits aujourd’hui».

Près de Washington, l’État du Maryland a aussi averti par la voix de son procureur général que ses lois très restrictives contre les armes à feu «avaient fait la démonstration d’une réduction de la violence». Brian Froch a ainsi promis de «continuer de se battre pour protéger la sécurité des habitants du Maryland».

De même dans le Massachusetts: la procureure générale Maura Healey a souligné que cet État de la Nouvelle-Angleterre «avait l’un des taux de morts par arme à feu les plus faibles du pays car on sait que des lois strictes sauvent des vies».

Près de 400 millions d’armes étaient en circulation dans la population civile aux États-Unis en 2017, soit 120 armes pour 100 personnes, selon le projet Small Arms Survey, et plus de 45’000 personnes ont été tuées en 2020 par armes à feu, dont la moitié environ se sont suicidées selon Gun Violence Archive.

(AFP)

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