FranceLes syndicats dans la rue pour défendre les salaires et le droit de grève
La réquisition des personnels ordonnée par la Première ministre Elisabeth Borne a mis le feu aux poudres dans une situation déjà très tendue.
Quarante-huit heures après la «Marche contre la vie chère» des partis de gauche, la Confédération générale du travail (CGT), en pointe dans le conflit social des raffineries, et Force ouvrière (FO) notamment, appellent les salariés de tous les secteurs à faire grève et manifester mardi pour les salaires et les libertés syndicales. La CGT recensait ce week-end «140 points de rassemblement dans toute la France, ce qui est déjà bien» compte tenu du court délai laissé aux militants pour s’organiser, a relevé auprès de l’AFP la secrétaire confédérale Céline Verzeletti.
Des syndicats et des organisations de jeunesse ont annoncé jeudi l’organisation de cette journée de mobilisation interprofessionnelle, dans le prolongement des actions des salariés de l’industrie pétrolière, et en réaction à la décision du gouvernement de recourir à l’arme des réquisitions pour faciliter la distribution de carburant. Une démarche qui a «mis le feu aux poudres», a résumé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. Et que le gouvernement n’a pas l’intention d’abandonner: s’il y avait «des situations très tendues demain, nous procèderions aussi à des réquisitions», a prévenu dimanche soir la Première ministre Elisabeth Borne sur TF1.
Force ouvrière, qui n’avait pas participé à la précédente journée de mobilisation interprofessionnelle à l’appel de la CGT, le 29 septembre, pour les salaires et les retraites, a cette fois franchi le pas. «A partir du moment où le gouvernement a réquisitionné des personnels, nous avons décidé de rejoindre la mobilisation chez TotalEnergies. L’atteinte au droit de grève est inacceptable pour FO», a expliqué au JDD son secrétaire général, Frédéric Souillot.
Autres motifs de mécontentement pour des millions de salariés: l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat, le durcissement à venir des règles d’indemnisation des chômeurs, la réforme des retraites attendue pour la fin de l’année.
Vers la grève reconductible ?
Responsables syndicaux et gouvernement seront particulièrement attentifs mardi au nombre de grévistes, notamment dans les secteurs stratégiques – transports, énergie... - et aux éventuels appels à la grève reconductible qu’ils pourraient décider. «On fera des assemblées générales le mardi 18 octobre un peu partout en France et on posera la question de la grève reconductible», a affirmé dimanche à l’AFP Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail. Les cheminots peuvent escompter que l’approche des vacances scolaires de la Toussaint incite la direction de la SNCF à négocier. Si la journée du 29 septembre avait vu environ «un million de salariés» cesser le travail, Céline Verzeletti espère cette fois-ci «deux ou trois fois plus». «Cela va monter crescendo», veut-elle croire. Dans la fonction publique, le préavis de grève couvre la période du 18 au 31 octobre, ce qui est, selon elle, inhabituel.
«Marche contre la vie chère»
La «Marche contre la vie chère» conduite par Jean-Luc Mélenchon dimanche à Paris est de bon augure pour la suite, pense-t-elle. La manifestation a réuni 140’000 participants selon les organisateurs, 30’000 selon une source policière et 29’500 selon un comptage du cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l’AFP. L’ancien candidat à la présidentielle s’est félicité de «l’immense succès» de cette initiative et de l’émergence d’un «nouveau Front populaire». «Vous allez vivre une semaine comme on n’en voit pas souvent, c’est la grande conjonction», s’est-il réjoui.
Un enthousiasme qui n’était pas partagé par Philippe Martinez vendredi. «Les syndicats doivent être soutenus et on ne doit pas faire les choses en parallèle», avait-il rectifié. Céline Verzeletti, qui a elle-même participé à la Marche, compte sur la force du nombre pour amener les appareils à s’entendre. «Il peut y avoir des divergences, des questions d’ego, des volontés d’instrumentalisation», mais «quand on est très nombreux dans la rue, à un moment donné l’instrumentalisation elle se termine, parce que c’est la base qui prend la main», a-t-elle analysé.