Hervé Krebs, entraîneur national du BMX - «Zoé Claessens a une revanche à prendre aux Championnats du monde»

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Hervé Krebs, entraîneur national du BMX«Zoé Claessens a une revanche à prendre aux Championnats du monde»

Éliminée en demi-finale des Jeux olympiques, la Vaudoise Zoé Claessens (20 ans) est à Papendal (Pays-Bas), où se dérouleront dimanche les Championnats du monde de BMX Race. «Elle doit effacer la contre-performance de Tokyo», dit Hervé Krebs, l’entraîneur national.

Jean Ammann
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Hervé Krebs (ici avec Éloïse Donzallaz): ses athlètes doivent faire oublier les contre-performances de Tokyo.

Hervé Krebs (ici avec Éloïse Donzallaz): ses athlètes doivent faire oublier les contre-performances de Tokyo.

Nico van Dartel

Quelle est la forme de Zoé Claessens à la veille de ces Championnats du monde? A-t-elle bien récupéré de Tokyo?

Oui, elle a bien récupéré. Il a fallu un solide débriefing pour digérer la contre-performance de Tokyo. Nous sommes ici à Papendal pour une nouvelle compétition, c’est un Championnat du monde. Elle repart d’attaque, elle est fraîche mentalement. Je pense qu’elle a envie de prendre sa revanche, elle se trouve dans un format de course – sur un jour, contre deux aux Jeux olympiques – qu’elle connaît, elle s’est libérée de la pression olympique. Elle est déjà venue aux Championnats du monde, elle y a déjà obtenu des résultats… J’espère que cela va mieux se passer.

Vous avez employé le mot de contre-performance pour Zoé Claessens à Tokyo…

Si l’on regarde froidement les choses, il s’agit bien d’une contre-performance. Comme elle avait fait un podium en Coupe du monde deux mois auparavant à Vérone, comme elle avait gagné à Zolder le titre européen chez les femmes un mois avant les Jeux, elle avait largement sa place en finale, même si dans une course de BMX tout peut arriver. C’est une contre-performance, mais pas vraiment par sa faute: elle chute dans la première manche de la demi-finale, sans qu’elle n’ait grand-chose à se reprocher… Cela dit, si l’on s’arrête au résultat, c’est décevant: nous espérions plus pour Zoé Claessens qu’une septième place en demi-finale à Tokyo.

En regardant la course olympique, on comprend aussi que le BMX se joue sur des détails: deux guidons qui se touchent, une pédale qui heurte la butte…

Exactement! Zoé Claessens fait une très bonne troisième manche à Tokyo, en demi-finale, lorsqu’elle a pris la troisième place, mais avec la chute de la première manche, elle avait perdu toute chance de se qualifier. Elle a touché le guidon de l’Américaine Alise Willoughby, ce n’est la faute ni de l’une ni de l’autre. En BMX, cela se joue à très peu de chose et ce n’est pas toujours le meilleur ou la meilleure qui gagne. Je dis souvent qu’en BMX la chance ne suffit pas, il faut surtout ne pas avoir de malchance.

La piste de Papendal convient-elle bien à Zoé Claessens?

Oui, c’est une piste très rapide, légèrement en descente, c’est l’une des plus longues du circuit, avec pas mal de place pour dépasser ou – malheureusement - être dépassé aussi. Les Néerlandaises sont à domicile, elles connaissent très bien la piste, ce qui peut aussi être un désavantage, car elles n’auront pas droit à l’erreur. Zoé connaît aussi cette piste pour être venue s’entraîner quelquefois à Papendal. C’est une piste qui devrait lui convenir, parce qu’elle est capable de tourner les jambes très très vite et sur ce parcours, il y a de l’espace pour pédaler.

Zoé Claessens a avoué qu’elle n’aimait pas la musculation. C’est toujours vrai?

Elle a progressé, mais c’est toujours un domaine qu’elle n’aime pas trop (rires). Mais c’est comme ça: dans tous les sports, il y a une partie du travail que les athlètes affectionnent un peu moins. Mais Zoé est grande, élancée, elle mesure 1,78 m et elle n’a pas besoin de beaucoup travailler la force, contrairement à des filles plus petites, plus trapues, qui ont besoin de jouer sur leur puissance musculaire. Mais c’est vrai que Zoé doit encore gagner en force pour aller plus vite. Cela va se construire avec les années. Elle est encore très jeune, elle n’a que 20 ans.

Et chez les hommes, quelles seront les ambitions pour ces Championnats du monde qui seront la dernière course de David Graf (31 ans)?

David Graf sera au départ pour la dernière fois, oui. Il a réussi de très bonnes performances dernièrement, tout comme Simon Marquart. Les deux ont gagné une Coupe du monde au mois de mai: ils ont donc le potentiel pour faire un résultat aux Championnats du monde. La question, c’est de savoir comment David Graf réagira à l’émotion de sa dernière course: il peut se libérer ou au contraire, il peut coincer un peu mentalement parce qu’il voudra absolument finir sur un bon résultat. Mais je suis confiant, David Graf est déjà passé par tous les scénarios possibles au cours de sa longue carrière, mais lui aussi, comme Zoé Claessens, a une revanche à prendre après Tokyo.

«Je dis souvent qu’en BMX, la chance ne suffit pas, il faut surtout ne pas avoir de malchance»

Hervé Krebs, entraîneur national du BMX
Zoé Claessens (à gauche) mène dans la demi-finale des Jeux olympiques de Tokyo: «Je perds la course sur deux coups de pédale», regrette-t-elle.

Zoé Claessens (à gauche) mène dans la demi-finale des Jeux olympiques de Tokyo: «Je perds la course sur deux coups de pédale», regrette-t-elle.

AFP

Zoé Claessens: «Je ne sens pas trop la pression»

Leçon de rattrapage pour Zoé Claessens: trois semaines après son élimination en demi-finale des Jeux olympiques, la jeune Vaudoise de Villars-sous-Yens (20 ans) a l’occasion de prendre sa revanche aux Championnats du monde qui se courront dimanche à Papendal (Pays-Bas). «C’est une piste que je connais bien et qui me convient, explique-t-elle, j’y ai déjà fait deux stages d’entraînement avec le Centre mondial du cyclisme.»

Elle devra lutter contre les sœurs Smulders, Merel et Laura, qui courront à domicile, et contre l’Américaine Alise Willoughby, championne du monde en titre, qui tomba avec elle en demi-finale olympique. «Pour moi, les Jeux de Tokyo ne sont pas négatifs, assure-t-elle: j’avais réussi une bonne qualification le premier jour; en demi-finale, je tombe dans la première manche et dans la deuxième, je fais un très bon départ, mais je donne deux coups de pédale de trop dans la butte! Je suis freinée… Je perds la course sur deux coups de pédale. Je ne peux pas m’en vouloir.»

Elle dit avoir bien récupéré de Tokyo, aussi bien mentalement que physiquement: «Et ici, aux Championnats du monde, je ne sens pas trop la pression de l’événement.»

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